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Ninja Gaiden 3 : Razor’s Edge

Le

par

Après deux excellents épisodes sortis sur Xbox, le troisième épisode était attendu au tournant, avec crainte. L’autoproclamé « Legendary creator », Tomonobu Itagaki, père de la licence, est parti de chez Tecmo en claquant la porte, suivi de quelques autres employés de la Team Ninja. Maintenant entre de nouvelles mains, avait-on raison de croire que Ryu Hayabusa serait sacrifié sur l’autel du grand public, surtout après la catastrophe Other M ? D’après les joueurs PS360, il faut croire que c’était le cas : plus de démembrements, QTE à tout va, difficulté revue à la baisse, une seule arme disponible (quelle honte !)… Que de fondements bafoués. Heureusement que nous, joueurs Nintendo, nous disposons d’une version réajustée grâce aux nombreuses critiques que le jeu a essuyé. Voyons voir ce que cela donne !

Histoire

Nous le savons, les japonais ont mal passé le cap des consoles HD. Si le monde entier avait les yeux braqués sur leurs productions, l’attention s’est aujourd’hui tournée vers les Etats-Unis, ajouté au fait que le marché nippon du jeu vidéo a connu un coup dur au même moment.
Aujourd’hui, c’est un peu l’inverse. Les studios japonais qui ne font pas partie du cercle fermé du top Oricon regardent ce qui se fait ailleurs, notamment là où le jeu vidéo se porte très bien. Les américains font des jeux vidéo qui rapportent plusieurs milliards, surtout le fameux Call of Duty qui commence même à envahir l’archipel !

« Hayashi-san, on est foutus, notre jeu n’a pas de plombier qui bute ou collectionne des monstres pour faire du foot, résout des énigmes ou coache des idols dans le but de rembourser les dettes de la maison, qui se fait attaquer par les zombies ! Il sera impossible de rentabiliser Ninja Gaiden 3 ! »

« Tu fais bien de m’en parler, Chen… Vois-tu, par-delà nos terres se trouve un monde beaucoup plus vaste, peuplés de gens non bridés. Le jeu vidéo se porte bien là-bas car ils achètent tous la même chose : des jeux de guerre ! Alors on va faire pareil et on va cartonner, non pas au Japon, mais à l’international ! »

L’idée de Yosuke Hayashi n’était pas si mauvaise, mais il oublia une chose essentiel : il est japonais.

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C’est ainsi que nous retrouvons notre ami Ryu Hayabusa, le ninja dragon, qui arrive dans un conflit international lancé par une bande d’hurluberlus masqués. Ambiance militaire, vous êtes en effet convoqué par le premier ministre japonais qui vous demande de vous rendre à Londres (??) parce qu’un terroriste menace du tuer tout un tas de gens s’il n’obtient pas ce qu’il veut : Ryu Hayabusa !

Ni une ni deux, après quelques soldats et autres chars méca d’assaut détruits, vous rencontrez un membre des Anonymous qui vous jette une malédiction qui vous met à terre.

Quel désastre… Le légendaire ninja en est réduit à obéir, tel un agent secret ou un Rambo, à un politique qui nous amène dans une ville européenne en état de siège. Ce rôle de soldat sera omniprésent durant tout le jeu, où Ryu se fera même engueuler par un haut gradé américain.

Une fois réveillé, Ryu apprend que son bras va lui piquer durant encore quelque temps. Il est dorénavant sous l’emprise d’un mal qui lui fera ressentir tous les coups qu’il inflige à ses ennemis.
Pendant ce temps, les gouvernements du monde entier plient devant l’ennemi (sauf la France !) et Ryu intègre une unité dirigée par le premier ministre japonais, composé d’une femme, sa fille muette de 6 ans (??), un doc un peu barjo et tout ce petit monde fait bien évidemment partie de la même famille, tout comme les méchants.

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C’est consternant.

Tout ce qu’on peut dire, c’est que les gars de la Team Ninja ont bien appris leur leçon d’analyse du cinéma, mais la soupe qu’ils nous ont recraché est une avalanche de clichés tellement pathétique que c’en n’est même pas drôle.
Notre grand ninja est un soldat, qui évolue dans un univers militaire ultra-présent (comme les temps de chargement, qui sont des clichés satellites de la zone), sous fond de géopolitique pour maternelle. En plus de ça, on veut nous faire ressentir le côté humain de Ryu, il ressent désormais le mal qu’il cause et montre régulièrement son visage, raté, aux cours de cinématiques sans intérêts, bafouant ainsi sans aucune honte les bases qu’on connaissait de cette machine sanguinaire et anonyme.
Tuer, c’est pas bien et ce n’est pas sans conséquences ? Voilà le message que veut faire passer la nouvelle Team Ninja, au travers d’un jeu où l’on trucide l’équivalent de la Chine ? Ah, il y a aussi ce fameux passage où l’on se balade dans le village ninja de Ryu, où l’on y découvre qu’il n’est pas simplement une machine à tuer. Il y a des enfants qui jouent, des gens sympathiques qui se soucient de sa santé, bref, c’est un humain parmi les autres, encore une fois. Le jeu vous le répètera constamment.

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Le scénario n’a jamais été le point fort de la licence, enfin si, mais dans son côté nanar qui ne se prend pas au sérieux, avec les enfers qui logeaient au cœur du mont Fuji où vous y affrontiez vos rivaux, revenus d’entre les morts pour se venger.
Ici, tout est trop moderne, trop militaire, trop cinématographique. J’en juge par les nombreuses cutscenes de QTE, où Ryu enchaine les cabrioles devant nos yeux même pas ébahis tellement la mise en scène est molle du genou, en plus du reste.

Graphismes

Voilà un autre cap que les japonais ont du mal à passer : la HD.
Si leurs prouesses techniques étaient nombreuses par le passé, c’est beaucoup moins le cas maintenant, dans la course aux détails multiples. Peaux trop lisses, textures pauvres, je passe les multiples reproches. Dans Ninja Gaiden II, par exemple, je me souviens que le manche de l’épée de Ryu était superbe, mais la blonde avait la peau tellement lisse et blanche qu’on aurait dit une bougie…

Globalement, c’est toujours la même chose dans ce troisième épisode. Le moteur graphique, qui était correct, est resté le même et, forcément, quatre ou cinq ans après, c’est pas terrible.
C’est ainsi que l’on retrouve encore une fois nos visages de poupées, des aplats de gris grossiers sur les structures métalliques et bien d‘autres détails plus ou moins gros qui nous font grincer des dents. Je dirais même que le moteur graphique, bien que vieux, a été encore moins bien exploité qu’en 2008 ! Dans certains niveaux, comme celui où l’on se retrouve au village ninja, tout est tellement laid que c’est à se demander si on est bien sur Wii U et non sur la précédente…

Ce n’est pas laid, mais le coup de vieux est bien là, on se croirait dans les cinématiques en images de synthèse d’un jeu Dreamcast moyen.

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En revanche, les combats sont toujours aussi dynamiques visuellement et le sang gicle toujours aussi bien. Le bon point s’arrête pourtant ici car j’ai relevé quelques chutes de framerate (le nombre d’images par secondes, et donc ici, c’est l’action à l’écran qui ralentit sans raison) à certains endroit, accentuées lorsque qu’un personnage allié vous accompagne dans un niveau. Pour un beat’em all nerveux comme Ninja Gaiden, ça la fout mal, surtout que je n’ai jamais vu ça dans les précédents épisodes. Encore une preuve que le jeu a été moins bien bossé.

Surprise, le jeu sur Gamepad est assez propre, bien qu’un peu sombre, mais loin d’être optimisé. Lorsque vous mettez le jeu sur Gamepad, vous n’avez plus accès au changement d’armes (action qui se fait normalement via l’écran tactile) et la console vous met le jeu sur les deux écrans, ce qui entraine encore une fois quelques baisses de framerate lorsqu’il y a du monde…
Enfin, un point très embêtant pour ceux qui aiment jouer avec un casque, vous êtes obligé d’activer le mode « jeu sur Gamepad » pour avoir du son ! Du coup, à vous de choisir entre un jeu optimisé et du son… En espérant que personne ne fera ce système stupide à l’avenir.

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Gameplay

Nous sommes passés à la caisse pour ça, après tout ! Découper des gens avec tout un tas d’armes. Sachez pourtant que les possesseurs de PS360 n’avaient pas eu le droit à ça ! Oui, ça peut sembler étrange et je vous l’assure, ça l’était pour tout le monde. Dans la version originale, les démembrements n’étaient plus et vous n’aviez qu’une seule arme à disposition pendant tout le jeu, les autres étant vendues en DLC…

Heureusement que tout est revenu à la normale sur Wii U.

Ninja Gaiden est un beat’em all au gameplay très nerveux qui demande rapidité, concentration constante et un bon timing. Contrairement à ce que l’on pourrait croire après la lecture des lignes au-dessus, le système n’a absolument pas changé et compte tenu de l’ampleur du désastre autour, c’est un point très rassurant !
Comme auparavant, il s’agit d’un jeu difficile et très exigeant qui ne pardonne pas. Les habitués le savent, mais pour les autres, attendez-vous à quelques crises d’énervement !

Ne comptez même pas sur les potions en cas de coup dur, il n’y en a pas ! C’est l’un des principaux changements de cet épisode, il n’existe aucun objet pour vous remettre de la vie. Les seuls moyens de faire étant d’utiliser les magies (ninpo) ou de réussir des coups critiques (j’y reviendrais après), vous apprendrez bien vite à ne pas gâcher cette précieuse barre de magie qui ne montera jamais assez vite.

Le gameplay de Ninja Gaiden étant assez nerveux, il n’y a pas de système de lock comme dans un Zelda car la rapidité de Ryu vous fait passer d’un ennemi à un autre en un éclair. Je qualifierais le système de magnétique, je veux dire par là que Ryu est comme attiré vers ses cibles, et cela avec un simple coup de stick vers la cible. Par exemple, si vous esquivez en appuyant sur une touche d’attaque tout de suite après, votre ninja se retrouvera automatiquement en direction de sa proie, prêt à le découper. Les ennemis sont assez agressifs et switcher de l’un à l’autre de cette manière est le meilleur système qui soit.

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Pourtant, inexplicablement, il n’est pas actif pour la plupart des boss… Il ne sera pas rare de vous voir, vert de rage, donner des coups dans le vide après une esquive car Ryu ne s’est pas retourné vers l’ennemi. Encore une fois, cette stupidité, que ce soit un bug ou non, bouleverse entièrement nos habitudes de gameplay pendant un affrontement stressant, tel qu’un combat de boss… A part ce détail bien embêtant, vous ne serez pas dépaysé si vous avez déjà joué à un Ninja Gaiden autre que celui sur DS, à savoir Ninja Gaiden Dragon Sword.

Il y a cependant une nouveauté, celle apportée par le bras maudit de Ryu. Comme mentionné précédemment, vous pouvez enchaîner les coups critiques si vous parvenez à taper un ennemi avec X pendant que celui-ci fait une attaque spéciale (celle avec la fumée rouge). La caméra zoome alors sur l’action de la mort instantanée et vous pouvez ainsi enchaîner trois ou quatre autres cibles en appuyant sur X. C’est un peu facile, certes, encore faut-il pouvoir y arriver.
Vous aurez également la possibilité de faire une charge ultra rapide et dévastatrice lorsque que le bras de Ryu devient tout rouge. Certes, ces nouvelles capacités font des morts faciles, mais cela n’enlève rien à la difficulté de Ninja Gaiden, car pour pouvoir y avoir accès, il faudra avant tout enchaîner les victimes.

Le gameplay reste donc le point fort de ce Ninja Gaiden 3 ! Néanmoins, depuis 2008, les occidentaux qui ont tant servi d’inspiration à la Team Ninja ont fait beaucoup beaucoup mieux ! DmC Devil May Cry (développé par des anglais), Castlevania : Lords of Shadow (espagnol), sans oublier le système de Batman : Arkham Asylum qui commence à s’étendre… Tant d’exemples de gameplays bien différents les uns des autres, qui font preuve d’une grande fluidité et d’une sensation de puissance incroyable, à côté desquels Ryu fait papy avec sa rigidité et son manque de sensationnel. Il faut croire que la Team Ninja a préféré jouer à Battlefield qu’à Bayonetta et c’est bien là qu’ils auraient dû regarder pour améliorer le punch du jeu.

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Musiques et sons

Il y a parfois certaines parties qu’on aimerait ne pas aborder dans certains tests, celle-ci en particulier !

Rien de bien intéressant pour changer du côté des musiques. Elles font leur boulot, c’est-à-dire poser un contexte d’action, mais savent se faire relativement discrètes pour ne pas nous souler les oreilles. Il m’est impossible de parler musiques étant donné que l’on se bat pendant les trois quart des niveaux, entre la concentration et les différents bruits, la musique se mélange à tout ça et elle remplit pour moi absolument bien son rôle.

Les voix et bruits restent exactement les mêmes qu’auparavant, ce qui est une bonne chose pour ces derniers car ils arrivent parfaitement à nous donner la sensation de trancher.

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Un bon point pour les amateurs de VO, les voix japonaises sont également disponibles !

Durée de vie

Ninja Gaiden 3 possède une durée de vie dans la moyenne des beat ’em all 3D, avec pas mal de niveaux assez variés, allant du désert à la forêt, en n’oubliant pas l’armada de bateaux militaires…

Le seul problème, c’est que ces niveaux ne sont absolument pas intéressants à parcourir. Oui, le level-design n’est pas primordial dans ce genre de jeux, mais de là à faire de tels couloirs ! Ils n’essayent même pas de le cacher, c’est tout droit, avec un petit virage et un petit saut sur les murs de temps en temps. Vous serez tout comme moi choqué par le niveau de la forêt, un beau travail bien propre de bulldozer.

Du coup, comment cela se passe au niveau des bonus ? Eh ben c’est terminé. Les armes ? Le piaf de la sauvegarde vous les donne, inutile de chercher. Les scarabées dorés ? Il vous suffit de vous retourner de temps en temps pour en voir un caché dans un coin du mur de la porte. Les crânes de cristal ? Ils font tellement de bruit qu’un teuffeur les remarquerait.

C’est tout. Pour le reste, étant donné qu’il n’y a plus d’objets type potion, ça ne sert à rien de chercher. Encore une fois, il est loin de temps de Ninja Gaiden II, où l’on découvrait encore des upgrades en recommençant les niveaux.

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En revanche, là où la version Wii U tient ses promesses, c’est sur le rehaussement de la difficulté. Après avoir regardé des vidéos de boss sur les versions PS360, c’est le jour et la nuit ! De vrais punching balls, dépecés vite fait bien fait, et qui ne se protègent même pas. Une honte !
Sur Wii U, même le mode facile est loin d’être évident. Les ennemis sont coriaces et les boss encore plus, même s’ils se protègent un peu trop à mon goût (surtout un récurent, qui ne fait que ça). Mourir sera assez fréquent, surtout si vous les sous-estimez. Ajoutez à cela le fait qu’il n’y a plus de potions ! Vous vous mordrez parfois les doigts de ne pas avoir assez de magie pour vous remettre de la vie lorsque vous prendrez cher !
La barre de vie reprend le principe du double niveau instauré avec le deuxième épisode : les dégâts temporaires et définitifs. Si les premiers reviennent après le combat, il faudra croiser le piaf de la sauvegarde pour la restaurer entièrement la barre originale qui diminue au fil des coups. Faites attention à ne pas vous pointez face à un boss avec une toute petite barre et plus de magie, c’est la mort assurée !

La version Wii U n’a pas amené qu’un peu de challenge, Ayane débarque également pour quelques niveaux inédits. Elle est plus rapide que Ryu, mais frappe moins fort et ses niveaux se terminent toujours par trois lascars de boss contre elle. A elle se joignent également Momiji et Kasumi, présentes en DLC sur PS360, qui pourront être jouées dans un certain mode de jeu, celui où l’on peut refaire le niveau que l’on veut. Et oui, il est plutôt bien entouré ce coquin de Ryu ! J’espère que la vie de ninja n’est pas celle de l’abstinence !

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Un mode online dans la pure tradition d’un Call of Duty est également au menu. Il s’agit de se friter la tronche en équipe, avec un ninja que l’on fait évoluer avec l’expérience gagnée en combat. Sympa en FPS pour le côté tactique, c’est évidemment inintéressant en beat ’em all. Cette reproduction de « ce qu’aime et que font les occidentaux » est tellement calquée et si peu adaptée au style du jeu que c’en est attendrissant. Un peu comme quand votre animal de compagnie vient faire son pipi quand vous allez sur le trône.

En bref…

HISTOIRE : 06/20
Ridicule. Un condensé de tous les pires clichés et valeurs que le cinéma et les jeux vidéo américains ont pu donner, tout est recraché sans le moindre second degré. Non Ryu, ce n’était pas ta guerre, ça c’est sûr !

GAMEPLAY : 15/20
Heureusement, il n’y a rien à reprocher ici, Ryu récupère sa palette d’armes et conserve son gameplay nerveux et exigeant. Il manque tout de même une petite touche de punch par rapport aux beat ’em all récents.

GRAPHISMES : 10/20
Entre les architectures modernes lisses et moche, les personnages poupée et un ensemble très fade, Ninja Gaiden 3 fait moins bien que son prédécesseur en 2008 !


MUSIQUES et SONS : 11/20

Sorti des bruitages toujours bons, l’enrobage musical est inintéressant mais remplit malgré tout son rôle. Les voix japonaises sont disponibles en plus de ça.

DUREE DE VIE : 13/20
Un nombre correct d’heures de jeu et de niveaux, ajouté à une difficulté accrue. Dommage que le level design soit un couloir découpé en zones.

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Note Finale : 12/20
C’est la décadence pour ce Ninja Gaiden 3 : Razor’s Edge ! La Team Ninja nous fait un parfait exemple de ce que le Japon a de pire à nous offrir : un scénario américain cliché et imbuvable, une ambiance militaire, un jeu pas beau et beaucoup d’idées douteuses. Trancher des soldats dans des niveaux couloirs n’est pas très palpitant, même si le gameplay nerveux et l’exigence du jeu sont encore là, Ryu est trop rigide et pue trop la poussière. A voir pour pas cher en occase, donc.
A moins d’une sérieuse remise en question, je doute qu’ils puissent faire mieux malheureusement. Il serait peut-être temps de confier la licence à PlatinumGames pour redorer le blason du Ninja Dragon !

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