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Streets of Rage

Le

par

La nuit est tombée sur la ville. Entre les tours éclairées serpentent des ruelles où plus personne n’ose mettre le pied. Dans la pénombre se cachent les pires malfrats, prêts à tout pour dépouiller les passants innocents, au mépris des forces de l’ordre. Mais que fait la police, ma bonne dame ?!

Peur sur la ville.

Une image vaut mieux qu’un bon discours, mais là, vous avez les deux à la fois.

C’est un peu ce qui pourrait résumer l’histoire de ce jeu. Vous êtes jeté dans une ville dont vous ne connaissez visiblement pas le nom, mais qui pourrait en être une parmi les centaines de mégapoles qu’on peut trouver au Japon, ou même aux États-Unis. Une organisation criminelle inconnue est arrivée de nulle part et en très peu de temps, à force de racket, de violence et de corruption, a réussi à asseoir son pouvoir sur toute la cité. Les forces de police et le gouvernement ne peuvent rien faire tant l’organisation a perverti les fonctionnaires pour s’installer confortablement. Et pendant ce temps, les vauriens et les malfrats prolifèrent dans les rues.

C’était sans compter l’aide de trois anciens flics sortis eux aussi de nulle part et voulant faire parler leurs poings. Adam Hunter (le noir), Axel Stone (le blond) et Blaze Fielding (la fille) sont ces trois policiers experts en arts martiaux qui ont décidé de rétablir l’ordre par leurs propres moyens, en mettant à terre quelques bonnes centaines de racailles dans les rues (oups, attention à l’emploi de ce terme !).


On est là dans la pure tradition des films d’autodéfense des années 90, puisque le jeu a vu le jour en 1991. Des thèmes récurrents au cinéma à l’époque et même depuis bien avant, donnant parfois de très beaux nanars ainsi que des navets. Dans le jeu, le thème de la vengeance personnelle qu’on retrouve souvent dans les films n’est pas mis en avant : les trois jeunes héros prennent le taureau par les cornes tout simplement parce qu’ils sont flics et que c’est leur devoir. Les malfrats mettent la ville à sac, ça ne peut plus durer, allons-y.
On a vu plus complexe, comme scénario, me direz-vous ! Mais n’oublions pas que ce jeu est un beat them all : on avance et on tape sans se poser de questions. Et même s’il y a eu plus complexe, il y a surtout eu plus simple parfois ! Souvenons-nous (ou pas) de My Hero sur Master System, donc le scénario tient à ceci : un gars se fait piquer sa copine par un punk, il part la sauver. Streets of Rage pose au moins un décor urbain et une ambiance à part entière.

Et tu tapes, tapes, tapes…

Le beat them all est un genre à ne pas confondre avec Catch’em all, qui est la devise des Pokémon. Le beat’em all est un genre spécifique où on avance et on tape les méchants qui arrive vers nous. En général, on a droit à quelques coups spéciaux, mais généralement moins que dans un jeu de baston à part entière. Non, l’essentiel ici est de survivre aux vagues d’ennemis qui déferlent sur l’écran pour arriver jusqu’au boss de fin de niveau, et, sur le long terme, au boss de fin.

Pas la peine de te cacher, je vais te casser les genoux quand même !

Découpé en 8 niveaux, on regrettera tout de même que les ennemis ne soient pas plus variés. Au début, vous aurez droit à des mecs en blouson qui essayent de vous attaquer à coup de poing et de pied, mais aussi avec des battes de base-ball ou des couteaux, puis arriveront des gars capables de vous tacler ou de vous jeter. Quelques centaines de mètres plus loin arriveront des nanas vêtues de cuir et armées d’un fouet (je me tairais quand à ce que cela peut révéler sur les inspirations des concepteurs du jeu) et des karatékas qui voltigeront dans les airs. Voilà, dès la fin du premier niveau, vous avez vu 80% des ennemis du jeu. S’ajoutera par la suite une espèce de troubadour qui jongle avec des torches ou des haches et vous les jette dessus.
L’astuce des concepteurs, c’est d’avoir pris ces ennemis et de changer leur couleur tout au long du jeu ! Ainsi, les loubards du début, habillés en bleu, virent au vert après quelques niveaux, signalant ainsi qu’ils sont plus forts et plus résistants. Chaque ennemi évolue donc ainsi et change de couleur au fil du jeu. Oui, ce n’est pas super original, j’avoue, mais on a au moins la chance de connaître la technique d’attaque de chacun.
Là où le bas blesse un peu, c’est que les boss aussi sont récurrents. D’une taille assez imposante, ils sont très forts voire même trop forts et sans faille apparente. Et comme si ce n’était pas déjà assez difficile, on nous les ressert au fil du jeu, toujours en changeant leur couleur ! Pire que tout, à deux endroits, vous affronterez un boss en double ! Deux monstres de puissance face à vous, c’est un des pires moments du jeu…
Toute cette redondance est un peu regrettable et sent vraiment le manque d’inspiration. Au final, on aurait aimé voir plus d’idées, car celles déjà exposées sont bonnes : chaque ennemi a sa propre façon d’attaquer et les boss requiert chacun une nouvelle manière de s’y prendre.


Quant à nos héros, car ce sont quand même eux les héros, ils sont trois et ne se ressemblent pas trop. Ils ne sont pas égaux : leur force, leur agilité, leur vitesse sont variables selon qui vous prendrez. Par exemple, Blaze (qui s’habille, comme toute personne allant se battre dans la rue, avec des habits TRÈS courts) est rapide et agile mais manque de puissance, alors qu’un des deux autres gros bras péchera sur la vitesse tandis que ses coups seront ravageurs. A vous de faire votre choix selon ce que vous privilégiez.
Au niveau de la maniabilité, les 3 boutons de la manette sont tous assignés à une tâche précise, que vous pouvez paramétrer dans les options. Par défaut, le A permet d’appeler des renforts de police (qui détruisent tout sur le terrain mais sont en nombre plus que limités), le B permet de donner un coup et le C de sauter, tout simplement. En combinant le B et le C, on arrive à des coups vraiment intéressants : coup de pied sauté (classique mais redoutable), projection d’ennemis (sur d’autres ennemis, c’est encore mieux), pirouette par-dessus l’adversaire et éclatage de crâne (il faut être souple), etc. Au final, l’arsenal se limite à une dizaine de coups simples et plus complexes, mais c’est largement assez pour venir à bout des ennemis.
Ajoutons que vous pouvez vous aussi, comme l’ennemi, vous servir de bouteilles de verre ou de canalisations pour faire des dégâts considérables en face. Mais prenez garde, si vous échappez trop de fois l’objet, il est perdu.


Concrètement, comment se déroule un niveau ? Vous arrivez, vous avancez vers la droite (attention, variante au dernier niveau : vous avancez vers la gauche ! Quelle révolution !) et soudain, l’écran s’arrête. Là, les ennemis arrivent, vous les massacrez et quand tout est fini, une petite flèche vous intime de continuer à avancer. Le chronomètre gagne de nouvelles secondes et on continue ainsi jusqu’au boss. Vous vous attendiez quand même pas à résoudre des énigmes ?! Malgré ce schéma simpliste, le jeu est loin d’être facile. Vous naviguez sur plusieurs plans en profondeur en utilisant la croix vers le haut ou le bas, et ceci permet d’éviter l’ennemi, ou au contraire, de le prendre par surprise, etc. Et certaines vagues d’ennemis seront vraiment coriaces, sans parler une nouvelle fois des boss, vraiment durs et puissants, pouvant vous tuer en trois attaques, voire parfois moins. Mention spéciale au boss final, de toute beauté : difficile, puissant, rusé, original. Il mérite qu’on s’accroche pour aller au bout !

Ce karatéka fera moins le fier après un bon coup de canalisation.
Pas subtil mais efficace.

En somme, l’apparente simplicité du jeu cache une difficulté venant des ennemis de plus en plus difficiles à battre et des boss qui vous mettront rapidement en charpie si vous ne réagissez pas. Le tout saupoudré par des regains de santé assez peu nombreux et vraiment précieux.

Les bons vieux pixels d’autrefois.

Streets of Rage est loin d’être moche. Je n’irai pas le qualifier du plus beau jeu de la console, mais il est assez réussi sur un plan artistique et technique. L’ambiance urbaine est bien représentée et nous offre des décors variés : ruelles, bateau, plage, intérieur chic, etc. Les différents plans en profondeur permettent l’incrustation de décors sur l’avant de l’écran, qui cachent le personnage lorsqu’on passe derrière, ou bien la présence d’obstacles pouvant cacher des objets et dont le personnage peut faire le tour tout à fait normalement.
Et pour une fois sur Megadrive, l’eau n’est pas si moche que ça ! Évidemment, on en voit peu (dans deux niveaux, l’eau occupe le bas de l’écran) mais son traitement a le mérite de ne pas rendre le joueur épileptique comme dans pas mal de jeux sur Megadrive à l’époque.

Les ennemis, j’en ai déjà parlé, changent de couleur au fil du temps pour signaler qu’ils deviennent plus forts. Ils sont par ailleurs assez bien modélisés et leurs réactions sont plus ou moins aléatoires : ils tenteront préférentiellement de vous prendre à revers, reculant lorsque vous êtes de front et accélérant dans votre dos pour essayer de vous faire mal. Si on y regarde de trop prêt, on peut parfois effectivement voir que les personnages ne sont pas spectaculairement beaux, mais personne ne joue à 10 cm de son écran ! Et si tel est le cas, c’est mal, vous allez être myope dans peu de temps.

Un slip panthère comme on n’en fait plus.

Les héros sont plus soignés mais bénéficient grossièrement d’une modélisation proche de celle des ennemis. Les boss quant à eux sont particulièrement jolis et détaillés. Ils sont franchement agréables à regarder.

Du point de vue de l’animation, là aussi, tout va bien dans la majeure partie des cas. Les ralentissements sont vraiment très rares, quand les ennemis sont vraiment très nombreux à l’écran. Les clignotements sont par contre un peu plus fréquents mais ne gênent vraiment pas le plaisir de jouer. En somme, sans être le plus beau jeu du monde, Streets of Rage est vraiment agréable à regarder et se balader dans les faubourgs malfamés de la ville en dézinguant des karatékas ne vous fera pas fondre la rétine.

Rap au fromage.

Avant toute chose, mes excuses auprès des lecteurs pour le titre de cette partie.

Au niveau sonore, les thèmes que l’on pourra retrouver tout au long du jeu seront principalement orientés rap et techno, avec des thèmes à consonance très urbaine. Dans l’ensemble, ça se laisse écouter : même si ce n’est pas le genre que je préfère, ça a au moins le mérite de coller vraiment bien à l’ambiance globale et à l’environnement précis de chaque niveau, et c’est finalement ça qu’on retiendra. De plus, les thèmes demeurent assez variés et peu répétitifs, donc inutile de couper le son de la télé ^^ Vous pourrez aussi faire un tour par le sound test si ça vous chante, histoire d’écouter tout ça quand vous le souhaitez.

A l’époque, on savait s’amuser.
La police ne prenait pas de gants et bombardait les délinquants au lance-roquette…

Pour les sons, c’est un peu plus délicat. Ils sont de bonne facture dans l’ensemble, mais je retiendrais surtout le cri monstrueusement aigu que font les filles quand elles prennent des coups ou qu’elles meurent. Blaze également n’y échappe pas. Pour vous faire une idée, prenez un clou et passez-le sur une vitre très fort… C’est vraiment très désagréable >_<
A part ça, les sons sont agréables et une fois encore retranscrivent bien l’ambiance. Le crissement des pneus de la voiture des flics quand ils arrivent ou encore le râle d’un boss qui rend l’âme, jusqu’au bruit de bris de verre d’une cabine téléphonique, on ne se posera pas la question : « heu, c’était quoi, ce que je viens d’entendre ? ». Tout est propre et audible, c’est l’essentiel.

Trois petits coups et puis s’en vont.

Streets of Rage est un jeu court, et j’ai envie de dire « par définition » vu que comme la majorité des jeux Megadrive, il n’y avait pas de système de sauvegarde. L’intérêt du jeu est sa difficulté. Vous pourrez choisir entre facile, moyen ou difficile dans les options, et autant dire que le finir en difficile vous prendra du temps. En effet, les boss sont coriaces, surtout quand on ne connaît pas bien leur manière d’attaquer. Les ennemis seront souvent en très grand nombre et ne vous feront pas de cadeau. On gagne donc ce jeu sur le long terme : au fur et à mesure des défaites, on parvient à avancer en connaissant plus ou moins la technique des adversaires.
Mais une fois que vous serez bien rodé, si vous enchaînez les niveaux sans interruption, vous plierez le jeu en une heure ou deux. La rejouabilité sera finalement assez faible une fois que vous aurez terminé, surtout si vous terminez le mode de difficulté le plus fort.
Reste tout de même que Streets of Rage est une très bonne expérience et parfois, je me plais à relancer une partie pour castagner des méchants ^^

Vous appelez ça une tenue de combat ?!

En bref…

HISTOIRE : 14/20
Finalement assez classique, voire cliché mais l’univers est cohérent et fait son effet. On a vu plus complexe, mais on a aussi vu plus mauvais.

GAMEPLAY : 16/20
Les personnages répondent au doigt et à l’œil et enchaînent les quelques coups spéciaux avec brio, de telle manière que si vous perdez, c’est que vous n’êtes pas encore assez bon ^^

GRAPHISMES : 15/20
Une bonne gestion des capacités de la console, des décors réussis, des personnages plutôt réussis. Une bonne réalisation dans l’ensemble.


MUSIQUES et SONS : 14/20
Une ambiance sonore en adéquation avec l’univers et des sons dans l’ensemble agréables (sauf les cris des femmes >_<) : un total réussi.

DURÉE DE VIE : 12/20
Un jeu finalement très court quand on le connaît mais qui vous donnera du fil à retordre et des game over pendant un long moment avant de le maîtriser !

Note Finale : 15/20
Streets of Rage est finalement un bon jeu, de la bonne époque de la Megadrive, avec une réalisation soignée et du challenge qui tient en haleine pendant longtemps, pour peu qu’on ne se frustre pas devant les nombreuses défaites que l’on rencontrera. Essayez-le, vous allez l’adorer !

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