Nous mettons nos archives à disposition mais la mise en page n’est pas encore corrigée

Tests : NESGBSNESN64GBANGCDSWii3DSWii U

The Pokémon Company : kézako ?

Le

par

Pokémon fait partie des licences les plus lucratives de Nintendo, tout le monde le sait. Tout le monde sait également que la marque sort un nombre de produits dérivés absolument gigantesque de façon régulière : films, série animée, jeu de cartes, peluches et autres jouets que même les adultes s’arrachent. Sauf que ce n’est pas Nintendo qui gère tout ça mais une toute autre entreprise appelée The Pokémon Company.

Les Pokémon existent depuis maintenant 18 ans, Pikachu est célèbre dans le monde entier (il est même devenu la mascotte de l’équipe de foot de Japon pour la coupe du monde 2014) et les jeux vidéo se vendent par palettes. D’ailleurs, les responsables se vantent d’avoir vendu plus de 260 millions de jeux à travers le monde, dont près de 12 millions d’exemplaires de X/Y lors des quatre premiers mois. Mais là n’est pas le sujet. On connaît tous plus ou moins la chaîne de commandement qui régit la production d’une nouvelle mouture de la saga : Game Freak se met au boulot, conçoit la nouvelle région, les nouveaux Pokémon et Nintendo récupère le produit fini pour l’éditer un peu partout dans le monde.

Que vient donc foutre la Pokémon Company dans tout ça, alors ? Si l’on va fouiller un peu dans les recoins du site officiel de Pokémon on peut trouver une page qui nous renseigne un peu plus :

The Pokémon Company International est une filiale de The Pokémon Company au Japon qui gère la licence en dehors de l’Asie et est responsable de la marque, du marketing, du Jeu de Cartes à Collectionner, de la série télévisée et du site Internet officiel Pokémon. Le phénomène Pokémon est apparu au Japon en 1996 et a donné naissance à l’un des divertissements les plus populaires de nos jours parmi les enfants du monde entier.

Bon, ça a le mérite d’être clair. Ainsi, c’est cette entreprise qui gère l’image et les produits dérivés de la marque. Oui je l’avais déjà dit, mais c’est pas mal de le répéter. D’ailleurs, si vous vous souvenez un peu des chiffres de vente des jeux vidéo Pokémon, accrochez-vous bien car voici d’autres chiffres concernant les produits dérivés : The Pokémon Company a expédié plus de 21,5 millions de cartes à jouer vers 74 pays différents et traduites en 10 langues. Ce n’est pas fini : concernant la série animée et les films qui mettent en scène Pikachu et ce loser de Sacha : la série en est à sa 17ème saison pour plus de 800 épisodes et 17 films différents (sans parler des courts-métrages spécial Pikachu diffusés juste avant).


Où ? Quand ? Comment ?

Grâce au paragraphe explicatif du site Pokémon, nous savons maintenant qu’il existe en réalité deux versions de la Pokémon Company : la maison-mère japonaise et une filiale internationale. Oui, un peu comme de nombreuses boîtes dans le monde, y compris Nintendo. Ah attendez, on me dit dans l’oreillette qu’il existe également une filiale exclusivement Sud-Coréenne à Séoul qui bizarrement s’appelle tout simplement Pokémon Korea, Inc..

Avant que nous ne connaissions toutes ces dénominations, l’entreprise s’appelait à sa création en 1998 « The Pokémon Center Company » pour la simple et bonne raison que sa principale fonction à l’époque était de gérer les centres Pokémon ouvert à Tokyo et à Osaka la même année (certainement déjà mieux foutus que celui qui a ouvert pendant un mois à Paris en 2014). Cette filiale a été établie à travers l’investissement conjoint de Nintendo, Game Freak et de Creatures, Inc. (Mother, Earthbound, la série des Pokémon Ranger) qui détiennent les droits de la licence.

En 2000 c’est le grand chamboulement : les objectifs de la filiale changent quelque peu pour s’occuper également du business lié aux jeux vidéo. Elle prend alors le nom de Pokémon Company et quelques mois plus tard commence également à s’occuper du business relatif à la licence Pokémon en elle-même. Depuis, les activités de The Pokémon Company se sont largement diversifiées tout en maintenant un focus sur la gestion de la licence.

La filiale américaine, appelée à l’époque Pokémon USA, Inc. est ouverte en 2001 tandis que la filiale sud-coréenne ouvre en 2006. Un bureau européen situé à Londres est également établi en 2003.
Si la maison-mère de Pokémon Company, à savoir la filiale japonaise, n’a plus changé de nom depuis 2000, il y a eu un bouleversement du côté des filiales internationales en 2009. Les filiales américaines et londonienne fusionnent (mais les bureaux restent ouverts, d’autres sont même établis dans à d’autres endroits des États-Unis au fil des ans) pour former la Pokémon Company International telle qu’on la connaît désormais.


Bon okay, mais elle sert à quoi précisément alors ?

Notre travail a continué d’évoluer en fonction de la façon dont Game Freak souhaite voir représenté le monde Pokémon. De la façon dont Creatures, Inc. veut que ce monde soit représenté, de ce que Nintendo pense que le monde Pokémon doive refléter. Tout repose sur la cohérence à travers le monde. L’interprétation d’un seul pays peut être très différent de celle d’un autre pays et nous devons visionner cela d’un point de vue global. Il n’y a pas de mesure de contrôle au sein de la Pokémon Company mais plutôt une relation symbiotique pour établir ce qu’il y a de meilleur pour la franchise.
J.C. Smith, directeur marketing de The Pokémon Company International interrogé par le site Polygon.

Question philosophie de travail, à priori on a tout compris. Dans les faits, cela veut dire que les quatre entités qui composent le monde Pokémon tel que nous le connaissons fonctionnent main dans la main pour proposer des contenus originaux cohérents. Ainsi, pour le développement de nouvelles cartes à jouer, The Pokémon Company, qui s’occupe d’imprimer et d’envoyer des millions de bouts de carton à travers le monde, travaille en étroite collaboration avec Game Freak mais surtout Creatures pour retranscrire le plus fidèlement possible le monde Pokémon tel que ses créateurs l’ont imaginé dans le système de combat de cartes. Les règles ont été élaborées de cette façon, le design des cartes y est également passé.

Les jeux vidéo de la série principale sont bien sûr développés par Game Freak sous la supervision et le support de Nintendo. Pour les spin-off tels que Donjon Mystère ce sont des développeurs tiers comme Shunsoft qui les réalisent. Un processus moins centré sur Nintendo et Game Freak mais qui est justement supervisé par The Pokémon Company dont c’est bien sûr le rôle de faire en sorte que la vision d’origine soit respectée au maximum.

J.C Smith c’est lui.

Ceux qui ont assisté à la déferlante Pokémon sur TF1 les mercredi matin de l’année 2000 voudront forcément savoir comment est géré le dessin animé de leur jeunesse. La série animée est disponible en 30 langues différentes, le tout dans 160 pays à travers le monde. En plus de la localisation des saisons, The Pokémon Company International travaille avec les diffuseurs locaux. J.C. Smith explique :


La Pokémon Company vend les licences des contenus animés à des médias partenaires à travers le monde, qu’ils soient des diffuseurs traditionnels comme Cartoon Network aux États-Unis, Gulli en France ou que ce soit de nouveaux partenaires VOD comme Netflix, Hulu et Amazon. Du côté créatif il y a un comité composé de membres venant de plusieurs entreprises liées à Pokémon qui décide de la direction à prendre pour la série animée et qui travaille ensuite avec des partenaires en production pour développer ce contenu.

Produire les Pokémon

Du côté de la maison-mère japonaise, on a une vision un chouilla différente des activités de la firme. Pour le président de la Pokémon Company japonaise, Tsunekazu Ishihara, le rôle de son entreprise est de « produire les Pokémon« . Il compare même la Pokémon Company à une agence de talents. Le mec est sûrement un peu perché mais il développe :

Imaginez une agence de talents qui décide quels types d’emplois à assigner à leurs talents, comment les élever et savoir lesquelles de leurs compétences il faut cultiver. C’est ce que font les agences, n’est-ce pas ? Cela s’applique aussi à la Pokémon Company. Nous décidons dans quels types de médias nos talents, comme Pikachu ou Vipélierre, devraient apparaître, de la façon dont nous les faisons grandir et dans quels types de produits nous les utilisons. C’est ce que nous appelons produire les Pokémon.

Et donc Tsunekazu Ishihara c’est lui.

Une description un peu plus exacte de cette vision est que la Pokémon Company a un rôle essentiel dans la façon de rendre les produits Pokémon les plus attirants possible. Mais le rôle d’un producteur est aussi de faire en sorte que le nom de son artiste, ici de la marque Pokémon, ne soit pas utilisé pour des usages qui n’ont rien à voir avec Pokémon et/ou qui n’ont pas été autorisés par la Pokémon Company. C’est ce qui s’est notamment produit en 2005, lorsque la branche américaine était encore « indépendante ». Un article dans le magazine scientifique Nature mentionnait le fait que des chercheurs avaient découvert un nouveau gène cancérigène qu’ils avaient appelé « Pokémon ». Apprenant cela, Pokémon USA a menacé d’aller en justice pour éviter que le nom de la marque soit associé à un gène cancérigène. Les scientifiques l’ont rapidement renommé (il s’appelle désormais Zbtb7).

C’est vrai que le truc ressemble pas trop à un Pokémon. Quoique ça pourrait être le cas dans les prochaines versions…

Nintendo, Game Freak & Creatures Inc.

Cette sainte trinité du monde Pokémon détiendrait chacune environ un tiers des parts de la Pokémon Company. A en croire la page Wikipédia dédiée à Nintendo, la firme de Kyoto détiendrait précisément 32% de la company ; Game Freak et Creatures Inc. se partageant le reste avec respectivement 33% et 32%.
A moins que… D’après un article publié en 2001, un quatrième actionnaire aurait existé. Il s’agit de 4Kids, désormais connu sous le nom de 4Licensing Corporation, la société de licensing américaine qui avait obtenu la licence du dessin-animé Pokémon. Toujours d’après cet article, la société aurait détenu 3% des parts restantes de la Pokémon Company jusqu’à ce qu’elles soient finalement revendues en 2005 et que 4Kids fasse faillite à cause de ses dettes et d’un procès intenté par TV Tokyo à propos de la licence de l’animé Yu-Gi-Oh !.

Pour un non-initié, on relativise le fait de croire que Nintendo avait la main-mise totale sur la licence Pokémon. Mais quand on connaît le fonctionnement des studios de développement, les contrats d’exclusivités qui peuvent être conclus au fil du temps, on remarque que rien ne change : Game Freak fait partie de ce qu’on appelle les « second-party developers », c’est-à-dire que ce sont des studios qui n’appartiennent pas forcément à une société éditrice, mais qui ont un accord d’exclusivité avec cette société. Ce qui explique que Pokémon soit systématiquement édité sur console Nintendo et pas ailleurs (à l’exception des applications de jeu de cartes qui sont elles gérées par la Pokémon Company).
Mais ce n’est pas tout puisque dans tous les cas, Nintendo détient environ 54% des parts de Game Freak, ce qui lui apporte la majorité et donc la quasi-exclusivité des jeux développés par le studio. Ça n’a pas empêché Game Freak d’annoncer leur intention de publier une version smartphone de leur jeu 3DS Solitiba (un mix entre le jeu du solitaire et des courses de chevaux).
Pour finir, revenons-en à Creatures Inc. qui collabore depuis pas mal de temps avec Nintendo. Au départ, le studio s’appelait Ape Inc. (le nom a changé en 1995) et les développeurs ont notamment travaillé sur des jeux emblématiques comme Mother, Earthbound ou encore Picross. Toujours d’après Wikipédia, Creatures Inc. est également affilié à Nintendo au même titre que l’est le studio Intelligent Systems (Fire Emblem).
Mais au fait, savez-vous qui a créé Ape Inc. à l’époque ? Tiens, comme c’est bizarre, il s’agit de Tsunekazu Ishihara, notre ami producteur de Pokémon ! On peut même mentionner que les locaux de Creatures se trouvaient au 7ème étage du bâtiment Nintendo de Kanda, à Tokyo. Coïncidence ? Je ne pense pas…

Il n’est pas précisé si Nintendo possède ne serait-ce qu’un pourcentage des parts de ces studios mais toujours est-il que ces trois « propriétaires » de la Pokémon Company sont complètement liés entre eux tout en s’éparpillant à plein d’endroits comme une méga nébuleuse.


Voilà ce que ça donne quand ils « produisent » les Pokémon.