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Killer7

Le

par

Lassés des productions actuelles ? Resident Evil 4 vous a paru fade ? Vous voulez du gore, du psychopathe, du malsain, du vrai ? C’est la mission que tente le dernier jeu du Capcom Five, Killer Seven. Dans un Monde si proche et pourtant si loin de nous, vous incarnerez Harman Smith, un vieux croûton sans égal pour le meurtre sur commande, doublé d’une schizophrénie atrocement sur-développée. C’est dans cet homme que tient tout le concept du titre. Sept personnalités s’offrent à vous pour tuer comme bon vous semble, ou plus simplement pour progresser dans le scénario apocalyptique du jeu. Ici se mêlent les pires obscénités, de la géopolitique tordue et des scènes qui feraient passer n’importe quel survival-horror pour un jeu Barbie & Ken. Ah ben oui, c’est du grand Capcom sur le papier… Mais manette en main ?

La fin d’une époque

On se replace un peu dans le contexte : tout le monde se souvient que Capcom avait annoncé un supeeeer truc, le Capcom Five, soit 5 jeux exclu GC ! La suite on la connaît : PN03 n’est pas le hit espéré, Dead Phoenix porte bien son nom mort comme il l’est, Viewtiful Joe a été porté sur PS2, tout comme Resident Evil 4 et bien sur, Killer Seven. Voyons le bon côté des choses, on aura eu quelques hits grâce à Capcom. Loin de moi l’idée de faire le procès de la firme nippone, je garde ça pour les occidentaux ^^. Un gros bisou pour vous au passage, ainsi qu’à môssieur Mikami !

Killer Seven est donc le dernier de la liste, certainement celui qui aura connu le plus de retard, et celui dont on attendait le moins. Esthétiquement en totale opposition avec le marché actuel, limité à un public ultra averti et proposant un gameplay très particulier, seuls les bons frustrés des jeux qui-se-ressemblent-tous-actuellement ou les courageux oseront faire le pas. C’est un pari risqué et osé, pour l’acheteur et pour le développeur. D’ailleurs les ventes du titre devaient atteindre 300 000 exemplaires pour une suite, et l’énorme bide avec moins de 50 000 ventes mondiales nous cantonne à un seul et unique opus. Snif, grand public ingrat !

Graphismes

Habitués du cell-shading, good evening (mwahahah !). J’aimerais bien savoir ce que les détracteurs de ce style graphique ont encore à dire. C’est toujours pour les gamins ? Ah ben là non hein ! Jamais on aurait pu croire ça, mais Killer Seven semble plus réaliste que bien d’autres jeux, notamment dans les expressions des personnages. Comme j’aime souvent le dire : c’est simple mais efficace. C’est comme ça que pourrait se résumer toute la partie graphique, avec cette unique phrase. Les personnages sont tous plus charismatiques les uns que les autres, bien qu’un peu grossièrement modélisés. Enfin c’est le style qui fait ça dirons-nous.

Très simplistes, plutôt vide, c’est aussi ce qu’on pourrait dire des décors. Des maisons par-ci par-là, de la verdure aux couleurs zarbs, quelques monstres au sourire ravageur, c’est à peu près tout ce que vous verrez durant vos parties. Par contre on ne peut pas nier deux choses : la première, c’est la variété de ces décors. Parfois psychédéliques, parfois dans la pure tradition japonaise, et euh, pas mal d’autres trucs que je vous laisse découvrir. Seconde chose, c’est que tout ça à son charme. Une ambiance particulièrement glauque, un charme minimaliste non négligeable : l’esthétique contribue grandement au jeu, sans toutefois être une baffe technique. Évidemment c’est très controversé et assez spécial. On serait même tenté de ressortir le vieil adage « on aime ou on déteste ». Cela dit si vous n’êtes pas borné à la 3D polygonale tout ce qu’il y a de plus traditionnel, vous saurez apprécié le calme que le vide des décors dégage, ou alors l’angoisse que provoque chaque personnage, aux traits aussi lisse que ceux d’une poupée sadique. A noter que certains scènes cinématiques sont en anime d’une très impressionnante qualité, n’ayant rien à envier à celles de Tales of Symphonia, bien au contraire.

Gameplay

A l’image du reste, Killer Seven est entièrement dans sa bulle, poussant le genre action dans une nouvelle dimension. Toujours dans le kitch, le gameplay reste simple d’accès, jouissif et efficace. Combien de fois j’ai répété ces mots d’ailleurs ?

A la manière du déjà très vieux Pokemon Snap (oui oui vive la comparaison), les déplacements s’effectuent sur des rails, en maintenant le bouton A. Contrairement au jeu précédemment cité, tous se passe à la troisième personne et vous pourrez quand même choisir de faire demi-tour (avec le bouton B), de vous arrêter ou de prendre tel ou tel embranchement. Le champ de liberté est donc limité, mais c’est très loin d’être une prison. Je dirais même que j’imagine très mal Killer Seven avec une pleine liberté de déplacement. Ce procédé judicieux permet une approche beaucoup plus cinématographique, et vous avez d’ailleurs la possibilité de changer l’angle de caméra. Carrément jouissif pour se taper un gros trip un soir de solitude.

Pour ce qui est des phases purement action, on rentre là dans une vue à la première personne et un gameplay ressemblant fortement à quelques bonnes vieilles bornes d’arcade, en moins rythmé tout de même. Quoique, ça dépendra du moment. Enfin bref, passage à la première personne, petit scannage pour voir vos ennemis (ben c’est pas drôle s’ils étaient visibles hein ?) et c’est parti pour le show (euh …) ! Des Heaven Smiles se montrent donc et c’est à vous de les dégommer à l’aide du bouton R. Deux possibilités s’offrent alors à vous : soit vous dégommez comme un gros bourrin tout ce qui bouge, soit vous cherchez la précision et tuez en une balle vos adversaires grâce à leur point faible, coloré de jaune. Cette dernière technique a le mérite de vous apporter plus de sang, utile pour se régénérer. Heureusement tous les combats ne se résument pas à ça, vu que pas mal de types de « smile » ont été développés. Il faudra faire appel à Mask de Smith et sa toute puissance pour vaincre certains ennemis diablement renforcés, ou encore en retourner quelques uns pour faire apparaître leur point faible situé dans leur dos. Le tout à une vitesse assez conséquente, vu que ces méchantes bébêtes n’ont d’yeux que pour vous exploser à la face.


Musiques et sons

Étrangement, Killer Seven ne marque pas là son identité propre. On aurait peut-être apprécié des musiques dans la lignée de l’ambiance, on doit se contenter de musiques d’ascenseur, mais fortement sympathiques heureusement. Petites musiques d’ambiance donc, dans la tradition japonaise. Malgré cette routine (de qualité), on observe quelques pistes très kitchs notamment lorsqu’on s’approche du boss d’un niveau, un thème limite disco reprend ses droits. Là encore ça ne sera pas une grande bande son à écouter à pleine puissance au même titre que celles des grosses licences Nintendo, mais plutôt à écouter d’une oreille, pour se distraire pendant qu’on s’occupe à autre chose (comme à taper le test d’un jeu).

Passons au gros point fort du jeu, les voix. Impressionnantes de charisme et d’une qualité quasi-cinématographique, elles permettent sans mal de forger une personnalité déjà très détaillée à chaque personnage. D’ailleurs les personnages secondaires disposent du même soin, c’est là une preuve de bon goût. Oui y’a du bon goût dans Killer Seven… c’est surprenant hein ? Et encore plus surprenant, c’est certainement l’une des meilleures choses du jeu. Parlons maintenant un peu (pas trop faut pas que j’me foule un doigt en tapant) des bruitages et autres conneries/niaiseries du genre. Bon bruit bourrin de flingue, agréables battements d’ailes d’oiseaux, petits bips dans les menus, bref rien de folichon. Ce ne sont que des bruitages après tout hein ^^.

Scénario

Vous avez parlé de Kojima ? Oubliez-le. Si ici c’est nettement moins moralisateur, nettement moins réel ou bien nettement moins profond, Killer Seven vous offre lui un scénario beaucoup plus tordu, trippant et terriblement plus classe. Pas simple mais toujours efficace, comme quoi la formule marche dans tous les sens pour le soft de Capcom. Du très grand donc, mais voici un petit résumé pour juger par vous-mêmes.

Harman Smith est un tueur. LE tueur de la planète, plus puissant qu’une armée à lui tout seul ? Tout seul ? Non, il est sept. Sept personnalités dans cette seule personne, toutes plus douées les unes que les autres dans leur sombre matière de prédilection. La schizophrénie du bonhomme est poussée à l’extrême pour la grande joie du joueur. Donc, comme le joueur c’est vous, vous pourrez faire mumuse avec :
Garcian Smith, le seul capable de communiquer avec Harman (lui-même donc ?_ ?). Son surnom ? Le nettoyeur (donné par lui-même). C’est lui qui ressuscite les autres membres du Killer7.
Dan Smith, certainement le plus psychopathe de la bande. Il ne veut qu’une chose : tuer Harman. Difficile en un sens non ?
Kaede Smith, seule nana de l’équipe. Grâce à elle vous pourrez voir l’invisible : en effet, elle s’ouvre les veines pour que le sang rende visible les objets cachés. Gore. Adepte du sniper, utile pour quelques boss.
Con Smith, le plus jeune. Aveugle de naissance, il est doté d’une ouïe sur-développée, d’une petite taille qui lui permet de se faufiler partout, ainsi que d’une rage meurtrière qu’il ne vaut mieux pas avoir contre soi.
Coyote Smith, sud-américain et voleur de profession, aucun cadenas ne lui résiste. Les toits et rebords trop hauts ne font pas partie de son vocabulaire.
Kevin Smith, albinos et sans arme à feu. Maniaque des couteaux donc, il ne parle peu ou pas, craint la lumière et sa discrétion est hors paire.
Mask de Smith, soi-disant ancien catcheur professionnel. Résistance à la douleur et aux balles fulgurante, ainsi qu’une puissance de feu sans égale.

Après ce joli programme, on peut donc s’adonner au scénario du jeu lui-même : de la géopolitique condensée avec quelques magouilles dans l’ombre. Ah ben oui, vous êtes des tueurs, donc vous bossez un peu dans l’ombre. Ce qui ressort du début du jeu (je vais pas vous raconter la vie aussi), c’est un groooos complot contre le Japon, qui après plus d’une cinquantaine d’année gouvernée par le Parti Libéral Démocrate (depuis la Seconde Guerre Mondiale pour ceux qui ne savent pas), est passé entre les mains du Parti de l’ONU, créé après la destruction des armes nucléaires de tous les pays. Un message d’espoir, et le début de la paix mondiale. Mais comme vous pouvez vous en douter, la paix ça n’arrange pas tout le monde, et surtout pas les plus puissants. Entre assassinat de personnes haut placées et autres crimes de grande envergure, les temps de repos ne seront que très court dans le mobil home de Garcian. Oh et puis, c’est pas comme si vous creviez de faim ^^.

Durée de vie

Étrangement, si talentueux et plein de ressources qu’est Capcom, leurs jeux font très souvent 15 ou 20 heures de long. C’est relativement honorable, bien qu’en tant que grand nostalgique de l’époque N64/60 heures par jeu je trouve ça limite. Tout comme RE4, les deux disques qui composent l’aventure seront pliés en moins de 20 heures de moyenne. Si comme certains vous êtes largués en matière de jeux d’action il faudra compter plus, ou si vous avez ça dans le sang ou bien dans votre soluce, il faudra compter moins. Enfin je vous apprends rien, c’est comme ça pour toi huhu ^^.

Le jeu est donc découpé en missions, parfois elle-même redécoupées en parties, mais pas plus de 2. Une demi-douzaine de missions parfois morcelés, il doit y avoir quelque chose comme une dizaine de niveau à compléter, chacun étant différent et inspiré. Si en plus vous êtes relativement mou du bulbe, vous arriverez à trouver ça trop, carrément impossible à finir. Ouais mais pour en arriver à ce genre d’idées, faut être complètement atteint. Killer Seven n’est pas long, mais n’est pas non plus trop long. On ne s’en lasse pas et la fin arrive à point. Bien construit, point.

Côté difficulté, le soft vous donnera quand même du fil à retordre. Outre les énigmes parfois un peu tordues, on se retrouve pas mal de fois à bloquer devant une horde de Smiles, ou bien tout simplement à chercher par où faut aller. Assez rapidement frustrantes mais pas si hors d’atteinte que ça, les subtilités du jeu contribuent grandement à son charme. Si on devait résumer cette partie en deux mots (comment ça c’est pas un commentaire composé ?), ça serait tout bonnement : bien dosé.

Non pour une fois j’ai pas été radin sur les éloges, et c’est peut-être le premier jeu que j’achète cette année qui me donne envie de croire que je vais continuer à jouer encore quelques dizaines d’années, et pas m’arrêter d’ici mon bac comme le font beaucoup de djeunz. Merci Capcom pour cette ambiance de dingue, ça réchauffe le cœur.

En bref…

Graphismes : 18/20
Loin des Resident Evil 4 et autre Metroid Prime, on peut tout de même constater que l’esthétique à tout un charme. Après c’est à vous de voir si vous y êtes réceptif ou pas, mais impossible de dire que le jeu est moche, loin de là.

Gameplay : 14/20
Limité certes mais ultra jouissif. Les déplacements sur les rails sont toutefois bien pensés, les phases de shoot sont toniques, à la limite de l’arcade. Simple et plaisant, ni plus ni moins.

Durée de vie : 15/20
Honnête. Une quinzaine d’heures pour les plus chevronnés, une difficulté bien dosée, mais un replay-value quasi inexistant. Snif, ils vont nous manquer la bande à Harman…

Musiques et sons : 18/20
A la limite du minimalisme et du poétique, la bande sonore de Killer Seven s’inscrit dans le cadre de celle qu’on écoute pour se reposer les oreilles. Les voix quant à elles sont impressionnantes de qualité. Frissonnant.

Scénario : 19/20
Géopolitique, complots et consort passés au mixeur, ça donne un scénario prenant, original et limite terrifiant. De quoi ouvrir les yeux de certains disciples du capitalisme, et également briser les rêves de quelques révolutionnaires. Le juste milieu en somme.

Note Finale : 19,5/20
J’me lâche. Killer Seven est tout simplement le meilleur jeu de la GameCube, juste derrière l’inégalable Metroid Prime. Un développement prolongé et chaotique n’aura pas réussi à briser l’aura qui se dégage du titre. A première vue sans charme et poussif, le jeu se révèle être une bombe ultra concentrée de politiquement incorrect et une petite révolution dans le monde du jeu vidéo. Le soft ouvre des nouvelles voies au genre Action qui je l’espère seront reprises dans les prochaines productions Capcom, voire même par d’autres tiers. C’est tout simplement l’ovni vidéoludique qu’on nous annonçait, sans déception, sans contradiction et surtout sans modération. Resident Evil 4 nous emmène dans un pays magique à côté de … ça. Et le plus effrayant reste quand on se rend compte qu’on parle quand même d’un futur possible de notre société. Pas probable, simplement possible. Juste assez pour jouer, juste assez pour rêver, mais juste assez pour y penser. Et maintenant on a le droit de demander une suite ?

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