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La direction de Nintendo s’exprime sur la Switch, le mobile et le futur

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On parle beaucoup, chez Nintendo, en ce moment ! Entre les diverses interviews concernant la sortie de la Switch ou de Breath of the Wild, les grands pontes de la firme s’exposent et bavardent avec beaucoup de journalistes.

Et ça bavarde aussi en interne, comme en témoigne une série de questions / réponses qui a été organisée entre certains actionnaires et quelques personnalités de chez Nintendo. Le compte-rendu total de 7 pages est disponible ici, mais pour les flemmards et les anglophobes, je vous ai fait un résumé !

Qui donc intervient dans cette session ? Tatsumi Kimishima, bien sûr, en qualité de président, épaulé par Shinya Takahashi, le directeur et manager exécutif. Du côté créatif, on retrouve les indispensables Shigeru Miyamoto, toujours « Creative Fellow » selon la hiérarchie de l’entreprise, et Genyo Takeda, alias le « Technology Fellow ». Alors, il s’est dit quoi dans cet entretien ? On va voir ça !

Une image qui nous change un peu de celle où il fait la gueule !

À propos du succès de Pokémon GO

La première question porte sur le succès éclair cet été de l’application Pokémon GO, qui, de l’aveu de Takahashi et Miyamoto, a pris tout le monde de court même au sein de Nintendo. Takahashi voit ce premier test comme un vrai succès : l’impact qu’a eu l’application sur les ventes de jeux Pokémon, et notamment sur la sortie de Pokémon Soleil et Lune, est une excellente façon de créer une synergie autour de certaines licences. De plus, il entend bien continuer de sortir des jeux sur tablettes et téléphones, en pensant notamment à certaines catégories de joueurs, comme les jeunes enfants, plus à l’aise selon lui sur une tablette.

Miyamoto s’avoue lui aussi particulièrement surpris, surtout après les premières annonces et présentations du jeu, notamment à l’E3 2016, suite auxquelles le titre n’avait pas spécialement crevé l’écran. Le lancement colossal et le buzz médiatique autour du jeu a donc été une surprise, et les estimations de Nintendo en termes de ventes et d’impact sur les autres jeux Pokémon ont donc été largement dépassées. Pour Miyamoto, c’est clair : il faut continuer sur la voie du jeu mobile, qui a été florissante pour cette première année.

Et ça tombe bien, puisque Kimishima annonce que Nintendo continuera sur un rythme de deux à trois jeux mobiles par an à l’avenir.

À propos du développement de la Switch

On attaque ensuite le vif du sujet, avec l’inévitable Switch. Pour Takahashi, le but initial était bien sûr de créer une console de salon que l’on peut transporter où on veut et jouer même sans télé… En gros, il voulait une console portable, quoi ! Mais bon, Nintendo reste sur sa ligne directrice : la Switch est une console de salon. Il se souvient avec joie la surprise des testeurs lorsque la console a été retirée de son socle pour passer en mode nomade : l’expérience était particulièrement novatrice et agréable. D’autres tests avec le prototype de 1-2-Switch ont également montré que le fun était présent et que la console pouvait apporter du plaisir à tous les types de joueur.

Shinya Takahashi.

Miyamoto précise également son rôle sur le développement, qui n’a été, avec Genyo Takeda, qu’assez lointain : les jeunes recrues de Nintendo venaient les voir souvent avec les prototypes pour recueillir des conseils. Selon lui, Nintendo crée des concepts uniques, et, de fait, il n’y a donc pas de concurrence directe quand le produit est unique ! CQFD. D’autre part, il confirme avoir ressenti beaucoup de réactions positives lors des présentations tests de la console, et se dit confiant pour la suite.

Takeda lui emboîte le pas, avec une phrase qui synthétise la Switch à ses yeux : « hautes performances mais faible consommation d’énergie« . Marqué par l’essor du PC, surtout hors du Japon, il a tout fait pour intégrer la technologie GeForce de NVIDIA dans la console. Confiant, il n’hésite pas à comparer ce cross-over qu’est la Switch à un PC ! Carrément !

Genyo Takeda, nous rappelant que la Gamecube avait une poignée !

Sur le développement des jeux et les éditeurs tiers

Sur ce point, Takahashi se veut rassurant : contrairement aux précédentes consoles Nintendo, où la société préférait créer son propre environnement de développement, la Switch a été pensée pour être prise en main par une multitude de développeurs tiers, afin qu’ils puissent créer facilement beaucoup de titres. Même de petites sociétés ont ainsi pu développer rapidement sur Switch (l’exemple parfait en est Snipperclips). Les kits de développement ont été distribués depuis l’an dernier, et les réactions étaient toujours enthousiastes à la découverte de la console. Takahashi le martèle : les développeurs tiers vont abreuver la Switch en nouveaux titres !

Miyamoto précise ensuite que les équipes de développement portable et console de salon ont été fusionnées en un seul grand ensemble, ce qui permet une plus grande efficacité. Nintendo poursuit donc sur les traces des remaniements initiés par Iwata, qui avaient rassemblés les troupes au lieu de les maintenir divisées comme à l’époque du président Yamauchi. D’autre part, Miyamoto a tout fait pour que le portage des jeux PC soit facilité, grâce à un environnement de travail plus en adéquation avec ce qui se fait ailleurs : selon lui, il faudrait moins d’un an pour que n’importe quelle équipe porte un jeu PC sur Switch. Une bonne nouvelle si elle est exacte ! Et Nintendo n’est pas en reste, puisque les équipes internes ont bossé dur sur le Unreal Engine et sont prêtes à produire des titres de qualité comme sur PC.

Et Takeda de conclure sur la vieille rivalité entre Nintendo et NVIDIA, à l’époque où la société japonaise se fournissait chez Silicon Graphics pour sa Nintendo 64. Cette fois-ci, NVIDIA est de l’autre côté de la barrière et Nintendo a préféré opter pour la coopération que la rivalité.

Sur la cohabitation 3DS / Switch

La question qui tue ! Comment faire vivre la 3DS et la Switch simultanément si les utilisateurs utilisent davantage la console de salon comme une portable ? Mais Kimishima reste droit dans ses bottes : la 3DS ne joue pas sur le même plan, avec un prix, un poids, des fonctions et un catalogue de jeux différents. Il voit la 3DS comme la console que les parents offrent davantage à leurs enfants : ceci explique en grande partie les publicités pour la Switch jusqu’ici axées vers les jeunes adultes, puisque la 3DS reste, pour Nintendo, la console « des petits ».

Quant à savoir si une nouvelle console succèdera à la 3DS, c’est un non-sens pour Takahashi : Nintendo va toujours de l’avant et recherche l’innovation. Il y a aura d’autres consoles dans le futur, peu importe à qui elles succèdent.

Sur d’autres partenariats possibles dans le domaine mobile

Pour Kimishima, rien ne pourra se faire de correct sans le soutien de la société DeNA, fermement engagée avec Nintendo sur la création de jeux mobiles. Au pire, Nintendo fera appel à des sociétés additionnelles pour prêter main forte, mais DeNA reste un partenaire privilégié. De même, Takahashi précise que Mario sera toujours en embuscade : cela ne veut pas dire forcément qu’un nouveau jeu Mario arrivera derechef, mais que la mascotte reste capitale pour les plans de Nintendo.

Miyamoto stipule que Nintendo teste plusieurs jeux différents, avec des modèles économiques distincts, pour en tirer des conclusions. D’ailleurs, Super Mario Run est arrivé plus tôt que prévu : son développement a été terminé avec les autres applications, et vu que le résultat était très satisfaisant, Nintendo a décidé de le sortir en priorité.

Sur le mode online payant

Concernant cette épineuse question, Kimishima explique que Nintendo cherche à stabiliser ses revenus sur le long terme. Étant donné que les ventes, et donc le chiffre d’affaires, sont tributaires des sorties, ce qui occasionnent de nombreux pics au cours de l’année, le online payant sera un moyen de lisser un petit peu la courbe des revenus au cours du temps, en fidélisant une partie de la clientèle. Mais Kimishima ne pipe mot sur la possibilité que cet abonnement serve tout simplement à entretenir le service lui-même ! Takahashi n’en dit pas plus : pour lui, Nintendo continuera d’apporter des expériences solo, multi local et online sans discrimination et sans favoritisme.

Sur l’avenir de Nintendo

Vaste question que l’avenir. Kimishima souligne que Nintendo a embauché beaucoup de personnel ces derniers temps, ce qui ne va forcément se poursuivre indéfiniment : les recrutements se feront en fonction des besoins, et se focaliseront sur les gens expérimentés et ceux pouvant apporter des idées fun et créatives. Bien entendu, les partenariats externes continueront d’exister selon les besoins.

Miyamoto explique quant à lui que ces partenariats sont même indispensables : Nintendo ne peut pas engager des milliers de gens pour couvrir tous les aspects techniques du développement d’un produit, et doit s’allier avec ceux détenant déjà la connaissance technique (l’exemple typique récent est DeNA). Il reste également prudent concernant le recrutement, évitant d’avoir des équipes trop jeunes et ne possédant pas « l’ADN Nintendo », c’est-à-dire une bonne compréhension de la société, son passé et sa ligne directrice. C’est pourquoi les trentenaires actuels sont la clé de voûte du futur de Nintendo, aptes à prendre la main dans peu de temps.

Enfin, Takeda souligne la complexité croissante du milieu. Si, jusqu’ici, un diplôme en sciences informatiques suffisait pour travailler sur les produits Nintendo, désormais, un haut degré de maitrise technique et de spécialisation est requis. Nintendo doit donc se focaliser sur sa capacité à maitriser certaines technologies et les transformer en produits efficaces. Sans toutefois négliger les partenariats avec les universités ou les entreprises qui peuvent apporter une expertise…

Concernant la succession de Kimishima

La dernière question vise directement Kimishima, et la façon dont il envisage son rôle par rapport à… son successeur ! Curieuse question : on aurait pu s’attendre à une interrogation par rapport à la succession d’Iwata… Kimishima serait-il déjà sur le départ ? En tout cas, il envisage son rôle comme celui de quelqu’un conférant à Nintendo une structure permettant d’affronter l’avenir plus facilement. Lorsqu’il est devenu président, il était encore trop tôt pour révéler la Switch ou d’autres détails concernant le mobile.

D’autre part, son but est de créer une entreprise où les jeunes pourront avoir plus de responsabilité et s’épanouir. De son côté, il fera son possible pour continuer d’étendre l’implantation de Nintendo dans le mobile et de développer les licences phares de la firme. Et sa dernière phrase est lourde de sens : sa responsabilité est de trouver une personne capable de superviser les leaders de l’entreprise et de gérer toute l’organisation… Kimishima prend-il donc son rôle comme transitoire, en attendant qu’un véritable meneur, issu des équipes de développement (rappelons que Kimishima était aux ressources humaines jusqu’ici), sorte du rang et ne reprenne réellement le flambeau de Yamauchi et Iwata ? À suivre…

Il n’a quand même pas l’air si terrible, ce Kimishima…

Une transparence qui, quoi qu’il en soit, fait plaisir à lire. Comme toujours, Nintendo se montre particulièrement prudent sur les nouveaux marchés, notamment le mobile, et ne veut pas se mettre en danger en développant des technologies tombant dans l’oubli quelques années plus tard. 2017 sera une année charnière à n’en pas douter : si la Switch est un succès, Nintendo pourrait de nouveau tutoyer les sommets comme du temps de la Wii ou de la NES. Mais si c’est un échec, la situation sera particulièrement délicate pour l’entreprise après l’épisode douloureux de la Wii U… Réponse dans les prochains mois !