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Fire Emblem : Shadow Dragon

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Bienvenue dans ce nouveau numéro de Secrets d’Histoire ! Pour cet épisode spécial, nous allons visiter un monument du jeu vidéo qui a été rénové en 2008. Un monument dans lequel stratégie, jeu de rôle et morts injustes font bon ménage, une première lorsqu’il fut publié un beau jour d’avril 1990. Pénétrons ensemble (et en toute amitié) dans le remake du premier Fire Emblem, Shadow Dragon.

Fire Emblem Theme

Au début, il y avait le dragon sombre, l’épée Falchion et… le Fire Emblem

Si l’histoire ne nous dit pas que Fire Emblem est bien le fils illégitime de Dragon Quest et Famicom Wars comme je le soupçonne, elle se souviendra de Fire Emblem Ankoku Ryū to Hikari no Tsurugi (ou le Dragon Sombre et l’épée de lumière, dans la langue de Molière) comme le premier Tactical-RPG de l’histoire vidéo-ludique. Sorti sur une Famicom en fin de vie le 20 avril 1990, le premier Fire Emblem connut un bon succès et fut très rapidement refait pour la Super Famicom en 1994 dans le troisième épisode, Monshou no Nazo (aussi prononcé le Mystère de l’emblème, dans la langue de Morsay), épisode qui comporte à la fois le scénario du premier épisode amputé de quelques éléments et une suite qui va conclure l’histoire de Marth, le héros des deux jeux.
Très populaires au Japon, les aventures de Marth étaient donc les candidates parfaites pour un remake sur DS : tout en satisfaisant le public local, on permet au public occidental de connaitre Marth autrement qu’en étant la tapette qui parle japonais dans Super Smash Bros. L’intention est louable, reste à voir si Intelligent Systems a su faire honneur à l’épisode fondateur de sa plus grande série.

Le méchant dragon et l’épée qui brille dans la nuit.

Il faut dire que la perspective d’un remake du premier Fire Emblem était assez excitante pour le fan de la série que je suis. L’épisode d’origine datant de la NES, il avait vieilli, et pas de la plus belle des façons. Pouvoir y jouer en français sur une console moderne, la DS, était donc une bonne nouvelle.

Le jeu raconte l’histoire de Marth, prince du royaume d’Altea qui est en guerre contre le royaume de Doluna, un puissant empire dirigé par Medeus, le Dragon Sombre. Cet empire a conquis tout le continent d’Akaneia et c’est donc à Marth de le vaincre, sous prétexte que son ancêtre Anri a bâclé le travail lorsqu’il a vaincu Medeus un siècle plus tôt, quand ce dernier essayait déjà de faire la même chose.

Si le synopsis est le même qu’en 1990, le remake se permet une petite folie avec de nouveaux niveaux qui feront office d’introduction au scénario, en nous narrant la conquête d’Altea par Doluna et ses alliés un an avant les événements de la trame principale. Plutôt bien scénarisées, ces petites missions vont nous permettre de découvrir l’univers du jeu et la fin de cette introduction forcera même le joueur à sacrifier une unité autre que Marth jusqu’à la fin de la partie afin de finir le niveau. Une idée que j’avais bien aimé à l’époque, car très forte dans une série où le joueur cherche souvent à faire survivre tout le monde. Une fois cette introduction inédite terminée, on peut enfin découvrir l’histoire de Marth, telle que les japonais l’ont découverte en 1990 sur NES. Et quand je dis « telle que », ce n’est pas juste une figure de style.


Le jeu donne l’impression que le scénario et les dialogues sont exactement les mêmes que sur NES, sans tentative d’étoffer l’univers. Là où les Fire Emblem récents sont généreux en textes afin de bien mettre en avant les héros, leurs motivations et leur personnalité, Shadow Dragon se contente de quelques lignes de dialogue au début et à la fin de chaque chapitre (certains débuts de chapitre n’en n’ont même pas, c’est dire) souvent pour ne rien dire de bien intéressant ou juste indiquer notre prochaine destination. Toutefois, les choses s’améliorent sur la fin du jeu, avec la présence de rivaux aux motivations bien définies (Camus et Michalis notamment) et l’évocation des mystères autour du Fire Emblem. Dommage que le jeu se finisse 5 chapitres plus tard et que beaucoup de questions soient laissées en suspens et ne trouvent leur réponse que dans Monshou no Nazo. Difficile dans cette situation d’avoir un quelconque intérêt pour le scénario et les personnages que l’on dirige, l’absence d’un système de soutien qui aiderait à caractériser les personnages secondaires n’aidant pas. Il faudra se contenter de quelques rares dialogues sur le champ de bataille pour entrevoir la personnalité de certains de nos combattants. Dommage.

La stratégie pour les nuls

« Bon, l’histoire est pas folle, mais le gameplay doit bien rattraper ça, non ? » me dis-je.
Pauvre fou que j’étais. Si Fire Emblem : Shadow Dragon reste un jeu de stratégie au tour par tour où l’on doit déplacer ses unités sur un damier afin d’accomplir l’objectif du chapitre en cours, où chaque unité est associée à une classe qui va définir ses capacités au combat, le tout avec cette règle immuable selon laquelle chaque unité arrivant à 0 PV meurt, je me suis vite rendu compte que pas mal d’éléments de gameplay de la série que je pensais acquis étaient absents de la cartouche.
Si le triangle des armes est bien présent, la liste des disparus comprend entre autre le système de soutien, la commande sauver ou encore le triangle des magies, des éléments bien présents sur les épisodes Game Boy Advance qui n’ont pas pris la peine de revenir sur DS. Ceci n’est pas compensé par de grosses nouveautés, puisque la seule vraie nouveauté, la possibilité de changer la classe d’un personnage à la volée, est anecdotique, voire inutile quand on sait que les personnages ont un développement de statistiques censé les rendre meilleurs dans leur classe de départ.



Ce retour en arrière ne s’arrête pas là puisqu’il faudra dire adieu à un semblant de variété dans l’accomplissement des objectifs de chaque chapitre : la seule chose qu’on vous demandera de faire pour finir une carte sera de tuer le boss et de prendre le point de contrôle avec Marth. Il existe bien quelques objectifs annexes à faire au cours de la partie, comme la récupération des éléments nécessaires à l’acquisition de la Falchion qui se fera tout au long du jeu, mais ce manque de variété des objectifs de missions rend le jeu assez monotone, car les différents chapitres vont se dérouler de la même façon 90% du temps. Heureusement, les cartes où l’on combat sont souvent réussies et proposent parfois deux routes pour arriver au boss. Dommage par contre qu’elles soient si grandes et si vides, cela rend les déplacements des unités un peu lourdingue. Dans le même genre, le jeu nous oblige à visiter les villages avec Marth pour obtenir les objets qu’ils contiennent alors que tout le monde pouvait le faire avant. Ce n’est pas trop gênant quand le village est sur la route, mais ça devient fastidieux dès que le village est un peu éloigné du champ de bataille.
Ce sont pas mal de petites choses qui, mises bout à bout, font que je ne me suis pas amusé en jouant à ce Fire Emblem, alors que j’aime surtout la série pour son gameplay simple et profond. A trop le simplifier pour le rendre accessible (mais le gameplay avait-il vraiment besoin d’être plus simple que sur GBA ?), le jeu devient répétitif et trop souvent monotone. Personnellement, je n’ai pas retrouvé ce qui faisait le charme et la richesse des affrontements tactiques que la série m’avait proposé jusque-là.




Heureusement, les mauvaises choses aussi ont une fin.

Le jeu se finit en une quinzaine d’heure et 25 chapitres environ. Les courageux qui voudront le relancer pourront essayer de faire les chapitres annexes qui nécessitent de mal jouer au jeu (comprendre, les trois quarts de votre armée doivent passer l’arme à gauche) pour pouvoir être joués. On peut aussi tenter de finir le jeu dans les autres niveaux de difficultés, le mode le plus dur vous opposant à des ennemis équipés d’armes en argent, les armes les plus fortes du jeu, dès le premier chapitre.

À ce jour, c’est le seul Fire Emblem que je n’ai pas eu envie de relancer, ce qui en dit long sur ce que je pense du jeu, vu que j’ai déjà fait 4 ou 5 parties sur mes épisodes favoris.
Le jeu fait tout de même un pas vers la modernité en proposant des raccourcis bien vus pour changer d’armes sur la fenêtre qui affiche les statistiques d’un combat, ou la possibilité de passer un combat, voire le tour ennemi complet, d’une pression sur Start. Des ajouts simples qui fluidifient le jeu.

Notons que cet épisode fut le premier à proposer des fonctionnalités en ligne. Celles-ci comprennent un mode VS, une boutique pour acheter des objets et un système de prêt d’unité.
Le mode VS permet à deux joueurs de s’affronter avec des armées de cinq unités sur un petit champ de bataille. Le gagnant est celui qui détruit l’armée adverse ou obtient le contrôle du point au centre de la carte assez longtemps. Par contre, comme les unités sont celles de votre sauvegarde, il devient assez facile de rouler sur son adversaire si on est suffisamment avancé dans le jeu.
La boutique en ligne propose de faire l’acquisition d’objets et d’armes en échange d’une partie du pécule que vous avez acquis durant les batailles du jeu. Certains articles étant introuvables dans le jeu normalement, l’idée n’est pas mauvaise. Mais c’est dommage qu’on se retrouve avec des aberrations comme l’objet permettant de promouvoir un cavalier pégase en chevalier pégase disponible uniquement dans cette boutique le 7 de chaque mois.
Quant au prêt d’unité, je crois que je n’ai jamais trouvé où c’était dans le menu, donc je ne vais pas pouvoir vous en parler (je commence à douter de son existence du coup…).
M’enfin, tout ça, c’est bien joli, mais il faudrait que la Nintendo Wi-fi Connection fonctionne encore pour en profiter.

C’est l’inexpugnable arrogance de votre laideur qui m’asperge.

J’aborde en dernier le premier point sur lequel beaucoup de monde s’est accordé au moment de l’annonce du jeu : c’est moche. Et pas que moche techniquement, mais aussi moche artistiquement.
Bien que les graphismes de la série n’en mettent jamais plein les yeux, j’ai toujours trouvé que les Fire Emblem s’en sortaient bien sur le plan artistique. C’est peut être mon goût pour le manga et l’animation japonaise, dont la série s’inspire pour le character design, mais la série a toujours eu un certain charme visuel que Fire Emblem : Shadow Dragon ne possède pas.

Si Nintendo a engagé Masamune Shirow, créateur de Ghost in the Shell, pour dessiner les images promotionnelles du jeu, les développeurs n’ont pas pris la peine d’adapter son style particulier à l’apparence des personnages dans le jeu, qui se retrouvent avec un design un brin générique et qui manque de vie. C’est là le plus gros reproche que je ferais à la direction artistique du jeu : tout semble artificiel. Les cartes se ressemblent trop et on a eu le droit au filtre gris de Gears of War sur les couleurs. Les animations des combats, animées en 3D, manquent de pêche par rapport à leurs homologues GBA et donnent l’impression que des soldats génériques se tapent entre eux. Non vraiment, le plan visuel est raté.

On va passer vite fait sur les musiques vu que, en dehors du thème de la série et du thème des recrutements, il n’y a pas grand chose de marquant, les musiques font juste le boulot (certains auront peut-être une impression de déjà-vu ici). Au moins, pas de déception de ce côté-là.



J’aime :

  • Le premier épisode de Fire Emblem en français
  • L’histoire durant les 5 derniers chapitres
  • Pouvoir zapper le tour ennemi
  • La musique de l’écran titre
  • Il se finit vite

J’aime pas :

  • Le gameplay appauvri
  • L’histoire en dehors des 5 derniers chapitres
  • La direction artistique sans charme
  • Le système de soutien aux abonnés absents
  • Faire mourir ses unités pour accéder aux chapitres annexes

Ce remake du premier Fire Emblem, c’est un peu comme une cougar qui a mis trois couches de maquillage pour paraître jeune avant d’aller draguer des étudiants : ça fait illusion un moment mais dès que l’on gratte un peu, on commence à voir les rides. L’erreur de Shadow Dragon, c’est d’avoir été trop fidèle à son matériau d’origine en faisant abstraction d’une partie des éléments qui font la série Fire Emblem à l’heure actuelle, sans apporter de vraies nouveautés. Un hommage bien bâclé que Intelligent Systems aurait pu épargner à sa série phare.

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