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Dementium : L’Asile

Le

par

Les FPS sur DS, il y en a. Des bons, beaucoup moins. Alors quand un petit studio fondé en 2007 annonce pour la même année un FPS sur la portable double écran de Nintendo, avec l’ambition de faire peur, ben y’a de quoi s’inquiéter !
Et bien, oui : vous allez être inquiets… mais pour une autre raison !

Histoire

Qu’est-ce qui est le plus inquiétant : être attaché sur le fauteuil roulant, ou ne pas voir qui (ou quoi) vous pousse ?

Le scénario est on ne peut plus simple : dès que vous lancez la partie, vous voilà déjà en vue subjective, mais incapable de bouger. Vous vous apercevez que vous êtes sur un fauteuil roulant, les poignets attachés aux accoudoirs, et poussé par on ne sait qui à travers des couloirs sombres, dans lesquels vous pourrez entrevoir des personnes étranges… Après cette courte intro d’une dizaine de secondes, vous vous réveillez sur un lit d’hôpital, et le jeu commence !

Et oui, c’est tout ! Dementium est du genre « on vous lâche dans un lieu hostile sans que vous sachiez pourquoi », un peu comme dans les films Cube et Saw. Seul indice : dans le premier couloir visité, vous trouverez une page de journal avec le titre « Un homme assassine sa femme »… Rien de bien étrange, sauf si on repense à la phrase « Pourquoi as tu fais ça ? » marquée sur le carnet que vous avez récupéré dans la pièce où vous vous êtes réveillé au début… Avez-vous un lien avec ce meurtre ? La question sera vite oubliée, puisque votre objectif prioritaire sera de sortir vivant de cet endroit. Vous trouverez rapidement une lampe de poche, essentielle pour vous enfoncer un peu plus dans l’exploration de cet hôpital désaffecté, dans lequel la moitié des couloirs sont barricadés… et d’où résonnent des cris mêlés de voix enfantines.

Gameplay

Le couloir est encombré… Trouvez un autre chemin.

Dementium est clairement un survival horror, mais c’est avant tout un FPS. Et le meilleur gameplay vu sur DS pour ce genre si particulier, c’est dans Metroid Prime Hunters. Et bien Dementium se joue de la même manière ! On dirige le perso à la croix directionnelle combinée avec l’écran tactile – qui dirige la vue subjective, et donc le viseur de votre arme. Le bouton R alterne la lampe de poche avec la dernière arme sélectionnée et le bouton L sert à tirer. C’est tout! Oui, votre perso est incapable de sauter, mais à quoi ça servirait dans un hôpital ? A sauter par-dessus les tables et canapés qui servent de barricades ? … Ah bah oui, c’est pas con, tiens. Mais non. Bref, pour en revenir à cette configuration de gameplay : c’est simple, c’est rapide à prendre en main, et c’est même plus efficace et précis que les FPS sur console de salon qui se jouent avec 2 sticks analogiques. De plus, la caméra réagit vraiment instantanément dès que vous manipulez le stylet sur l’écran tactile ! Et bien évidemment, une configuration pour les gauchers existe. Bref, une jouabilité rapide, précise et efficace : un sans-faute !

Là où certains trouveront à redire, c’est dans le choix des développeurs, qui ont préféré alterner arme et lampe de poche (comme dans Doom 3), plutôt que de permettre de se servir des deux en même temps. Un choix discutable, mais justifié par cette volonté de rendre l’ambiance du jeu oppressante. Le fait d’afficher la lampe de poche en permanence aurait rendu le jeu moins stressant, en permettant de voir tous les ennemis de loin et de leur tirer dessus à une longue distance. Là, il va falloir localiser les ennemis méthodiquement, sans oublier de vérifier chaque recoin, en se guidant à l’oreille, en écoutant de quel côté vient ce râle agonisant… Ensuite, il faut s’approcher très près, puisqu’un « brouillard » très prononcé (un peu trop, parfois) empêche de voir ce qui se passe à plus de 2 mètres… Ça peut paraitre frustrant, et ça l’est parfois… mais qu’est-ce que c’est bon de se faire des frayeurs, avec ce principe !
Par contre, un conseil : jouez avec le strap plutôt qu’avec le stylet. L’accès au bouton R n’en sera que plus facile, et ça vous évitera de vous mélanger les pinceaux (enfin les stylets, plutôt) au moment de lâcher la lampe pour prendre une arme le plus vite possible !


Étrangement, le stylet n’est que peu sollicité pour résoudre les énigmes… qui ne sont d’ailleurs pas très nombreuses.

Pour le reste, le choix des armes – 8 au total – se fait directement au bas de l’écran tactile. Vous aurez également accès à une carte (à condition de la trouver… il y en a 2 pour chaque étage car l’hôpital est étendu sur 2 immeubles : ça fait… 14 cartes !), à un bloc-notes qui ne comprend que 2 pages (!), et vous pourrez aussi examiner les objets découverts et changer les options. Votre barre de vie est affichée sur l’écran tactile, avec votre rythme cardiaque, qui est purement décoratif, bien qu’il change de couleur lorsque votre vie baisse dangereusement.

Votre personnage marche plutôt lentement, mais vous pourrez courir en appuyant 2 fois rapidement sur le bouton haut. Des munitions et des soins sont planqués un peu partout…Bon, pour les soins, je veux bien, ça paraît cohérent, on est dans un hosto après tout ! Mais trouver des placards d’armes ou des cartouches de fusil bien en évidence sur un bureau, ça fait pas super crédible… Bah, osef : des munitions, on trouve juste ce qu’il faut, c’est à l’image de la difficulté du jeu : bien dosée !

Les étages sont labyrinthiques au possibles : il y en a 7, répartis sur 2 bâtiments, plus le toit, la cour, et même une chapelle. Contrairement à ce que cette structure peut laisser penser, on ne fait que très peu d’allers-retours (sauf si on est paumé comme un con !), et le jeu ne parait pas linéaire, puisqu’on est pas forcé de prendre un seul chemin : 2 couloirs différents peuvent vous mener à un même endroit. Bref, une jouabilité impeccable dans un level-design bien pensé (malgré le fait que c’est super frustrant de faire le tour complet de l’étage, juste parce que 3 chaises et une table vous empêchent de passer… Franchement, le type que vous dirigez est pas manchot, quoi ! Ça lui prendrait quoi… 2 minutes pour pousser un peu tout ça ! Enfin…), un Doom-like à l’ancienne dans une ambiance flippante : que du bon, quoi !

Réalisation

La petite fille à l’air morbide : un cliché incontournable des jeux/films d’horreur actuels !

Bon, la jouabilité est au poil, l’histoire intrigante donne envie d’en savoir plus, et la progression est bien pensée. Alors qu’est-ce qui pêche ? La réalisation ?

Et bien non, très loin de là : c’est juste le gros point fort du jeu ! Graphiquement, c’est exceptionnel pour la DS : on pourrait penser que le brouillard à 2 mètres devant soi est là pour masquer un clipping omniprésent : et ben que nenni ! Allez dans la cour, sortez votre lampe torche, et regardez le haut des immeubles : aucun clipping, et pourtant une profondeur de champ juste impressionnante. Et ce, même dans les couloirs encombrés de meubles. On peut toujours essayer de voir le plus loin possible : aucun clipping ! Pourtant, les décors sont détaillés, il suffit de visiter les chambres d’hôpitaux ou les bureaux. Les textures sont certes pixelisées quand on les regarde de très près, mais c’est vraiment pas gênant. Petit point faible : les textures ne sont pas très variées ! Mais bon, on est dans un hosto, donc ça paraît un peu normal… Et pis vous verrez quand même une grosse différence quand vous passerez des couloirs à la garderie, la chapelle, ou le réfectoire !


Un ascenseur dans un hôpital désaffecté… Le truc qui met bien en confiance !

Côté modélisation des ennemis, bah c’est plutôt basique, surtout pour les premiers qu’on croise… Mais bon, on a pas bien le temps de les voir… Si vous les voyez longtemps de très près sans bouger… C’est que vous êtes mort ! 🙂 Par contre, pour les très rares personnes « normales » qu’on croise dans l’hôpital, ce qui marque immédiatement, c’est la finesse des visages : impressionnant ! C’est pas une texture figée, mais bien des visages modélisés en 3D !

Bon, avec tout ça, l’animation doit en prendre un sacré coup, non ?

Même pas ! Le jeu est supra fluide, à aucun moment il n’y a eu le moindre ralentissement ! Et comme je l’ai dit plutôt, la vision du héros réagit instantanément au moindre coup de stylet. Des temps de chargement ? Y’en a pas non plus ! Le faisceau de la lampe de poche est vraiment bien restitué, l’effet de pluie à l’extérieur est très réussi, et… oui, la pluie à l’extérieur, oui. Parce que la pluie à l’intérieur ça n’existe pas, non. Mais la pluie vue de l’intérieur, par une fenêtre, oui : sauf que là, l’effet est bien moins réussi… Mais bon, dans un souci de cohérence, ça a le mérite d’avoir été fait, quand même ! Et pis, l’orage à l’extérieur a un effet positif : celui d’éclairer momentanément la pièce, afin de repérer furtivement les ennemis présents… Bref, en plus d’une réalisation exceptionnelle, il y a un souci du détail, qui se ressent à chaque pièce visitée malgré un décor un poil répétitif. Du beau boulot.

Musiques et sons

Ça se voit pas forcément en images, mais la pluie est très réussie !

Bon, jusque là, c’est un sans-faute… mais qu’est-ce qui cloche dans ce jeu ? Le coté sonore ? Ah, ce serait pas étonnant, on est « que » sur DS après tout…

Encore perdu 🙂
Enfin, à moitié…

D’abord, les musiques : la majorités des musiques sont jouées au piano, et là, le son est moyen, puisque ça grésille un peu quand même… C’est dommage, mais ça n’enlève rien à la qualité des mélodies : mélancoliques dans les couloirs et les pièces vides, et bien angoissantes et stressantes dans les salles où se planquent quelques bestioles ! Mais là où le jeu fait fort, c’est que la musique fait le plus peur… quand il n’y en a plus ! En fait, il y a toujours de la musique dans le jeu, et elle change selon la pièce dans laquelle vous vous trouvez, évidemment… Mais il arrive que lorsque vous entrez dans une salle que vous ne connaissez pas, et que d’un coup, on n’entend rien d’autre que les battements de cœur du héros, la tension monte d’un cran ! Bref, du bon boulot les mélodies et dans la mise en scène sonore, il n’y a que la qualité sonore des hauts parleurs de la DS qui est à remettre en cause.


Et les bruitages ? MOUAH AH AH AH !

Si on excepte, là encore, la qualité moyenne des haut-parleurs de la DS, c’est complètement réussi : les bruitages jouent énormément sur l’ambiance du jeu, mais aussi sur le gameplay, puisque dans le noir, il vous faudra repérer les monstres à l’oreille ! Les bruitages sont juste excellents : le bruit de la lame géante d’un monstre qui racle sur le sol fait frissonner. On entend parfois des voix graves résonner dans les couloirs, pourtant déserts, et aussi une fillette qui chantonne ou qui sanglote… Bref, les bruits d’ambiance sont excellents, ceux des armes plus conventionnels… et les râles de monstres font froid dans le dos, surtout ceux des hurleurs ! Le bruit de la pluie s’intensifie quand on s’approche des fenêtres, on s’y croirait presque ! Presque, hein.

Par contre, les sangsues n’ont pour cri qu’une sorte de miaulement strident qui fait un peu pitié… Sinon, je le redis : c’est du tout bon ! Et entendre les battements de cœur de votre personnage s’accélérer quand sa vie diminue, ça rajoute une bonne dose de stress ! A la base, ce son est peu trop discret… Il est tout de même possible de régler le volume sonore de la musique et du rythme cardiaque dans les options ! Un souci du détail vraiment appréciable, qui plus est pour la DS.

Les rares personnes que vous croisez vivantes ne le resteront pas longtemps…

Durée de vie

Mais enfin, y’a un point faible dans ce jeu, ou pas ?? Et bien malheureusement, oui… La prouesse technique que représente ce jeu a évidemment un impact sur le stockage des données sur la carte DS, et donc sur la durée de vie : le jeu est très court ! Il faut compter 5 ou 6 heures pour en voir la fin… Ce qui complique un peu l’aventure, en dehors de ses situations parfois difficiles, c’est le système de sauvegarde : une partie s’enregistre définitivement dès que vous commencez un nouveau chapitre. Mais il est impossible de sauvegarder en plein milieu d’un chapitre ! Enfin si, mais pas complètement : il s’agit d’une sauvegarde temporaire, qui s’opère à chaque porte franchie. Si vous éteignez la console (où que vous tombez en rade de batterie !), vous recommencerez donc à la dernière porte franchie. Mais si vous perdez, vous recommencez au début du chapitre ! Ce système pourra en rebuter certains, mais apporte vraiment une difficulté au soft, ce qui n’est au final pas si grave, puisque le jeu n’est pas insurmontable, exception faite de quelques passages plutôt chauds…

Le hurleur : l’ennemi de base le plus dangereux du jeu… Il est rapide, fait très mal, et son cri fait froid dans le dos!

Malgré ça, on y revient avec plaisir, pour son ambiance, son gameplay et sa réalisation… Si c’est pas la marque d’un grand jeu, ça ! Vous disposez de 2 fichiers pour sauvegarder votre partie. Par contre, un regret : une fois le jeu fini… ben générique, et retour à l’écran-titre, sans rien débloquer : pas de bonus, de nouvelles armes, de niveau de difficulté supplémentaire… rien, nada ! C’est vraiment dommage, on aurait pas craché sur quelques bonus, avec une durée de vie aussi faible…

Dernière remarque, avant de boucler ce test, et pas des moindres : à l’heure actuelle, le jeu n’est toujours pas annoncé pour l’Europe ! Il faudra donc vous tourner vers l’import pour en profiter maintenant… D’autant plus que la DS n’est pas zonée, et que le jeu US dispose d’une traduction française ! (hélas bourrée des photes daurtaugraffe).

En bref…

HISTOIRE : 19/20
Oui, j’abuse sur la note, mais je vous merde. J’adore le fait d’être plongé dans l’action sans aucune explication, et de découvrir des bribes d’histoires et des indices donnés au compte-goutte… Ça nous laisse imaginer plein de théories, et ça renforce le coté mystérieux du jeu. Dommage que ça manque un peu d’originalité, par contre…

GAMEPLAY : 17/20
Le gameplay FPS de Metroid Prime Hunters avait fait ses preuves, il est repris avec brio ici ! Le fait d’alterner la lampe de poche avec le flingue peut gêner, sinon, c’est tout bon…

GRAPHISMES : 19/20
Incroyables de détails. Les décors sont pas très variés, mais bon, on est dans un hosto après tout. A part ce détail, Dementium fait certainement partie des jeux les plus beaux de la DS. La réalisation technique est LE point fort du jeu, avec son ambiance !


ANIMATION : 19/20
Une fluidité exceptionnelle dans les déplacements de caméra ! Par contre, les animations des ennemis sont toujours les mêmes, et un peu ratées… mais là je chipote ! C’est fluide et il n’y a aucune baisse de frame rate, c’est le principal.

MUSIQUES ET SONS : 17/20
Les musiques sont inquiétantes, mais c’est rien à coté des bruitages ! Les cris des hurleurs, les bruits de couteaux qui raclent le sol, la voix de la fillette qui chantonne… brrrrr ! Dommage que les hauts-parleurs grésillants du NDS y mettent du leur.

DURÉE DE VIE : 10/20
Aïe! Le point faible du jeu : en seulement 5 ou 6 heures, vous aurez fini le jeu… Comptez un peu plus, si comme moi vous bloquez à un certain chapitre où si une des énigmes (trop rares à mon goût) du jeu vous aura fait tourner en bourrique (et surtout tourner en rond). En tout cas, on y revient quand même avec plaisir, pour toutes ses autres qualités !

Note Finale : 17/20
Dementium ? Démentiel ! On attendait un bon FPS sur DS : on a eu une référence du genre ! Techniquement c’est une réussite totale, et le jeu vous fera sursauter et même angoisser : inattendu pour un jeu sur portable ! Un level design bien foutu, une réalisation technique impressionnante, un gameplay excellent, une ambiance flippante… Seuls défauts : c’est un jeu très « classique », et bien trop court. Mais si vous aimez les FPS et les survivals horror, foncez sans hésiter !

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