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Dragon Quest VI : Le Royaume Des Songes

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Décidément, la capacité de resucée qu’ont pu montrer nos amis de chez Square Enix sur Nintendo DS égale presque celle de Capcom. Certes, le tableau est plus avantageux pour nous, la plupart des titres adaptés sont de vieilles légendes du RPG japonais qui n’ont jamais vu le jour chez nous. Dans ce cas, autant parler de nouveaux jeux non ? Après, les épisodes 4 et 5, Square Enix nous a sorti en Mai 2011 le sixième épisode de sa série Toriyamaesque. C’est parti pour le test !

Histoire

Histoire de contextualiser pour ceux qui n’y connaissent rien, Dragon Quest VI : Le Royaume Des Songes est un jeu sorti sur Super Nintendo en 1995. Comme c’est le cas pour beaucoup de licences, la période SNES représente l’âge d’or de la série, même pour ceux qui n’y ont pas joué.

Cet épisode centre son scénario sur les rêves. Le jeu commence lorsque trois personnages s’apprêtent à pénétrer dans le donjon du démon maléfique. Sans même avoir pu dégainer leurs armes, les trois bonhommes sont transformés en statues de pierre et raillés par le méchant. Cinq minutes et un écran noir plus tard, le héros principal se réveille, dans son lit, chez lui, sans que l’on ne comprenne vraiment ce qui se passe. Au cours d’une mission confiée par le maire, votre personnage tombera dans un précipice qui le mènera dans un monde parallèle où personne ne le voit et il devra trouver le moyen de rentrer chez lui.

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Malheureusement, le titre du jeu casse les mystères du début de l’intrigue. Le Royaume des Songes. Inutile de vous faire le tableau, la quête des héros se fera grâce à un voyage constant entre le monde réel et celui des rêves. Du coup, la mise en scène de leur inquiétude lorsque personne ne les voit, ce qui peut être flippant, mettez-vous à leur place, est complètement gâchée et c’est bien dommage car l’intrigue en elle-même est plutôt bien construite.

Ce n’est pas tout, le principal défaut, à mes yeux, des Dragon Quest sévit également dans cet épisode : le scénario manque d’impact. Sans atteindre la nullité de l’épisode quatre (« Ah, c’est toi l’élu ? Ok, je viens dans ton équipe ! »), l’absence de mise en scène et de contextualisation nous laisse souvent de marbre jusqu’à se sentir soi-même comme la coquille vide qu’est le héros. Tu as tué le monstre qui violait nos femmes ? Ok, c’est cool, merci. Les récompenses ne sont pas assez gratifiantes.

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C’est en jouant à Dragon Quest qu’on se rend compte du génie qu’il y a derrière un The Legend of Zelda : A Link to the Past. Les jeux sont similaires techniquement, des petits personnages vus de haut, mais ce dernier dégage une puissance que Dragon Quest n’a pas et pourtant, je les aie découvert tous les deux sur console portable. Finalement, je me demande comment ce jeu a pu devenir une des légendes du RPG japonais.

Autre détail important, le grand et terrifiant démon dont tout le monde vous parle au début du jeu sera vaincu à un peu près un quart de celui-ci, lorsque vous serez niveau 15. C’est quand même assez spécial comme idée ! Alors même si l’on vous donne un but juste après, vous aurez un peu l’impression de vadrouiller de village en village, comme des forains.
Mais alors, pourquoi le chevalier que j’ai rencontré par la suite et qui m’a d’ailleurs écrasé comme une mouche, n’est-il pas allé tuer ce démon ? Il n’en aurait fait qu’une bouchée…

C’est dommage qu’un jeu aussi riche en personnages et en villages, soit aussi vite traversé et oublié. En comparaison, un concurrent de l’époque, Chrono Trigger, possède un background mille fois plus important.

Cela n’a pas pu vous échapper et n’importe quel zigoto pris dans la rue aura la même réaction : « pourquoi ya Goku sur la pochette ? ».Comme c’est le cas pour chaque Dragon Quest, c’est Akira Toriyama, créateur de la série Dragon Ball, qui se charge du character design, aussi bien pour les personnages que pour les monstres. A l’époque de la Famicom, c’était une aubaine, Dragon Ball cartonnait, si bien que même Nintendo a copié le petit Goku pour illustrer ses notices.
Le problème, que ce soit voulu ou non, c’est qu’il ne sait pas dessiner autre chose. Nous avons donc sur la jaquette Gohan, le héros, Nappa les gros muscles, C-18 à la magie, Krilin l’élu, Bulma qui ne sert à rien et le ténébreux Trunks. J’oublie le méchant, Boo en vert. Quelle originalité… M’enfin, on ne peut pas dire que les personnages ne soient pas charismatiques, surtout si l’on a aimé le manga. C’est l’avantage de cette escroquerie créative.

Un dernier mauvais point, la VF a malheureusement encore fait des dégâts. Retour dans les années 80 où les prénoms des séries japonaises étaient systématiquement francisés. Ainsi, votre équipe de héros sera composée d’Olivier, Emilie, Laura et Francis (ouch!). Vous avez intérêt à vous choisir un chouette nom.

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Graphismes

Tout comme Chrono Trigger, Dragon Quest VI a connu un sacré lifting. Comme vous pouvez le voir sur mon petit comparatif, cela n’a plus rien en commun avec les précédents.

Premièrement, les décors sont en 3D, mais avec une petite particularité vu que ce n’est pas aussi moche que les remakes des Final Fantasy, ou, pour rester dans le même registre, que cet horrible Dragon Quest IX : Les sentinelles du firmaments. En fait, le jeu donne du relief à ses infrastructures, mais en y apposant des textures 2D. Cela donne un rendu avec des éléments très jolis et détaillés, comme vous pourrez le voir sur les images. Alors oui, ça sent un peu le vieux, mais personnellement j’aime bien. Ca lui donne un cachet old-school, qui n’est pas plus mal pour un jeu Super Nintendo.
Autre petit détail, la version DS nous permet de tourner la caméra autour des personnages. Si cela ne sert à rien dans le jeu, cela permet de faire des screenshot promotionnels vachement classes avec des bâtiments en biais.

Les personnages ont eux aussi eu le droit à un lifting. Fini le petit point noir en guise d’oeil. Maintenant, on y voit même le blanc autour ! Néanmoins, l’animation n’a pas changé, ils sont constamment en train de marcher, même lorsqu’ils ne bougent pas. Je m’y suis fait et je ne le remarque même plus, mais c’est vrai que c’est un peu bizarre au début.
Autre chose, un peu gênante, voir honteuse, c’est le nombre de personnages. Il n’y en a pas plus d’une dizaine. Tous les vieux ont la même gueule de Tortue Géniale, pareil pour les mamies, les soldats, les bunnies girls…etc. Ce n’est pas le Royaume des songes, mais celui des sosies.

A son époque, Dragon Quest VI a apporté une petite révolution dans la série, bien qu’aux jours d’aujourd’hui, cela parait risible. C’est dans cet épisode que pour la première fois, les monstres que l’on affrontait étaient animés ! Ils le sont toujours en 2011, heureusement d’ailleurs. Bon, c’est pas la folie non plus, mais ça donne un peu de vie aux combats.

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Gameplay

La série Dragon Quest est très connue pour son incroyable rigidité faisant fie de l’évolution des technologies. Contrairement à Final Fantasy qui bataille pour tenter de trouver le système parfait qui ravira tout le monde, Enix n’a strictement rien changé depuis la Famicom. Pour tout vous dire, même le huit en 3D sur PS2 est pareil !

Commençons par les combats. Au lieu de mettre une vue d’ensemble, la caméra se loge dans les yeux des héros et vous met donc en face des monstres. Vous ne verrez en gros que les coups donnés ou les sorts jetés.
Pas d’ATB, de barre de combos ou autre conneries. Vous avez tout votre temps pour savoir si vous allez plutôt attaquer à l’arme ou à la magie. Si le choix « attaque » est classique, le choix « magie » se distingue en plusieurs groupes : celles qui frappent un ennemi, celles qui en frappe plusieurs, et celles qui altèrent (dodo, confusion, baisse de la défense, etc..). Cette dernière est valable aussi pour vous, comme les soins.

Passons ensuite aux villages. Je pense n’avoir jamais connu de lieux aussi basiques. Généralement composés de cinq ou six maisons au plus, ils sont surtout là pour pioncer, sauvegarder et faire du shopping !
Comme vous vous en doutez, pioncer vous redonne PV et PM en échange d’argent, rien d’extraordinaire. Quant au shopping, il permet d’acheter objets (rapidement inutiles vus que vos sorts font pareil en mieux), armes et boucliers. Exactement comme dans n’importe quel RPG, vous achetez un objet mieux en revendant le précédent ou en le refilant à un de vos potes.

Ce n’est pas aussi basique et limité que Pokémon, mais c’est loin d’être ultra dynamique.

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L’originalité d’un Dragon Quest c’est dans le bâtiment dédié à la sauvegarde. Il s’agit d’une église ! Tous les habitants vénèrent une Déesse et des lieux de cultes lui sont donc consacrés partout. Les « brebis égarées » se « confessent » donc via un journal au « père » de l’église pour sauvegarder. J’espère que vous n’avez rien contre les bondieuseries.
Autre chose d’amusante, ou pas, ça dépend du point de vue. Lorsque vos personnages meurent, vous trimbalerez des cercueils derrière vous jusqu’à ce que vous alliez faire un tour à l’église. Là, dans toute sa bonté, la Déesse ressuscite vos amis en échange d’un peu d’argent. Encore une qui a compris le sens des affaires.

Petite particularité, Dragon Quest VI dispose d’un système de vocation intéressant. Les vocations vous permettent de vous spécialiser dans un domaine (guerrier, artiste martial, mage, prêtre, etc…) pour maîtriser des sorts que vous n’auriez pas pu obtenir en temps normal. Inutile de vous expliquer qu’un guerrier deviendra une brute épaisse, alors que le mage apprendra des sorts bien balèzes. Le plus intéressant étant d’accumuler les vocations pour en permettre l’accès à d’autres plus fortes. Un personnage qui aura pleinement maîtrisé l’art du guerrier et du prêtre pourra devenir Paladin et donc devenir encore plus balèze.
Ce système est plutôt plaisant car en plus de vous apporter plein de nouvelles capacités, il évolue au fil des combats et non des niveaux, votre groupe gagne donc rapidement en efficacité. Les vocations sont disponibles après le premier quart du jeu.

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Musiques et sons

Pauvre Koichi Sugiyama. Mis à part son « opening theme » qu’il ressort à chaque épisode, je ne me souviens de strictement rien. Sauf peut-être du thème récurrent de l’église et de l’overworld, forcément. Dragon Quest VI n’est pas sa meilleure bande son, celle du 8 est, à mon avis plus réussie !

Les musiques sont agréables à entendre, ce qui est déjà bien. Elles font très orchestral, même si elles ne le sont évidemment pas, mais elles ne sont pas nombreuses, ce qui était souvent le cas à l’époque.

Ce qui est affligeant, c’est cette volonté de créer un jeu sans impact quelconque et c’est aussi le cas musicalement parlant. Participant activement à l’absence de mise en scène, les musiques ne connaîtront aucunes variations en fonction de l’intensité de l’action en cours. Juste une mise en position off. Ajoutant à l’absence de personnalité des héros, ils n’ont aucun thème approprié.
C’est dommage de voir que certains compositeurs s’emmerdent à créer des ambiances alors qu’ici, rien n’est fait à part des musiques guillerettes et sans intérêt de patelins bouseux.

Contrairement à Nintendo qui s’amuse à rajouter des voix digitalisée sur ses vieux jeux, vous vous doutez bien qu’après vous avoir décrit toute l’anti modernité qui ressort de ce jeu, ils n’allaient pas faire parler les héros, ni même les faire crier.
En revanche, certains sons, comme au hasard celui de la superflamme, grésillent et saturent dans un style « so Gameboy ». C’est un peu dégueulasse à entendre et c’est bien dommage parce que ce sort vous sera très utile à un moment.

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Durée de vie

Malheureusement, je ne sais pas trop quoi vous dire pour cette partie. La durée de vie dépend de la seule histoire. Il y a des quêtes annexes, mais pas dans le format où on les connaît, c’est à dire du complément d’aventure. Dans Dragon Quest, les quêtes annexes sont l’aventure à partir du premier quart du jeu. Pour moi, libérer des villageois d’une île pleine de monstres, c’est une quête annexe, surtout à la vitesse où ça se passe. Ben non, cela fait partie de l’espèce de destin du groupe itinérant un peu monotone que l’on suit sans trop savoir pourquoi.
Là où le jeu est balèze pour rajouter de la durée de vie, c’est qu’il est construit sur l’exploration. Il vous arrivera très régulièrement d’être complétement paumé sans savoir où aller. Je garde toujours la soluce pas très loin de moi et il m’est arrivé plusieurs fois, après avoir terminé une mission, de devoir aller à l’autre bout du monde pour la suite sans que cela ne soit expliqué nulle part.

Pourtant, un je n’sais quoi m’attire et me fait allumer ma DS chaque matin et chaque soir dans le train pour continuer de jouer. Allez savoir pourquoi.

Je pourrais m’arrêter sur ce ressenti, après tout, nous sommes sur NintenDomaine, la terre de la subjectivité. M’enfin, ya des limites tout de même. Pour moi, je ne vois qu’une seule solution. Je me suis attaché aux héros. Oui, ces mêmes personnages inexistants et sans background, leurs seules trognes durant les combats m’ont suffi pour m’attacher à eux.
Link aussi est dans le même cas, vous me direz. A la seule différence que l’on vit des aventures et traverse des épreuves avec lui. Tout cela n’existe pas dans Dragon Quest.

Il est donc logique que vous vous désintéressiez de Dragon Quest très vite, même si après avoir écrit tout ça, je reste scotché devant mon jeu.

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En bref…

HISTOIRE : 12/20
Cela partait d’une bonne idée, mais le titre du jeu vous tue le seul mystère de l’intrigue. Entre ça et le grand démon du mal qui est tué au quart de l’aventure, c’est à se demander ce qu’ils ont foutu des autres pages du scénario.

GAMEPLAY : 11/20
Si Darwin avait joué à Dragon Quest, il aurait sans doute déchiré en mille morceaux ses théories de l’évolution de l’espèce, tant le gameplay reste figé dans le passé.

GRAPHISMES : 16/20
Je trouve ce mélange 2D 3D très joli, avec une petite touche rétro Super Nintendo qui donne un certain charme à cette vieillerie.

MUSIQUES et SONS : 09/20
Rien de désagréable, mais rien d’exceptionnel non plus. Bienvenue dans l’anti effort musical.

DUREE DE VIE : 10/20
Si vous aimez vous paumez, ce jeu est pour vous !

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Note Finale : 13/20
Après avoir joué à Dragon Quest VI : Le Royaume Des Songes, une question persiste : comment un jeu pareil a pu devenir une légende du jeu de rôle japonais ? Un scénario ultra simpliste, des héros sans personnalité et une volonté manifeste de détruire tout impact émotionnel sur le joueur, lié à un système de combat archaïque. Avouez qu’y a de quoi se poser des questions !
Malgré tout, j’ai accroché, sans trop savoir pourquoi…