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Hideo Kojima – Interview d’un précurseur

Le

par

C’est avec joie autant que surprise que j’ai reçu avant-hier une note de la main d’Hideo Kojima, ou plus précisément de celle du stagiaire de la secrétaire de son agent de communication. Il se trouve que je lui écris chaque année pour solliciter une entrevue et, de passage en Alsace, le célèbre cinéaste a accepté de répondre à mes questions.
Kojima

Nous nous sommes donc donné rendez-vous incognito dans un petit restaurant à flammekueches d’Handschuheim. Au premier contact, mon interlocuteur établit une relation sincère et chaleureuse qui prouve que même les plus grands génies savent rester humbles. Il envoie son garde du corps me serrer la main et s’exclame en me regardant droit dans les pieds :

Hideo Kojima : Dépêchez-vous-je-suis-pressé.

Resto
Accueilli par un visage souriant et amène, c’est avec une complicité naturelle que je démarre ma conversation avec Kojima-san.

Après avoir commandé une Fischer Pression pour moi et un jus d’orange dont la pulpe a été enlevée manuellement pour mon hôte, je démarre fébrilement l’interview.

NintenDomaine : Je voudrais d’abord vous remercier de cet honneur rare que vous faites à notre modeste site Internet. Je sais que M. Sarkozy vous attend un peu plus tard pour vous remettre la légion d’honneur, et c’est une immense fierté pour notre peuple de vous imaginer aux cotés de héros nationaux tels que Daniela Lumbroso.

H.K. : Je vous comprends.

NDM : Je suis assez surpris de voir que votre interprète vous traduit dans un français irréprochable ! Vous êtes doué pour les langues ?

H.K. : Oui, j’ai toujours eu des facilités déconcertantes dans ce domaine. Je suis capable de parler anglais, français, allemand et chinois couramment grâce à mon traducteur. Sinon quand je suis tout seul je parle japonais.

NDM : Un autre domaine dans lequel vous excellez est très certainement la réalisation de feuilletons à suspense, et c’est d’ailleurs la principale raison de mon admiration pour vous.

H.K. : Je vous comprends.

NDM : Mais commençons par le début. Il paraît qu’avant de vous lancer dans la télévision, vous étiez créateur de jeux vidéo ?

H.K. : Oui, mais ça remonte à très très loin. A l’époque des 8 bits, j’ai réalisé quelques jeux comme Snatcher ou Penguin Adventure. Ces jeux étaient géniaux, mais je sentais qu’il manquait quelque chose. C’est alors que j’ai démarré la saga Metal Gear, dont j’ai sorti deux épisodes sur MSX2. Là, j’ai su que je tenais le bon filon. La 3D était née, les manettes devenues obsolètes.

NDM : Jolies rimes !

H.K. : Ah ça c’est incroyable, j’ai même pas fait exprès !

Note : Kojima-san chiffonne discrètement un bout de papier et le fourre dans sa poche. Sûrement la liste des courses.

Kojim muscu

NDM : Revenons-en à votre parcours. C’est donc là que vous avez décidé de vous lancer dans les séries B ?

H.K. : Oui, je sentais que la trame de fond de Metal Gear pouvait être adaptée dans un roman fleuve. Mais je ne voulais pas que mon chef d’œuvre se perde dans la masse des animes médiocres exportés en occident. De plus, j’avais peur que les américains se rendent compte que j’avais tout pompé chez eux si j’en faisais une banale série policière.

NDM : La suite, la suite !

H.K. : La suite est très simple. J’ai décidé de rester sur le support qui réussissait le mieux aux productions de mon pays : le jeu vidéo. Je me suis rapproché de Sony et j’ai inventé, bien avant Sonic Adventure, le jeu sans manette. Tout se centre sur des dialogues intenses, dont l’écriture fut une véritable torture.

NDM : Vous voulez dire que vous étiez perfectionniste ?

H.K. : Non, en fait c’était horrible de devoir exprimer avec des mots les problématiques complexes que j’avais en tête. Chaque dialogue que j’ai écrit a mis un peu plus à mal l’immensité du concept Metal Gear Solid. Mais je sentais que je pouvais rehausser les standards de la culture mondiale en consentant à ce sacrifice, c’est ce qui m’a poussé à continuer.

NDM : Et on vous en remercie ! Mais comment avez-vous réussi à vous forcer à écrire ? Je sais par expérience que je suis incapable d’aligner deux mots si le cœur n’y est pas vraiment…

H.K. : C’est dans les situations les plus extrêmes qu’un homme peut dépasser ses limites. J’ai demandé à mon agent de retirer tous les miroirs de mon bureau et de barricader les fenêtres. Je lui ai fait promettre de ne pas me laisser me recoiffer tant que je n’aurais pas écrit 10 pages de scénario. Au bout de ce qui furent les 15 plus longues secondes de ma vie, j’avais épuisé 3000 feuilles A4, emporté dans mon élan.

Conv NDM

NDM : Voilà donc comment sont nées les fameuses discussions Codec ! Un autre élément très apprécié dans votre œuvre est sa bande originale. Qui est le génie derrière le Thème de Metal Gear Solid, acclamé dans le monde entier ?

H.K. : C’est une longue histoire. Durant le développement de Metal Gear Solid, j’étais à la recherche de musiciens japonais talentueux, une espèce très rare dont j’avais entendu parler sur la chaîne Animaux. Malheureusement je n’ai pas été capable d’en capturer un et je me suis donc adressé à mon ami Tappi ‘TAPPY’ Iwase. Il a fouillé dans ses vieux vinyles et a retrouvé un disque de Georgy Sviridov, la bande originale d’un obscur film russe. Alors il a pris ça et il a rajouté quelques notes ! Génial non ?


NDM : Je reconnais bien là l’homme de ressources que vous êtes. Votre anticonformisme m’étonne toujours un peu plus ! Laissons de côté votre CV éblouissant et parlons de vos désirs d’avenir. Considérez-vous encore la possibilité de créer des jeux ou vous consacrez-vous exclusivement à votre carrière de réalisateur ?

H.K. : En fait je n’ai jamais totalement laissé de côté le jeu vidéo. J’ai produit la série Zone of The Enders sur PS2, c’était génial. Malheureusement le monde n’était pas prêt et le grand public n’a pas saisi la complexité des enjeux abordés dans ce pamphlet post-moderne. Je pense que ce jeu était trop en avance sur son temps, d’où ses mauvaises ventes. Mais c’est ma faute, j’ai surestimé l’évolution de mes congénères.

NDM : J’espère qu’un jour l’humanité sera en position de comprendre cette œuvre, Kojima-san.

H.K. : Je ne peux pas vous l’assurer. J’ai créé Boktai il y a quelques années, mais les gens n’ont pas compris en quoi pouvoir uniquement jouer la journée en plein soleil sur une console sans rétro-éclairage était génial… Faut que j’y aille.

Kojima-san se lève soudainement et enfile sa veste. Je tends la main vers mon hôte et son garde du corps me la serre chaleureusement. Je profite de ce moment de complicité avec le réalisateur pour lui demander de laisser un mot à mes lecteurs : il sort un stylo avec un grand sourire et griffonne quelque chose avant de tourner les talons.

Seul à ma table, bouche bée, je songe à la rencontre incroyable que je viens de faire.

Signature Kojima

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