Nous mettons nos archives à disposition mais la mise en page n’est pas encore corrigée

Tests : NESGBSNESN64GBANGCDSWii3DSWii U

Wonder Boy : The Dragon’s Trap

Le

par

À l’heure où la guéguerre Sega/Nintendo a rejoint les livres d’histoire, bien peu de personnes s’émeuvent de voir sortir aujourd’hui la réédition de l’un des symboles de la Master System sur la dernière console de Nintendo. Et si les témoignages de poilus surdécorés sont toujours intéressants, bien peu d’hommages peuvent se targuer d’être aussi réussis que ce Wonder Boy III remanié par les équipes de Lizardcube.

Avant-propos : Si la Master System fut ma première console, je n’ai jamais possédé Wonder Boy III (ni aucun autre épisode d’ailleurs). Mon premier contact s’est fait avec ce remake et, dans les lignes qui vont suivre, le jeu est analysé sans nostalgie aucune avec le regard froid d’une personne découvrant le jeu en 2017. S’il s’agit d’un des jeux cultes de votre enfance, j’imagine que le ressenti n’a probablement rien à voir avec le mien. Allez, on y va !

Wonder quoi ?

Wonder Boy ! Non ? Personne ? Ok, quelques lignes pour replacer le contexte.

Wonder Boy est une série de jeu développée par Westone et éditée par Sega. Initialement prévu pour l’arcade, le premier épisode est un jeu de plate-forme linéaire classique, mais la formule changera dès le deuxième avec l’apparition d’une touche RPG via l’ajout d’argent et de capacités à acquérir. À partir du troisième, la série prendra la forme qui l’a rendue célèbre : un mélange entre jeu de plate-forme, RPG et Metroid.


Wonder Boy est aussi connu pour le côté absolument illisible de la série. Préparez l’aspirine, c’est parti ! Wonder Boy est donc sorti d’abord en Arcade sur systèmes Sega puis sur Master System. Sauf que les développeurs ont bien négocié leur contrat : Sega a les droits sur les personnages et l’univers mais Westone a conservé les droits sur le jeu. Les développeurs vont donc toquer à la porte d’Hudson et le jeu sort à l’identique sur PC Engine avec d’autres sprites sous le nom d’Adventure Island. Wonder boy II suivra le même chemin… en pire. Cette fois, le jeu s’appellera Saiyuki World et sortira sur Famicom avec les traits d’un roman japonais. Il sortira aussi avec des sprites issus de l’anime Bikkuriman sur PC Engine sous le nom Bikkuriman World et même dans une version exclusive au Brésil sur Master System avec des personnages issus de la célébrissime BD Turma da Mônica.

Là où ça se complexifie, c’est que des séries vont naître de certains de ces clones ! Adventure Island va avoir plusieurs suites développées chez Hudson avec un gameplay qui s’inspire des premiers Wonder Boy. Et ce qui est cocasse, c’est que c’est Nintendo qui se chargera d’éditer ces suites issues d’un clone d’un jeu Sega. Dans la même veine, Saiyuki World aura une suite.

Je reste succinct et m’arrête là mais on pourrait aisément en écrire un livre… Sachez juste en vrac qu’il y aura deux Wonder Boy III et que le 6ème épisode s’appelle Monster World IV sans mention de Wonder Boy puisqu’on y contrôle… une femme.

Wonder Boy 3.2 Final Chapter Prologue

Celui qui nous intéresse aujourd’hui est le remake du deuxième Wonder Boy III, Wonder Boy III : The Dragon’s trap. Il s’agit du premier jeu de la licence à sortir exclusivement sur Master System. Il aura évidemment droit à sa version clonée sur PC Engine qui porte le nom d’Adventure Island au Japon (oui, oui exactement le même nom que le clone du premier Wonder Boy mais on est plus à ça près, si ?) et de Dragon’s Curse en Occident.

Mais rentrons un peu plus dans le détail. Dès les premières secondes du jeu, Wonder Boy (ou Wonder Girl dans ce remake) est transformé en dragon par l’infâme Vampire Dragon. Le but du jeu va être de parcourir le monde pour se défaire de ce vil margoulin afin de retrouver sa forme humaine. Au cours de son aventure, le pauvre Wonder Boy va être transformé en plusieurs créatures au gré des ennemis vaincus lui apportant à chaque fois de nouvelles compétences lui permettant de progresser.

Adventure Island, suite de la suite d’Adventure Island et clone du deuxième Wonder Boy III

Wonderful

Réédition, remake… On a bien du mal à définir le boulot abattu par les parisiens de Lizardcube. Peut-être que le terme le plus approprié serait « restauration » tant le résultat obtenu est respectueux à l’extrême du matériau de base. Tout le gameplay est restitué tel quel et seul l’habillage a été revu. Et quelle revisite ! C’est vraiment ce qui surprend le plus lorsque l’on lance ce Wonder Boy III édition 2017 : le rendu 2D avec des éléments crayonnés est tout simplement magnifique.


La fidélité à toute épreuve permet de basculer des graphismes originaux aux graphismes revisités d’une simple pression de touche ce qui permet encore plus de se rendre compte de l’ampleur de la tâche. Le jeu avait beau être techniquement à la pointe sur Master System, les graphismes originaux, que ce soit dans les décors ou les animations des héros, le rendent difficile à pratiquer aujourd’hui. C’est cette fidélité qui me fait préférer le terme de restauration car si la forme a évolué, le fond et notamment le feeling du gameplay est resté strictement identique. Les développeurs ont même décompilé le code du jeu original pour retranscrire à l’identique le « feeling » d’antan (pour la petite anecdote, le décompilateur est mentionné dans les crédits !).

Wonderbra

Ne vous laissez donc pas berner par l’habillage, ce Wonder Boy est un jeu de 1989 ! Et c’est à la fois ce qui le dessert et le rend fascinant.

Ça le rend fascinant tant on est surpris de voir un jeu si visionnaire ! Toute la structure et les mécaniques qui régissent le jeu sont étonnamment actuelles. The Dragon’s Trap est bâti en étoile : tous les chemins partent du village central pour aller dans les différents environnements. Là où le jeu surprend c’est que tous les environnements sont liés entre eux et forment un tout un peu à la manière de Metroid. Comme Metroid encore, il faudra acquérir de nouvelles compétences pour accéder à d’autres lieux ou même revenir dans des zones déjà visitées pour découvrir des secrets. À la façon d’un Megaman, chaque environnement est une sorte de « niveaux » avec ennemis à abattre, plate-formes et boss à la clé. Enfin, tout comme dans un RPG notre héros va récolter de l’argent qui lui permettra d’améliorer son équipement. L’imbrication de ces éléments dans ce monde fonctionne vraiment très bien tant le jeu était bien conçu pour son époque et l’absence d’explications sur le système de jeu permet de découvrir par soi-même certains éléments. On se surprendra à trouver certaines choses réellement bien vues près de 30 ans plus tard alors que l’immense majorité des jeux de cette époque est tout bonnement injouable.

Ça le dessert car on peste sur certains aspects de game design de l’époque. Par exemple, la moindre mort même au niveau du boss d’un environnement vous ramènera instantanément au village central. Frustrant. Plus globalement, les niveaux sont une simple suite de couloirs avec peu d’ennemis différents qui ont tendance à être répétés ad nauseam… Si on lui ôte sa structure « ouverte » et cohérente, en tant que jeu de plate-formes/action pur, il ne tient pas la comparaison longtemps avec les Mega Man de la même époque. Ceci est d’autant plus vrai que les sauts sont beaucoup moins précis que dans la série de Capcom même si ça reste encore jouable aujourd’hui.

J’aime :

  • L’aspect crayonné magnifique
  • La cohérence du monde
  • Une structure étonnamment moderne
  • Le jeu de 1989 sans modifications autres que la forme

J’aime pas :

  • Ça a sacrément vieilli
  • Les niveaux monotones
  • Le retour au village à chaque mort
  • Le jeu de 1989 sans modifications autres que la forme

Ce Wonder Boy : The Dragon’s Trap est une vraie bénédiction pour les joueurs curieux qui pourront, grâce à l’immense travail de restauration, découvrir le fond du jeu tout en ayant une forme très agréable et respectueuse. Car après l’avoir fait je peux l’affirmer : The Dragon’s Trap a été un jeu majeur de 1989 et je comprends dorénavant parfaitement les gens qui l’ont élevé au rang de jeu culte. Attention cependant ! Le jeu a assez violemment vieilli notamment dans la construction des niveaux en eux-mêmes qui ne sont pas des plus palpitants (avec en plus un challenge d’époque). À ne pas mettre entre toutes les mains, car pris comme un jeu actuel, certains pourraient être très déçus. Mais pris comme une visite de musée interactive, c’est une belle découverte pour les passionnés de jeu vidéo et de son histoire.

Voir aussi :

, ,