Nous mettons nos archives à disposition mais la mise en page n’est pas encore corrigée

Tests : NESGBSNESN64GBANGCDSWii3DSWii U

Quel succès pour les Amiibo ?

Le

par

Avant l’arrivée des Amiibo prévue pour Noël, le 28 Novembre exactement, amusons nous à jouer les Nostradamus avant qu’un Nintendo Direct vienne tout mettre en pièces. Comme d’habitude, le constructeur japonais reste assez discret sur les plans concernant ses jouets vidéo et les grandes lignes que nous avons pour le moment présagent d’un lancement un peu étrange et d’un succès plus qu’incertain au-delà de la sphère des collectionneurs. Pourquoi donc ? Voici un avis sur la question en quelques points.

La très forte concurrence

Le premier point est bien évidemment dans les rayons. Les Amiibo devront faire face à deux concurrents déjà bien installés et pas des moindres.
Skylanders a débuté en 2011. Ce sont eux qui ont pleinement lancé l’attrait pour les jouets vidéo et, malgré l’envie assumée de faire du jeu en kit, le public enfantin a été très réceptif. Pour le premier épisode, pas moins de 30 millions de jouets ont été vendus, pour une recette totale d’un demi milliard de dollars (trois fois plus que les prévision de ventes). Aujourd’hui, la franchise dépasse les deux milliards de dollars en recettes pour 175 millions de jouets vendus. La série en est à son troisième épisode.
Les figurines ont beau ne ressembler à rien, les enfants accrochent et voir des jouets prendre vie puis partir à l’aventure, c’est le rêve de n’importe quel gosse, aujourd’hui possible grâce au jeu vidéo. Avec des figurines coûtant une petite dizaine d’euros, il n’a même pas besoin de négocier avec les parents ou mamie !

Le deuxième est Disney Infinity. Sorti un an après le premier et dont le principe est le même, il a également fait son trou grâce aux fortes licences Disney telles que Pirates de Caraibes, La Reines des neiges, Cars et compagnie. Le premier épisode s’est vendu à plus de trois millions d’exemplaires durant les fêtes de fin d’année et a dépassé le milliard de dollars en recette cet été ! Le jeu est même disponible sur iPad, ce qui permet aux parents d’acheter sans même avoir à investir dans une console. Le deuxième épisode, disponible depuis, peu met en vedette les super-héros des films Marvel, dont Spider-Man, Iron Man et les gardiens de la galaxie.

nullnull

Les Amiibo ont donc fort à faire pour se payer une place au milieu de cette solide concurrence, l’un étant premier et leader et le second qui est ni plus ni moins que le mastodonte Disney. Le cœur des enfants est peut-être extensible, mais moins que le porte-feuille des parents qui doit probablement déjà être sous pression à l’approche des fêtes de fin d’année. De plus, ce ne sont pas les seuls à être limités, les rayons des magasins vont également devoir faire une place pour toutes ces nouvelles figurines qui débarquent et vu la place consacrée au rayon Wii U, il est possible que la présence des Amiibo y soit anecdotique, contrairement au Skylanders qui ont un espace rien qu’à eux avec une borne de démo.

L’autre avantage des deux autres, c’est qu’ils ne sont absolument pas limités. Skylanders et Disney Infinity sont disponibles sur toutes les plateformes, même la Wii U ! Les Amiibo ne partent donc pas en terrain neutre, ils doivent s’imposer sur leur propre plateforme au maigre parc de consoles installé (en attendant la 3DS) et déjà occupé depuis 2013.

null

Nintendo, le faux opportuniste

En arrivant troisième dans ce combat des jouets figurines, Nintendo fait figure de parfait opportuniste, appâté par un marché qui leur était destiné et dont ils n’ont, d’après certains, pas su évaluer le potentiel lorsqu’ils s’est présenté à eux bien avant 2011. Cependant, ils possèdent malgré tout les licences les plus importantes et surtout les plus durables du jeu vidéo que sont Mario, Zelda et Pokémon, qui sont, d’après les actionnaires, trop peu exploitées (du moins pour les deux premières).
Les Amiibo sont donc l’incarnation de cette stratégie, qui consiste à capitaliser sur les marques de Nintendo pour les installer dans le paysage autrement que dans un jeu vidéo. Néanmoins, qui est visé par ce plan ? Seraient-ce les enfants ? Pour les avoir vues en vrai, les figurines de Nintendo sont plus petites et moins mastoc que les Disney Infinity qui ont plus une allure de jouet. Par exemple, celle de Link ne repose que sur une fine branche transparente qui peut sûrement être vite cassée dans les mains d’un enfants peu précautionneux. Avec ça, au-delà de la famille Mario, Kirby et Pikachu, les autres figures ne sont que peu connues du grand public comme Fox (dont le dernier gros jeu date de la GameCube), Marth (issu d’un jeu de stratégie austère distribué au compte goutte sur DS), Samus (dont le dernier épisode est l’un des rares jeu Nintendo dispo à 10€ neuf dans les bacs) ou Little Mac (l’inconnu d’un jeu de boxe arcade dispo au même prix que Metroid Other M).
Si Nintendo arrive à vendre des Amiibo en masse aux enfants, je ne jouerais plus jamais au jeu des prévisions ! Sachant qu’il faudra en plus de ça acheter la console derrière…

null

Et si les Amiibo étaient destinées à un public plus âgé ? Aux 20-35 ans par exemple. Leur finition est davantage prévue pour une étagère que pour un coffre à jouet et ces figurines représentent un panel de 30 ans d’histoire de jeu vidéo Nintendo que le passionné ou le joueur de longue date connaîtra sûrement. En plus, ces derniers ont un pouvoir d’achat sans être encore trop assujettis aux impôts, crédits, enfants et autres dépenses qui font évaporer le pognon. Vendre des figurines à de jeunes adultes reste tout de même assez risqué étant donné qu’il est assez difficile de ramener une nana un soir dans son appartement où trône des jouets… Au moins, si elle ne fuit pas en courant, c’est bon signe !

Dans les deux cas, le succès est à mon sens loin d’être garanti. Si le jeu vidéo permet plus ou moins à deux proches concurrents d’exister (Fifa, PES, Call of, Battlefield,etc) il n’existe à ma connaissance pas de place pour un troisième larron, tout Nintendo qu’il est. Surtout lorsque celui-ci arrive à la bourre et dans la lune.

null

The place to be

Le plus étrange concernant ce lancement des Amiibo, c’est qu’il semble avoir été précipité. Certes, l’idée de choses NFC est née avec la Wii U, qui possède nativement ce système, mais ce que l’on aperçoit de ce Noël 2014 à l’heure de l’écriture de ces lignes (17 octobre 2014), c’est un bazar de dates et d’informations qui n’augure que le faux départ.

Tout d’abord, pourquoi les Amiibo ne sortent pas en même temps que Super Smash Bros. ? Quel est l’intérêt de les rendre disponibles à la vente une semaine avant et surtout, d’en sortir une deuxième vague quatre jours avant Noël ?! Il est impensable de voir un jeu débarquer avant la sortie de sa console. Je ne vois là que des soucis de plannings, de stocks ou peut-être de s’assurer une forte présence sur plusieurs semaines durant la dernière ligne droite avant Noël. Néanmoins, une compatibilité directe avec Mario Kart 8 pourrait également expliquer cet étrange décalage, bien que cela n’enlève rien au côté bricolage de ce lancement qui ne sera pas accompagné d’un titre fort et ambassadeur. Les informations particulièrement floues et contradictoires de Nintendo à se sujet amènent des fans à cogiter : si le support des Amiibo actuels met en avant le logo Smash Bros., l’écran de sélection des personnages dans MK8 montre une sorte de piédestal très amiiboesque sous les karts, chose qui était absente lors de la démo de l’E3 2013. C’est un peu tiré par les cheveux, mais cela permettrait une longue vie à ce Mario Kart, malheureusement sans les Amiibo prévues pour Noël.

nullnull

L’autre interrogation est sur l’absence d’un jeu dédié aux Amiibo, à l’image de Skylanders. Certes, un Nintendo Infinity ne serait au final qu’une simple copie de ce que fait déjà la concurrence, mais Smash Bros. n’est à mon avis pas le jeu idéal.
Smash Bros. est un titre très fort pour Nintendo, mais il se suffit à lui même et les Amiibo n’ont au final qu’une fonction gadget qui ne les rend absolument pas indispensables au jeu en lui-même. Nintendo doit créer une sorte de Nintendo Land 2 ou chaque figurine achetée débloquera un coin du parc d’attraction et où Pikachu pourra se balader dans le monde de Fox. Ce genre de promesses peut marcher et aurait dû être disponible en même temps que les figurines. Peut-être qu’à l’heure actuelle, les équipes développant ce rêve de passionné Nintendo se font engueuler pour ne pas avoir pu tenir les plannings. Toujours est-il que ce lancement sent le cafouillage et la précipitation. Il n’y a aucune promesse et rien ne donne envie d’acheter ces figurines qui ne sont même plus dans le top 100 d’Amazon.com (ni .fr d’ailleurs).

nullnull

Amiiboloss

Je ne crois pas au succès des Amiibo, ce dont vous ne doutiez pas à la suite de ce que vous venez de lire. Faute d’en savoir plus pour le moment, cela ressemble à un coup dans l’eau de la part de l’éditeur qui fait un lancement sans aucun titre fort, seulement en se greffant maladroitement sur la bombe qu’est Smash Bros. Est-ce que Nintendo est tiraillé par son image d’artisan aux jeux toujours bien finis et craint de lancer un bon gros jeu en kit crache-pognon par excellence (selon un journaliste, Disney Infinity demande 460$ pour y jouer à fond), même s’ils se sont bien débridés sur ce point-là ces derniers temps ? Difficile de croire à un lancement mal orchestré tant ils ont eu du temps pour s’y préparer depuis la sortie de la Wii U. Cela serait donc une stratégie pleinement réfléchie, de ne pas créer d’évènement, de ne pas rendre son produit indispensable ? Espérons que Nintendo prépare un gros lapin à sortir de son chapeau pour motiver un peu les troupes non-intéressées par la simple collection. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a aucun stress chez Activision et Disney.

null

Aller plus loin :

Voir aussi :

,