Deux ans après le remake en demi-teinte du premier épisode de la série Fire emblem, Intelligent Systems remet au goût du jour la seconde partie de l’épopée de Marth avec ce remake. Mais, sans doute découragés par les ventes/retours décevants de Shadow Dragon, les mecs de Nintendo se ravisent cet épisode ne sort finalement pas du Japon. Les fans persistent et se lancent dans une fantrad du jeu. Au final, après bien des efforts, sort un patch qui permet de jouer au jeu en anglais. Le jeu, connu sous le nom officieux de Heroes of Light and Shadow, ou plus communément New mystery of the Emblem, est enfin jouable par des gens qui ont un niveau scolaire d’anglais. Il est temps de voir si Intelligent Systems a corrigé le tir sur ce second remake !
Le mystère de l’emblème et l’épée de lumière
Le jeu reprend donc la trame de l’opus originel, qui nous raconte les aventures de Marth après sa première victoire contre Medeus, le dragon d’ombre. La paix est revenue, son ancien compagnon d’armes Hardin est devenu roi d’Akaneia, le royaume qui domine le continent, et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Mais voilà qu’un jour les choses se gâtent. Hardin se met à envahir sans raison Altea, le royaume de Marth, profitant du fait que Marth était occupé à mater une rébellion dans un royaume voisin, Grust, un de ennemis du précédent jeu.
Vous l’aurez compris, on retrouve ici la thématique phare de Radiant Dawn, les amis d’hier qui deviennent les ennemis d’aujourd’hui, et vice-versa. Ceci dit, c’est assez superficiel comparé à Radiant Dawn, qui avait un vrai propos sur le fond, avec le fait qu’au final, il n’y avait ni bons ni méchants, juste des intérêts qui parfois convergent et parfois non. Ici, Doluna restera le grand royaume ennemi en définitive et le revirement d’Hardin cache la bonne vieille ficelle du souverain possédé par une force maléfique.
Si l’histoire a un peu un coté « on reprend les mêmes et on recommence » (on retrouvera notamment absolument tous les personnages de l’épisode précédent avec finalement assez peu de nouvelles têtes), le scénario est bien au-dessus de celui de Shadow Dragon. Les personnages sont ainsi bien plus développés, notamment l’histoire des Manaketes, ce peuple capable de se transformer en dragons, ainsi que des figures marquantes du premier épisode qui avaient finalement assez peu d’histoire, comme le sage Gotoh, le pontife maléfique Gharnef, l’histoire de l’ancêtre légendaire de Marth, Anri, ou encore le prince Michalis.
Mention spéciale à Gharnef, d’ailleurs, qui dans mon cœur a gagné la place de l’antagoniste de Fire Emblem auquel j’avais le plus envie d’encastrer la tête dans un mur tellement ce type est un enfoiré fini. Le scénario est globalement la reprise pure et simple de l’épisode originel, comme Shadow Dragon, mais comme elle est bien plus développée, c’est un détail qui passe beaucoup plus facilement. Et puis, en plus de l’histoire originelle, il y a toujours…
L’avatar de Dieu
Comme dans l’épisode Awakening, le jeu propose de créer un avatar, qui aura un rôle assez important tout au long de l’histoire, aux côtés de Marth. On peut noter deux aspects importants.
Le premier est que, comme Awakening, vous pouvez personnaliser votre avatar, que ce soit physiquement ou en termes de compétences. Le bémol de cette fonction est que, bien évidemment, l’éditeur est tout aussi pauvre que celui d’Awakening, sinon plus, et contrairement à ce dernier, la gestion des stats est beaucoup plus empirique, car au lieu de vous proposer clairement quoi choisir comme atout ou point faible, le jeu va ici vous faire une espèce de divination en se basant sur votre passé, présent et futur, qui vous filera divers bonus en statistiques et en taux de croissance de stats. Le problème est que c’est complètement empirique. Vous ne pouvez tous simplement pas deviner que dire que vous êtes fils de noble va vous filer + 2 en technique et en vitesse et +5% de taux de croissance dans ces deux stats, par exemple. Et tout le reste est du même tonneau. Fort heureusement, le site Serenes Forest propose comme toujours une base de données très complète qui vous aidera à y voir plus clair (c’est par là).
Le second est tout ce que l’avatar apporte de plus par rapport au scénario originel de ce jeu. On a ainsi droit à 8 prologues, qui vont servir à poser les bases d’une intrigue annexe centrée sur l’avatar, ainsi qu’à l’apparition de chapitres bonus tout au long de l’histoire qui permettront de conclure cette aventure, ce qui fera intervenir plein de nouveaux personnages. Et on touche à un autre bon point du jeu, le système pour y accéder a été complètement refondu par rapport à Shadow Dragon. Plus besoin de suicider 90% de son armée, les objectifs sont au contraire orientés pour récompenser un bon jeu. Ainsi, la plupart des objectifs tournent autour de recruter des gens et les garder vivants, et tous les chapitres bonus ont une condition de déblocage alternative qui permet de quand même les voir, à condition de finir le chapitre précédant en un nombre de tours donnés. Ce qui est tout simplement une excellente idée.
La stratégie pour les (un peu) moins nuls
Bon, je ne vais pas répéter ici tout ce que Antzou a pu vous dire dans son test sur Shadow Dragon, je vais plutôt me consacrer à parler de ce que cet épisode apporte de nouveau.
Le système de soutien, absent de l’épisode précédant, fait son retour ici. En plaçant des unités côte à côte sur le champ de bataille, elles pourront développer une affinité qui leur conférera divers bonus lorsqu’elles combattent en étant proches. Globalement, de la précision, de l’esquive et des chances de critiques en plus. Chaque palier de soutien donne droit à une conversation dans la phase de préparation, qui permet d’étoffer énormément les personnages.
Le menu de préparation de la bataille gagne également une flopée d’options. Notamment l’option « parler », qui permet de voir les dialogues de soutien, ainsi que d’avoir de petites conversations optionnelles propres à chaque chapitre. On peut distinguer deux grandes catégories : celles qui servent à faire un « résumé des épisodes précédents » pour nous remettre dans le bain des fois qu’on sache plus pourquoi on est là, et des conversations qui nous donneront des indices sur la manière de recruter certains personnages. Ce qui est pas plus mal, car Shadow Dragon avait son lot de recrutements un peu foireux. Même si la plupart du temps, en grattant un peu, on trouvait un indice qui nous suggérait de parler à untel avec tel personnage, il y avait quand même parfois des trucs très random. Genre pour deviner que pour recruter Nabarl, du chapitre 2 de Shadow Dragon, il faut lui parler avec Shiida, eh bah mon coco bon courage, pour trouver ça.
Il y a également l’apparition de la fonction « how’s everyone », l’équivalent de la caserne d’Awakening. Ainsi, toutes les 3 heures environ, un événement est disponible. C’est une scénette façon Awakening, un peu random, où l’on gagne des trucs comme des bonus de stats temporaires, des objets, de l’exp, etc.
Une arène de combat est également désormais disponible dans le menu, permettant de leveller ses persos entre deux missions, moyennant finance. Une fonction bien pratique qui m’a permis d’entraîner en catastrophe un personnage que j’avais complètement négligé mais qui s’avérait vital pour recruter un personnage lors du chapitre final.
L’armurerie et le reclassement sont toujours aussi inutiles que dans le premier épisode, malheureusement, puisque l’une continuera de vous vendre des armes de base jusqu’à la fin du jeu, et que l’autre est complètement anecdotique, comme dans Shadow Dragon.
Bref. Il manque toujours des options qu’on peut considérer comme essentielles, comme une fonction sauver, le triangle des magies, ou encore le fait que les cavaliers puissent bouger après leur attaque, mais globalement, c’est déjà bien plus plaisant que Shadow Dragon. Et cet épisode développe pas mal une sorte de triangle des dragons, qui va définir l’efficacité de tel Manakete sur tel autre, là où c’était un peu une anecdote marrante dans Shadow Dragon vu qu’on avait quasiment aucun moyen d’en tirer profit. Ici, on peut réellement tirer profit de la différence un dragon de feu, un dragon mage, etc.
Un petit bémol quand même, c’est que bon nombre de cartes du jeu sont des reprises pures et simples de chapitres qui existaient dans Shadow Dragon. Sur pas mal de passages, on refait purement des chapitres de ce dernier. Heureusement que les ennemis sont différents et que la stratégie change un peu, en général.
On peut aussi noter un enrichissement des objectifs à remplir dans un chapitre : on aura donc assez souvent, à la place d’un « prendre le trône », un « décimer l’ennemi ». On pourra rétorquer que ça ne change quasiment rien en variété, que ça manque de mission de défense ou de fuite, mais… Attendez, y avait ce type de missions dans Awakening ? Non, il me semble bien qu’on alternait entre tuer le boss et tuer tout le monde, dans ce jeu. Est-ce que ça rend Awakening mauvais pour autant ? Eeeeeeeeeeeeeeeh non. Juste non.
C’est bon, ils vont arrêter de ressusciter, les méchants ?
Globalement, le jeu doit avoir une durée de vie similaire à celle de Shadow Dragon, soit une quinzaine d’heures. Il peut y avoir une rallonge de quelques heures si vous faites votre première partie sans faire gaffe à la quête annexe qui demande de rassembler douze objets nommés d’après les constellations du zodiaque et les sphères, qui sont indispensables pour reformer le binding shield, le bouclier du sceau, qui est la vraie nature de l’emblème du feu, et est indispensable pour pouvoir voir la suite du jeu passé le chapitre 20 (sans quoi vous aurez la mauvaise fin) mais globalement, rien de plus. Le jeu devrait même moins vous résister que Shadow Dragon, ayant pour ma part trouvé le jeu plus simple que son prédécesseur, mais peut-être que d’avoir commencé la série sur Shadow Dragon biaise mon jugement. Mais hormis un prologue 8 débilement dur et un chapitre sur la fin qui m’a demandé masse de resets pour le passer, rien ne m’a vraiment résisté.
A noter l’apparition du mode casual, qui permet de supprimer la mort définitive. Oui, on a encensé Awakening pour avoir été l’épisode qui rendait la série accessible sans pour autant la dénaturer, alors qu’en fait, il a juste repris une idée de ce jeu.
Quelques extras, sinon. Finir les prologues vous donnera accès aux Chroniques d’Akaneia, ces 4 missions prévues originellement sur la Satellaview de la Super Nes, et réintégrées dans ce jeu.
Ces quatre chapitres se passant avant Shadow Dragon, je vous avoue avoir eu la flemme de les faire durant ma partie originelle, mais je les ai faits pour les besoins de ce test. C’est sympa mais ils sont tendus du slip pour passer, par contre. Bien plus que le reste du jeu, j’ai envie de dire.
En plus de ça, il y a comme dans Shadow Dragon des fonctions Wi-Fi, avec du contenu téléchargeable désormais inaccessible puisque la CWF Nintendo est morte.
Au programme, il y avait deux trois items sympatoches, mais surtout 3 chapitres DLC se déroulant entre Shadow Dragon et Mystery, à la manière des chroniques d’Akaneia. avec notamment un chapitre où on se retrouvait aux commandes de… Gharnef et sa bande d’assassins, rien que ça. Un DLC où on pouvait jouer les méchants, ça, ça avait de la gueule. Dommage qu’on ne puisse plus y accéder.
Un micropoint de détail quand même, histoire de faire mon chieur. Dans le premier épisode se trouvait également un mode cinéma, qui permettait de voir tous les dialogues qu’on avait vus au cours du jeu. Ce mode est présent dans ce jeu aussi mais contrairement au précédent opus qui listait toutes les dialogues et permettait de voir où est-ce qu’il manquait des dialogues, ici, la liste ne montre que les dialogues qu’on a déjà vu sans indication genre une ligne de ???? pour nous signaler qu’il manque un dialogue par là. C’est con mais ça m’avait motivé à enchaîner 2-3 parties de l’opus précédent pour chopper toutes les cinématiques. Bon, en même temps, avec le système de dialogues de soutien, j’aurais sans doute pas eu la patience de tout voir non plus.
Par contre, c’est toujours aussi moche.
Antzou vous a déjà tout dit sur les graphismes de Shadow dragon et j’ai le déplaisir de vous annoncer qu’ils n’ont pas bougé d’un micropoil de couille sur cet épisode.
Par contre, les musiques ont gagné en qualité ! Là où la bande-son de Shadow Dragon n’avait presque que son thème de recrutement pour elle, celle-ci a pas mal de thèmes qui se laisse au minimum écouter, et au mieux déchirent. Mentions spéciales à l’un des thèmes du tour ennemi, presque un thème qui me donnait envie de laisser le tour ennemi se dérouler pour l’entendre, et au thème du boss final, Reign of Despair, qui dépote bien plus que celui de Shadow Dragon.
En bref…
J’aime :
- Pouvoir finir l’histoire de Marth et faire bouffer le marbre à Gharnef
- Plein de bonnes idées d’Awakening sont introduites dans cet épisode…
- Les musiques sont mieux…
- L’avatar est cool…
- Les chapitres Bonus qui sont enfin faisables par autre chose que des bourrins décérébrés
- Fire Emblem, c’est bien par définition
J’aime pas :
- Un peu trop facile selon moi
- … Mais pas toujours exploitées à fond
- … Pas les graphismes
- … Mais pas autant que celui d’Awakening, en personnalité comme en possibilités de personnalisation.
- Dans ton cul, les trois chapitres bonus téléchargeables.
Si je m’écoutais, je dirais que c’était un très bon épisode. Sauf que je serais capable de dire ça pour Shadow Dragon aussi, en forçant un peu. Donc pour parler un peu plus, disons, objectivement, que ce jeu offre une grosse amélioration par rapport à Shadow Dragon au niveau du scénario, et l’ajout de l’avatar offre un vent de nouveauté qu’il n’y avait pas avec son prédécesseur. Maintenant, le gameplay est toujours amputé de plusieurs éléments, et c’est toujours aussi moche. Mais disons que comme y a eu de grosses améliorations ailleurs, ça passe mieux. Si Shadow Dragon est contestable, c’est moins à cause d’un gros problème que l’accumulation de petits détails qui, additionnés, font que le jeu est effectivement décevant. Du coup, comme là y a moins de défauts et que y a plus de qualités, je pense qu’on peut dire que c’est un bon jeu et un bon remake.