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Steel Empire

Le

par

Il est des genres qui ne seront jamais compatibles avec certains supports. Difficile d’imaginer un bon jeu de course un peu réaliste sur 3DS. Difficile d’imaginer un bon simulateur de vol sur NES. Difficile d’imaginer un bon FPS sur consoles. Difficile, ô combien difficile, d’imaginer un bon jeu inédit sur des consoles non-Nintendo.
Parmi ces combinaisons de genres et de consoles apparemment incompatibles, il y a la 3DS et les shoot ’em ups. Vous le saviez déjà pour Nano Assault EX ? Alors vous allez apprendre pour Steel Empire.

L’empire hostile

Aviez-vous déjà entendu parler de Steel Empire ? Moi non, j’avoue, et pourtant le jeu semble avoir sa petite notoriété (surtout au Japon).
Sorti en premier lieu sur Mega Drive dans toutes les régions, le jeu s’est vu porter sur Game Boy Advance, pour finalement arriver sur l’eShop 3DS, chaque version profitant d’une réalisation clairement mise à jour et de rééquilibrages divers et variés.

L’histoire du jeu tiendrait sur un timbre poste, mais il semblerait que les développeurs en soient suffisamment fiers pour nous la mettre sous le nez en permanence. Sans parler de la « cinématique » (d’époque) au début du jeu, chaque niveau est précédé d’un briefing étendu et pas forcément intéressant justifiant la mission qui va suivre. On pourra approuver la démarche des développeurs qui soignent le background de leur jeu, mais le problème est que celui-ci n’est tout bonnement pas intéressant. Du coup, votre doigt trouvera bien vite le bouton A, qui vous permettra de sauter d’emblée le briefing et de passer au choix du vaisseau, ne vous laissant comme témoin du briefing qu’un court résumé sur l’écran supérieur.


Je dois avouer avoir été un peu surpris quand j’ai trouvé sur Wikipédia une page complète et bien remplie sur le jeu, décrivant son succès commercial et d’estime. Je n’irai pas jusqu’à suggérer que cette page a été rédigée par un stagiaire de Teyon, l’éditeur polonais du jeu, dont la page Wikipédia est par ailleurs extrêmement complète pour un éditeur dont le catalogue est composé à 90% de shovelware, mais bon.
Selon cette page, donc, la particularité de la licence tenait à son design steampunk, plutôt original à l’époque. Le jeu prend place en l’an de grâce 18XX, en plein dans « l’âge d’acier », tandis que l’empire de Motorhead déclare la guerre sur tout ce qui bouge. La république de Silverhead vous envoie gérer les négociations à la mitrailleuse. Comme je l’ai déjà dit, le jeu prend soin à tricoter son background plus en profondeur dans les briefings, mais c’est tout ce qu’il y a à retenir.

Batailles dans l’espace personnel

Une autre petite particularité de Steel Empire repose sur son gameplay. En effet, dans ce jeu en scrolling horizontal (mais pas que horizontal), en plus de pouvoir tirer vers la droite et balancer une bombe pour vider l’écran (en quantités limitées, comme d’habitude), vous avez la possibilité exceptionnelle de pouvoir tirer vers la gauche. Ooooh.
Et si cette option semble anecdotique, elle amène dans le jeu un problème considérable : les ennemis (et notamment les boss) vont vous agresser de l’avant et de l’arrière. Et dans le cas des boss, qui sont toujours de bonne taille (souvent plus grands que l’écran), ça signifie que les déplacements de l’ennemi vous forceront à passer d’un côté à l’autre de l’écran sans arrêt. Ce ne serait pas embêtant si les ennemis ne se mettaient pas dans les coins, ce qui vous oblige à vous mettre dans des espaces réduits pour pouvoir les toucher. Du coup, la plupart du temps, vous n’avez presque pas d’espace pour esquiver. Et c’est lourd.

Le jeu, bien qu’étant un shmup 2D classique, emprunte des aspects au genre danmaku (qui en était à ses balbutiements à l’époque de la sortie de la version MD), avec des projectiles oranges dans tous les sens au plus haut niveau de difficulté et un vaisseau dont la hitbox ne comprend pas l’ensemble du sprite (mais comme ce n’est pas indiqué clairement, il ne faut pas y compter).
Chacun des sept niveaux se déroule de façon assez classique : vous aurez des vagues d’ennemis, un mini-boss, des vagues d’ennemis et puis un boss. Comme précédemment évoqué, le scrolling n’est pas exclusivement horizontal, ce qui permet au jeu de se permettre des originalités de mise en scène, sans incidence sur le gameplay à proprement parler.


Avant chaque mission, vous pourrez choisir entre deux vaisseaux :

  • L’Etopirica (ET-02R), un avion rapide mais fragile
  • Le Zappellon (ZP-02N), un zeppelin plus lent mais plus puissant

Et non, il n’y en a pas à débloquer. Vous choisirez probablement l’un ou l’autre et continuerez à l’utiliser de bout en bout, l’un ou l’autre stage n’étant pas spécialement adapté à un véhicule en particulier.

Le jeu est, pour le moins dire, simple. Tirez sur les ennemis pour les tuer, évitez les projectiles pour survivre. Vous avez une barre de vie donc il faudra plusieurs tirs pour vous mettre à genoux. Les power-ups sont peu nombreux : bonus de score, bonus de santé, 1-up (très rare), et deux autres qui ont un intérêt : celui qui vous permet d’être accompagné par deux petits avions qui vous assisteront en tirant dans la même direction que vous, élargissant votre champ d’action, et le P.
Vous trouverez plusieurs power-ups P à travers chaque niveau (plus ou moins selon le niveau de difficulté). Tous les trois P, votre vaisseau gagne un niveau, ce qui le rend plus puissant (même si ce n’est vraiment pas visible). Vous pouvez aller jusqu’au niveau 20. Le truc, c’est que les P restent même quand vous mourrez, et même quand vous utilisez un continue, ce qui fait que votre vaisseau n’arrêtera pas de gagner en puissance, facilitant la tâche pour les mauvais. Et c’est toute la variété que vous pourrez retrouver dans le gameplay du jeu : des tirs qui deviennent de plus en plus forts, et les deux avions qui vous accompagnent. Du coup, une fois que vous avez vos avions bonus, le jeu devient bien fade.

Le trailer en mode casu où le mec qui joue balance toutes ses bombes pour tuer un boss pourtant facile. Et il me semble que la musique du trailer n’est pas dans le jeu.

Les premières minutes avec Steel Empire sont en fait assez plaisantes, mais le rythme du jeu n’est pas assez bien réglé pour vous empêcher de vous embêter quand vous recommencez le jeu pour la troisième fois, à moins de jouer en Difficult, auquel cas le rythme devient carrément suffisant. De plus, le système de scoring est bête et ne récompense pas les bons joueurs. Pour tout dire, le fait de perdre une vie ne fait pas perdre de points (le fait d’utiliser un continue réinitialise le score cela dit), et le niveau de difficulté n’a pas d’influence directe sur le score. Exemple : sur le premier niveau en Easy, j’ai fait 45 000 points, et en Difficult j’ai fait 56 000 points (parce qu’il y avait plus d’ennemis). Pas de coefficient pour récompenser la bravoure, rien.
Le pire, c’est qu’il n’y a qu’un seul tableau de scores, ce qui fait que le score que j’ai fait en jouant en facile trône toujours en haut du tableau (il y a juste indiqué la difficulté à côté de chaque score). Et comme il n’y a pas de tableaux de scores en ligne, on aura bien peu envie d’y retourner. Qui plus est, la fonction permettant d’enregistrer vos replays est une bonne idée, mais sans possibilité de les uploader ou de les partager d’une façon ou d’une autre, elle ne sert à rien.
La seule chose qui encourage à rejouer sont les 20 succès à débloquer, certains demandant une bonne grosse dose de skill.

Comme il n’y a que cinq screens du jeu en ligne, je vous propose d’admirer une commode de style empire.

Cela dit, c’est probablement un jeu à conseiller aux néophytes du genre. Déjà, parce qu’il est possible de tout customiser dans les options (le nombre de vies, le nombre de continues, etc.), mais aussi parce que le système de niveaux que j’ai précédemment évoqué a été implémenté pour assister les moins bons joueurs (puisque les upgrades restent avec vous même quand vous mourrez). Notez que c’est aussi un jeu adapté pour de courtes sessions, puisque le jeu sauvegarde entre chaque mission, ce qui vous permettra de reprendre votre partie plus tard si vous quittez. Enfin, le fait de jouer nous permet de débloquer des crédits (ou des vies, il me semble). Par exemple, quand j’ai débuté sur le jeu, j’avais le choix entre 1 et 0 crédits dans les options. Après avoir joué un peu, j’avais la possibilité de choisir d’avoir 3 crédits, et puis après m’être ramassé en Difficult malgré mes efforts, j’ai débloqué la possibilité d’avoir 5 crédits. J’espère juste qu’il y a une limite, sinon si vous perdez deux crédits par niveau et que vous finissez le mode Difficult quand même, il y aurait de quoi grincer des dents.

Voilà une personne dont le style empire. Ou a toujours été pire que tout.

Par contre, les modes Hard et Difficult présentent bel et bien un bon challenge qui ne déplaira pas aux fans du genre (augmentant le nombre de projectiles, les dégâts infligés par ceux-ci et diminuant le nombre de power-ups de façon significative). Steel Empire reste un shmup réalisé dans les règles de l’art par un artisan traditionnel nipponais, et reste donc très jouable, sans réels défauts objectifs. Il faut juste penser à commencer directement en mode Hard, si vous faites partie de cette niche.

Vapeur, va pas peur ?

Je vais vous confier quelque chose : je me suis un peu ennuyé sur Steel Empire. À défaut d’avoir un rythme qui vous tienne à bout de souffle en tout temps (sauf en Difficult), le jeu envoie paresseusement vague après vague, saupoudrées de deux ou trois power-ups de temps en temps, sans véritable imagination. Même en variant les décors et en apportant une ou deux idées originales (pas plus), le jeu n’arrive jamais à être frais. Tiens, en parlant de décors, je vais parler de la réalisation du jeu, ça m’évitera de continuer à griller ma conclusion.

Profitant de sa seconde remasterisation sur 3DS, Steel Empire est un plutôt joli jeu, avec son style old-school sans être paresseux. L’ambiance steampunk qui était l’ambition originelle du producteur du jeu est plutôt réussie, mais cela s’accompagne de quelques problèmes. D’abord, les sprites sont assez petits, ce qui rend difficile de véritablement apprécier les graphismes, mais surtout, ils sont répétitifs. Les décors, les ennemis, les boss, tous ont une trop grande tendance à se répéter et à revenir. Il y a aussi une certaine différence entre la taille de la plupart des boss, qui dépassent de l’écran de par leur taille (comme je l’ai dit précédemment, ça les rend souvent chiants à affronter puisqu’ils ne vous laissent que peu de place à l’écran), et le manque d’ambition du jeu, qui par ailleurs répète les boss et nous propose en boss de fin un dirigeable merdique avec trois couches de peinture. Si les développeurs avaient misé sur le style à fond et sorti un jeu steampunk avec plein d’engins bizarroïdes différents, il aurait certainement eu un attrait plus important.

Je tombe à court de calembours, donc voici un screenshot de la version GBA pour comparaison.

Particularité de la 3DS, la 3D auto-stéréoscopique est utilisée dans le jeu. Au départ, ça semble être à bon escient, puisque la 3D permet de distinguer certains éléments par rapport au décor, mais pas toujours. Je pense notamment au niveau des mines, où l’on a des piliers au premier plan qui, en 3D, sont sur le même plan que le personnage et le reste des éléments du jeu. Super perturbant, et vraiment pas malin.
À l’instar des sprites, la musique du jeu est parfois cool, mais souvent répétitive. Il y a de vraiment bons morceaux, et d’autres vous donneront envie de baisser rapidement le son. En fait, même sans la musique, il y a des chances pour que vous ayez vite envie de changer de jeu.

Et un de la version Mega Drive. Estimez-vous heureux que je vous aie pas mis un morceau de la bande-son version MD, réalisée entièrement à l’aisselle.

En bref…

J’aime :

  • Un gameplay simple…
  • Quelques idées…
  • Un joli jeu stylé…
  • Accommodant pour les débutants en Normal
  • Un challenge pour les vrais en Difficult

J’aime pas :

  • … mais sans piquant
  • … noyées dans un manque d’originalité général
  • … gâché par la répétition et le manque d’ambition
  • Peu de place sur l’écran de la 3DS, et les boss n’aident pas
  • Peu de motivation à rejouer (pas de fonctions en ligne)
  • Cher sa race (30$) pour un jeu Mega Drive, même remasterisé

Steel Empire avait le potentiel d’un bon jeu. En tentant d’inclure dans un genre à l’époque bien en place de nouvelles idées et une esthétique originale, il a eu à l’époque un impact suffisant pour justifier deux remakes. Mais force est de constater qu’aujourd’hui, ce n’est qu’un petit shoot ’em up qui se fond dans la masse existante, avec des idées dépassées en plus d’être peu nombreuses, et un gameplay simple sans grand intérêt. Son tableau de score et ses replays hors-ligne n’apportent aucune raison de recommencer, si ce n’est dans le mode le plus dur, et en présence de tous ces défauts, il devient pour moi impossible de recommander ce jeu, surtout au prix scandaleux pour lequel il est vendu (pour un simple jeu eShop). Il est des choses qu’une gloire passée ne saurait pas excuser.

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