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Qui êtes-vous, Poisoft ?

Le

par

La sortie sur Switch de Vroom in the night sky, cette originale et ô combien inattendue simulation de moto volante, a attiré l’attention sur un petit studio de développement discret mais prolifique : Poisoft. Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Quelles ont été les précédentes réalisations de cette équipe qui risque de faire parler d’elle dans les années à venir ? Petit tour d’horizon d’un studio pas comme les autres.

Une société lambda

C’est le 23 juin 2008 que naît la société Poisoft Co., Ltd, spécialisée dans le développement et la vente de logiciels de jeux. Présidée par Hiroshi Ishikawa, également programmeur de son état, la petite société Poisoft ne compte que 4 membres en tout et pour tout : le président assure la plupart du temps le rôle de producteur, quand le second programmeur, Tomoyuki Nakagawa, est également chargé de la place d’assistant producteur. Masahiro Kitago, unique designer, et Tomoshige Komine, seul aux commandes de la partie musicale, complètent ce casting réduit mais efficace.

50% du studio sur une image ! Mais je ne sais pas qui est qui, désolé.

La société Poisoft est issue de la rencontre fortuite entre ses deux fondateurs, Ishikawa et Nakagawa. Plusieurs années auparavant, les deux développeurs travaillent ensemble dans le même studio de développement à Nagoya, à l’est de Kyoto. Le studio travaille alors sur des jeux de course de chevaux sur PS2 : rien de très palpitant. Après avoir sympathisé, les deux nouveaux amis décident quelques années plus tard de déménager et de fonder leur propre entreprise, afin de développer autre chose que des courses de poney. Poisoft voit ainsi le jour, après un brainstorming intense pour trouver le nom de la société. Un nom que les deux amis veulent court et facile à retenir, avec un jeu de mots pour parfaire le tout. Notre cher Pegase national (que je remercie au passage), grâce à sa maîtrise parfaite (au moins) de la langue japonaise, a ainsi pu nous indiquer que le suffixe -ppoi était souvent utilisé pour marquer un sentiment de ressemblance. Le nom complet de la société (kabushiki gaisha poisoft) pourrait ainsi se traduire par « genre société anonyme », auquel on aurait ajouter « soft » pour faire bien. Un peu comme si une société française s’appelait « Random Inc. » ou « Lambda Corp ».

Deux recrutements plus tard, voilà l’équipe au grand complet. Les quatre compères travaillent, une fois n’est pas coutume, loin des centres névralgiques que peuvent être Tokyo, Kyoto ou Osaka. Poisoft est en effet installée dans la petite ville (pour le Japon) de Fukuoka, principale agglomération de Kyushu, la plus méridionale des quatre îles principales nippones. La société a élu domicile au 5ème étage du Aqua Hakata, immeuble d’affaires dernier-cri idéalement placée au centre de la ville sur l’île Nakasu, située sur le fleuve Naka-gawa. Un environnement idéal, dans un immeuble proposant la location de salles de réunion ou de bureaux à l’année. Forte de son capital de 10 millions de yens (85 000€), la voilà prête à conquérir le monde (ou presque).

L’immeuble Aqua Hakata…
… et son magnifique plan. Poisoft est au 5ème !

Les débuts sur WiiWare

À peine un an après sa fondation, le studio Poisoft se lance pour la première fois sur le marché du jeu vidéo avec sa première création, Ou daa!, sorti sur WiiWare le 2 juin 2009 au prix de 1000 points (rappelez-vous ce temps béni où on payait par points). Très riche en menus, ce titre étonnant aux graphismes 16-bits digne de la Super Nintendo propose une simulation de royaume, que vous devez gérer au mieux en tant que monarque. Le sous-titre « Order » est un joli jeu de mots puisque le titre Ou daa est peu ou prou la prononciation japonaise du mot « Order ». Subtil, n’est-ce pas ?

Soutenu par Nintendo pour publier sur sa plateforme au Japon, le studio enchaîne dès l’année suivante en sortant le 29 juin 2010 le RPG Boku mo Sekai o Sukuitai, là encore dans la plus pure tradition des productions Super Nintendo de la belle époque. Pour 1000 points, vous pouviez prendre le contrôle d’une équipe de jeunes guerriers au design chelou pour aller sauver le monde (puisque tel est le titre, qu’on pourrait traduire par « Moi aussi, je veux sauver le monde »).

Un titre qui s’enrichira, le 2 novembre de la même année, d’un DLC à 500 points sous-titré « Battle Tournament« , dans lequel un nouveau scénario permet de prendre part, comme son nom l’indique, à un tournoi dans lequel les sorts et les points de dégâts vont pleuvoir. Avec ces deux petites productions, Poisoft impose son style et prouve son soutien réciproque à Nintendo, permettant ainsi d’accéder en toute logique à la génération d’après, sur 3DS.

La consécration sur double écran

Leur première production sur Nintendo 3DS, intitulée Takeyariman (« Lance en bambou-man », le super-héros que l’Asie mérite), parait le 6 mars 2011 pour 300 yens seulement. Le petit jeu très simple propose d’affronter des cibles mouvantes à l’aide d’une lance en bambou, comme sur un stand de tir. Le principe, très accessible, permet cependant de tester avec efficacité les possibilités offertes par l’écran 3D, qui donne toute sa profondeur à cette petite attraction.

Enfin, le 7 juin 2011, c’est la consécration, avec Hyu~Ston, qui propose, pour 300 yens également, de vivre l’aventure démentielle d’un objet tombant dans un puits. Là encore, le jeu, qui s’apparente finalement à un jeu de vaisseau dans un tunnel, est avant-tout un prétexte pour mettre à profit l’affichage 3D. Le titre rencontre son petit succès, ce qui permet à Poisoft de s’exporter. Le 6 février 2013, un an et demi après la parution du titre, ce dernier arrive sur le marché sud-coréen, avant d’arriver le 28 février, quelques semaines plus tard, en Occident ! L’Europe découvre donc le jeu intitulé Splash or Crash, et Kersploosh! en Amérique (sorti le 7 mars). Moyennant 2,99 dollars ou euros, les possesseurs de 3DS (comme Thomayo, qui l’a acheté), peuvent donc découvrir avec joie l’aventure transcendante d’un caillou tombant dans un puits d’environ 6 km de long, jonché d’obstacles comme des ventilateurs, des canons ou des parts de pizza.


C’est ensuite l’heure de s’atteler à développer l’univers et la cohérence dans l’œuvre de Poisoft. C’est ainsi que parait le 30 mai 2012 le sémillant Yoru no Majin to Ikusa no Koku ~Samayoeru Vampire~, pour 500 yens toujours sur l’eShop 3DS. Cette relecture de Ou daa!, premier projet du studio, place cette fois le joueur aux commandes d’un territoire dirigé par des vampires, dans un jeu de gestion truculent aux graphismes irrésistibles.

Inarrêtables, les joyeux lurons de Poisoft enchaînent les titres et les genres différents, et se frottent pour la première fois le 6 mars 2013 au genre du jeu de rythme avec Mansion Percussion, coûtant 300 yens. Reprenant un peu la formule des célèbres Rhythm Tengoku démarré sur GBA, le titre n’est autre qu’un jeu de rythme atypique, où l’on incarne un habitant malchanceux d’un appartement mal insonorisé, qui doit taper en rythme sur les murs ou le plafond pour faire taire les nuisances sonores des voisins. Délicieusement barré, le jeu est l’exemple parfait de la créativité débordante du studio, qui ajoute une nouvelle corde à son arc, dans un style tranchant résolument avec les productions précédentes.

Le 11 décembre 2013, c’est le retour du studio à ses premières amours avec Ou daa Land!, la suite du premier jeu sorti sur WiiWare. Moyennant 800 yens, les joueurs peuvent redécouvrir cette version améliorée du jeu avec de nouvelles fonctionnalités sur lesquelles je ne ferais pas l’affront de m’étendre tant elles sont connues de tous.

À la conquête du marché mobile

Après une pause salvatrice en 2014, les petits gars de Poisoft reviennent à la charge dès le 14 janvier 2015 avec Sangoku Stories Ten, coûtant 700 yens. Point de rapport avec le héros de Dragon Ball ici, puisque le jeu d’action prend pour cadre la fameuse Chronique des Trois Royaumes, récit historique chinois prenant place au IIIème siècle en pleine dynastie Han (comme vous le saviez sûrement). Un jeu d’action virevoltant et enivrant, permettant de revivre avec émoi cette riche période historique.

Délaissant un temps les histoires médiévales, Poisoft livre le 22 avril 2015 une nouvelle relecture de son hit international Kersploosh, avec Shin Hyu〜ston. Moyennant 500 yens, le joueur peut se replonger (au sens propre) dans cette formidable aventure de pierre tombant au fond d’un puits. Entièrement revue et corrigée, bien plus scénarisée et parsemée de rebondissements incroyables, cette suite n’a fait que confirmer l’inénarrable talent du studio.



2015 fût décidément une année faste, puisque le 26 août fut publié Monokage, un RPG atypique en vue isométrique, rappelant presque du Minecraft couplé à du Final Fantasy (j’ai dit presque). Ce sera le dernier titre de 2015, avant la nouvelle vague en 2016, à commencer par Gakuyu Unmei Kyodotai ~Friends In The Same RPG~, qui prend place durant les vacances d’été d’un groupe d’amis et aborde apparemment la délicate question de la réalité virtuelle. Ayant fourbi leurs armes sur leurs productions précédentes, les développeurs de Poisoft servent ici le meilleur de leur savoir faire en termes de graphismes 16-bits couplés à de la 3D isométrique.

En mai de cette même année, l’équipe touche enfin un nouveau secteur du jeu vidéo, en sortant coup sur coup Dream Pond (25 mai) et Same Color Cat Go Up! (26 mai), sur Android puis iOS quelques jours plus tard. Le premier de ces deux jeux gratuits propose tout simplement une fontaine dans laquelle on jette des pièces et d’autres objets, lesquels font augmenter le nombre de points de bonheur, permettant d’acheter d’autres objets à jeter, et ainsi de suite. Un principe qui rappelle un peu Little Inferno (en mieux, évidemment).

Quant au second, il est d’une simplicité redoutable, puisque ce puzzle-game très proche d’un Puyo Puyo dans son principe consiste à aligner des têtes de chat par couleurs. Lorsque plus de 3 se retrouvent en contact, elles disparaissent, faisant tomber celles du dessus, et pouvant donc entraîner un combo. Notez que le concept sera réutilisé dès le 31 août pour sortir Nyanyanto Mori sur 3DS, une adaptation du jeu vendue 500 yens et proposant une expérience plus en phase avec la console de Nintendo.

Des goodies pour la route ?

Pour être totalement complet, ce dossier ne pouvait pas faire l’impasse sur les à-côtés que se permet le studio. En effet, toujours à l’écoute des attentes des fans, le studio Poisoft commercialise depuis peu la bande-son de deux de ses plus grands succès, Kersploosh! et Takeyariman. Pour 1 050 yens seulement, vous pouvez retrouver sur iTunes, sur Amazon et plusieurs autres plateformes de téléchargement, une compilation de 13 titres vous permettant de revivre les meilleurs moments de ces deux jeux respectifs. Une ode musicale envoûtante à découvrir ou redécouvrir chez soi : du miel pour vos oreilles.

Vous vous dites peut-être que personne ne serait assez fan pour acheter ça ? Hé bien détrompez-vous, car certains acharnés sont même allés bien plus loin. Le site Suzuri.jp permet de créer soi-même ses propres goodies en application une image ou un logo sur un t-shirt. Il n’en fallait pas plus pour que certains fans créent carrément une ligne de goodies Poisoft ! T-shirts, sweats à capuche, sacs : il en a pour tous les goûts, et même un peu plus ! Idéal pour afficher votre amour pour le studio lorsque vous serez tomber sous le charme de Vroom in the night sky.

Le bavoir Poisoft, seulement 1 600 yens, un must pour les jeunes parents branchés !

C’est donc un studio polyvalent, éclectique et dynamique (leur chaîne YouTube est extrêmement active) qui nous livre en ce début 2017 un titre non moins atypique avec Vroom in the night sky, marquant d’emblée son attrait pour la nouvelle machine de Nintendo. Le studio a reconnu avoir eu des plans pour la Wii U, malheureusement contrariés. On suivra en tout cas avec assiduité les futures productions de ce studio qui, à n’en pas douter, fera à nouveau parler de lui dans le futur.

(Merci à Pegase pour l’aide avec le japonais et les infos glanées dans une obscure interview nippone. Merci à Poisoft d’exister.)

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