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Azure Striker Gunvolt

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Lorsqu’un développeur quitte son ancienne entreprise pour en fonder une nouvelle, son premier jeu sera souvent « son jeu idéal ». Kamiya a fait Bayonetta après Devil May Cry, Mikami, Evil Within après Resident Evil et Itagaki est prêt à sortir Devil’s Third pour faire mieux que Ninja Gaiden. Après avoir claqué la porte de Capcom, Inafune a fait son Mega Man, Mighty n°9, et voici maintenant son Zero : Azure Striker Gunvolt !

Une histoire de Zero

Azure Striker a été conçu par Inti Creates, studio qui, comme je l’ai dit, a été fondé par Keiji Inafune après son départ de chez Capcom, un japonais connu pour être le père adoptif de Mega Man. Pourquoi adoptif ? Parce que s’il n’a pas été à l’origine du projet, nous lui devons le design du robot bleu et surtout, la pérennité de la série ! Sans lui, Capcom n’aurait jamais produit de suite au premier épisode ! Inafoune a également tout mon respect pour avoir choisi d’externaliser des développements de jeux à l’étranger, ce qui a donné lieu au retour de Bionic Commando et au formidable DmC Devil May Cry. Il l’a en revanche un peu moins pour Dead Rising, mais c’est une autre histoire.

Maintenant aux commandes de sa propre boite, il conçoit les jeux d’action qu’il aime tant et dont Capcom ne voulait plus (malgré le succès de Mega Man 9). Azure Striker est un calque de Mega Man Zero, série débutée sur Game Boy Advance. Le pitch y est d’ailleurs assez semblable : dans une société où des « adeptes », un genre de X-Mens, sont la proie d’une compagnie qui souhaite les enfermer dans des camps pour le bien de tous. Vous incarnez Gunvolt, un adepte possédant le pouvoir de la foudre et guerrier dans la résistance. Vos missions consisteront à mettre cette entreprise et ses représentants au tapis.

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Vous voici lancé dans un jeu d’action 2D de la bonne époque, où vous devez dézinguer vos ennemis, avec un zeste de plateforme. L’originalité de Gunvolt étant ses pouvoirs électriques, son petit flingue n’est pas très efficace contre les ennemis, à l’inverse de ses pouvoirs surnaturels. Cependant, son pétard n’est pas inutile car il vous permet de « marquer » les ennemis pour ensuite leur infliger plus de dégâts avec les éclairs. En gros, vous tirez des projectiles attirant la foudre et, plus il y en a (jusqu’à cinq maxi), plus les éclairs feront de dégâts. A l’inverse, si vous ne marquez pas les ennemis, vos pouvoirs seront presque inutiles.

Cette mécanique de gameplay est la principale, pour ne pas dire la seule, de Azure Striker Gunvolt. Pour le reste, vous êtes ici face à un nouvel épisode de Mega Man Zero. La marmite et les ingrédients sont les mêmes : la progression est découpée en mission (elle-même hérité de Mega Man), une petite fille sert de personnage secondaire, la physique du jeu et les rebonds sur les murs sont à l’identique et il y a même le détail graphique de la rémanence du personnage lorsqu’il court.
Difficile de donner tort à Inafoufoune, il s’agit d’une série qu’il a créée, qui a eu du succès et que Capcom a enterrée. Il capitalise maintenant sur les fans de Zero, qui retrouvent leurs marques avec ce nouveau cousin.

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Attends, je vais chercher une ampoule

Malheureusement, si Mega Man Zero était connu pour son exigence, Azure Striker Gunvolt est loin d’en être le digne héritier. Les niveaux se parcourent sans difficulté, notamment grâce au pouvoir électrique dévastateur et également protecteur. L’enclencher permet au héros, en plus d’électrocuter tous les ennemis marqué de l’écran, de se protéger de certaines attaques grâce à la bulle d’éclairs qui entoure Gunvolt. Un pouvoir bien trop puissant qui réduit non seulement la difficulté du jeu de manière flagrante, mais qui donne en plus un côté redondant et lassant à l’action, car il ne s’agit plus d’esquiver les tirs ennemis du mieux que l’on peut avec des sauts maitrisés, mais de marquer et d’appuyer sur A pour balancer la sauce. Seuls les boss apportent un peu plus de sel, sans que cela ne devienne pour autant insurmontable.

Ajouté à cette action monotone, le design des niveaux n’est également pas très recherché, là où Mega Man a pourtant brillé il y a maintenant 30 ans. Certes, nous parlons là d’un jeu d’action pur à la Metal Slug, et non d’un jeu de plateforme, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’avec un pouvoir électrique, plus de choses auraient pu être tentées.
Prenons la série de jeux Infamous. Vous incarnez un homme électrique (du moins sur PS3), dans une immense ville qui doit taper du méchant. Ses pouvoirs très nombreux rendent la progression et les combats très grisants, au hasard : faire du surf sur les câbles électriques, planer et surtout, attaquer grâce à de nombreuses actions allant du tir basique et réglable (effet mitraillette ou fusil à pompe) à l’éjection énergique. C’est selon moi le point le plus regrettable du jeu, le pouvoir électrique est complètement sous-exploité alors qu’il aurait pu donner lieu à des mécaniques de gameplay très sympa, qui auraient grandement dynamisé le jeu en lui apportant plus de variété, ou, à minima, plus d’impact dans l’action. Exemples ? Une sorte d’esquive rapide (elle est ici passive, vous ne devez rien faire) où le héros se change en électricité, des attaques au corps à corps, une diversité dans l’utilisation d’un rayon électrique (fort mais à faible portée ou façon mitraillette). Je n’ai pas été chercher ces idées bien loin, c’est le commun des jeux d’actions, notamment des shoot’em up.

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Pourtant, cela aurait pu être le cas, Gunvolt propose un système d’expérience et de niveaux, menant à la modification de l’arsenal, sans que cela ne change l’utilisation finale de l’électricité pour faire le ménage.
C’est dommage car Azure Striker fait envie sur le papier. Il est visuellement très propre, avec de beaux sprites fins, une 3D appréciable, une animation fidèle à ce que les japonais ont su produire de meilleur, le tout sans aucun ralentissement même lors de certaines démesures face aux boss. Le jeu a surement été produit par une bonne équipe, probablement aussi passionnée que notre Inafuchatte par les jeux d’actions. Pourtant la sauce aura du mal à prendre chez les adeptes de Zero et encore moins de Mega Man. L’exigence n’est plus et la progression est trop redondante, même si on observe un level-design un peu plus travaillé au fil des missions. Les acharnés pourront se rebattre sur les défis facultatifs et le scoring, mais ils ne changeront en rien le problème majeur du jeu.

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Mighty Gunvolt

Parce qu’il s’agit d’un bonus offert avec le jeu, j’en parlerais ici. En achetant Azure Striker Gunvolt, vous aurez accès à Mighty Gunvolt, une production 8-bits (en 4:3 sur 3DS donc) mettant en scène des personnages d’Inti Creates, dont notre Gunvolt, pour un jeu qui s’inscrit cette fois-ci dans le pur esprit d’un Mega Man. Le level-design s’oriente vers la plateforme et les délires électriques sont réduits à un simple rayon fonctionnant comme une charge à l’arme principale : le flingue.
En choisissant parmi les trois héros, Eroko de GalGun, Beck et Mighty n°9 et notre Gunvolt, vos aptitudes ne seront pas les mêmes. A vous de voir quel personnage vous convient.

Malheureusement très court, ce bonus de quatre niveaux se boucle en à peine 20 minutes, même pour un quichon dans mon genre qui n’a jamais pu finir un seul niveau de Mega Man ! C’est offert de bon cœur, alors on prend, on apprécie nos 20 prochaines minutes. Si vous en réclamez encore, un DLC de quelques euros vous rajoute quelques niveaux en plus.

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En bref…

J’aime :

  • Une belle 2D avec de bonnes animations
  • Une idée originale intéressante
  • Le bonus 8-bits Mighty Gunvolt

J’aime pas :

  • Le concept d’électricité sous-exploité
  • Un jeu peu exigeant
  • Une progression monotone et redondante

Alors que notre ami Inafune se plaignait à qui voulait l’entendre, il y a quelques années, de la mort imminente du jeu vidéo japonais, il y contribue également à sa manière ! Autrefois directeur des grandes heures de la série Mega Man et tous ses dérivés, il nous sort aujourd’hui un Azure Striker Gunvolt sans réelle saveur, avec une idée attrayante mais complètement inexploitée, servie par une progression sans grand intérêt sur le plan de l’action et et la difficulté. Ce n’est pas non plus une croûte, Azure Striker reste sympathique et bien réalisé, on y passe même un bon moment. Malheureusement, il ne se contente que de rester moyen sur les plans essentiels. Dommage, ce titre a un bon potentiel!

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Voir aussi :

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