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Tests : NESGBSNESN64GBANGCDSWii3DSWii U

Un avenir sans zonage ?

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La question du zonage des jeux vidéo, mais aussi d’autres supports multimédia est toujours d’actualité. Historiquement, il s’agissait d’un problème de compatibilité entre les territoires utilisant les systèmes PAL, NTSC ou SECAM. Outre la fréquence de balayage bien connue à 50 ou 60 Hz, il s’agissait aussi d’envoyer des informations de l’émetteur au téléviseur pour traduire les données en images noires et blanches ou bien en couleur. Dans les années 1960, avec la démocratisation de la télévision et alors que pays et constructeurs ne s’étaient pas entendus sur une sorte de norme à employer pour que tout appareil multimédia puisse recevoir toute information, le monde a été divisé entre les pays utilisant telle fréquence, telle technologie. Et c’était bien souvent lié aux entreprises qui travaillent alors uniquement sur les territoires qui leur étaient proches.

Avec le temps, les télévisions PAL se sont notamment adaptées au mode 60Hz, permettant d’afficher des signaux NTSC. Et désormais, avec les écrans LCD, LED et Plasma, la question n’est plus de savoir quel signal va être envoyé, mais comment l’écran va l’afficher. Ou du moins pourra-t-il l’afficher correctement, avec une fréquence de balayage suffisante pour de la 3D par exemple, ou une résolution SD, HD Ready, Full HD, 2K, 4K etc. Bref, les problématiques ne sont plus du tout les mêmes, et à l’heure de la mondialisation, les consommateurs impatients que nous sommes ne comprennent plus la raison d’être de ces blocages par zone, par région.

Et c’est là qu’on constate toute l’aberration de la chose : ce qui était initialement une contrainte technique a été transformé en technique commerciale. Alors que le DVD se contente d’envoyer un signal numérique, là où la VHS devait absolument être lue à une vitesse bien précise en fonction de la télé qui la lisait, on voit encore des DVD ou des Blu-Rays soit disant compatibles uniquement avec les appareils commercialisés sur un territoire précis. Prenez n’importe lequel de vos DVD, regardez au dos et parmi les logos que vous trouverez en bas, il y aura un oval avec un 2 dedans et peut-être un petit globe à l’arrière. Il s’agit de la zone 2, l’Europe et l’Australie, aussi appelé le territoire PAL. Pourtant, techniquement, les restrictions n’existent plus, on achète les mêmes télés qu’aux Etats Unis et au Japon, d’ailleurs elles sont pour la plupart fabriquées en Chine ou en Corée.

Idem dans les jeux vidéo avec votre Wii U ou votre 3DS qui ne sont pas « region free », pas « dézonées ». Impossible de lire un jeu japonais sur votre Wii U Européenne. On voit même des Pégases s’envoler et traverser l’Atlantique avec leurs consoles être obligés de racheter une console une fois arrivé à Toronto ou bien obligé de commander les jeux en Europe et les faire venir jusqu’aux Amériques pour y jouer. Il faut bien le dire, c’est aberrant, surtout dans un monde où les globetrotteurs se reproduisent entre eux. C’est encore plus absurde pour une console nomade comme la 3DS.

Il y a quelques années encore, les constructeurs justifiaient cet état de fait en disant que si les jeux n’étaient pas zonés, il leur serait impossible de « contrôler » l’approvisionnement de millions d’exemplaires : si tous les joueurs commandaient en import, personne (et surtout pas Nintendo) ne serait en mesure de savoir quels territoires sont les plus porteurs pour tels types de jeux, comment il faut cibler les clients, combien d’exemplaires de Mario faut-il envoyer en France ? En Angleterre ? Au Pérou ? En Papouasie Nouvelle-Guinée ? etc. Cet argument n’était bien sûr valable que lorsque la sortie d’un jeu était séparée de longs mois d’un territoire à l’autre, tendance qui s’amoindrit d’année en année grâce aux efforts des traducteurs.

Interrogé à ce sujet, Satoru Iwata est revenu sur les raisons qui ont poussées Nintendo à maintenir ce blocage régional :

Le marché du jeu vidéo est connu pour prendre beaucoup de temps avec la localisation, notamment en ce qui concerne la publicité spécifique à chaque pays, ou les jeux qui utilisent des contenus sous licences qui ne s’appliquent pas partout. Pour ainsi dire, ce blocage régional est dû à des circonstances du côté des vendeurs plus que des consommateurs. Dans l’histoire des consoles de jeux, c’est la situation actuelle.

Pour autant la question qui lui était posée était : Prévoyez-vous de retirer cette restriction ?. Satoru Iwata laisse alors entendre que ça serait envisageable dans le futur :

Quant à ce qui pourrait arriver, si on supprime le zonage pour le bénéfice de nos clients, il devrait aussi y avoir des bénéfices pour nous. Cependant, retirer le zonage demande de régler divers problèmes, donc même si je ne peux pas dire si aujourd’hui nous tenterons de retirer le zonage ou non, nous nous rendons compte que c’est un point que nous devront aborder avec intérêt dans le futur.

Pas de réponse précise, donc, mais au moins la certitude que la question sera abordée lors des réunions internes ultra secrètes de chez Nintendo auxquelles, malgré nos nombreux efforts et dons de nous-mêmes, nous n’avons pas encore réussi à être invités. Connaissant l’extrême prudence de Nintendo qui a dû se fixer pour objectif de régler moins de deux procès par jour, le temps sera encore long pour le dézonage et la Wii U n’en verra probablement pas la couleur. C’est d’autant plus dommage que les premières versions de Nintendo DS lisaient tous les jeux sans restriction, elles. Ce n’est que depuis la sortie de la DSi (et ses fonctions Internet) que les consoles portables sont zonées chez Nintendo.

Pourvu que ça change !

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