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Utopiales 2014

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Tout le monde ici connait les énormes salons mondiaux de jeux vidéo se déroulant chaque année, comme l’E3, le Tokyo Game Show, la gamescom, la BlizzCon, ou au niveau français, la Japan Expo ou encore le Paris Games Week pour ne citer que les plus gros. Mais voilà, la taille ne fait pas tout et bien souvent, après avoir fait des gros festivals plusieurs fois d’affilée pendant des années, le calme d’une convention plus posée est très appréciable. C’est là que débarquent des salons plus petits, mais pas moins intéressant, loin de là, comme les Utopiales.

Les Utopiales, une référence depuis l’an 2000

Je suis donc revenu aux Utopiales édition 2014, après avoir arpenté les lieux de la Cité des Congrès de Nantes en 2011 et 2012. Une petite description s’impose, puisqu’il ne s’agit pas d’un festival tournant autour du jeu vidéo, mais plutôt de la science-fiction, dont l’ambition affichée est d’ouvrir au plus grand nombre et de faire découvrir de manière très qualitative le monde de la prospective, des technologies nouvelles et de l’imaginaire.

Avec ses 14 ans d’expérience, un peu plus de 1 500 auteurs, dessinateurs et chercheurs invités, 400 films projetés, et près de 130 expositions et installations artistiques programmées, ce festival nantais fait maintenant figure d’événement incontournable du genre en Europe et outre-Atlantique. Quant à la fréquentation, les chiffres parle d’eux-mêmes : 38 000 entrées en 2006, pour arriver à 60 000 l’année dernière, et certainement un peu plus cette année. Une augmentation constante donc, mais pas non plus totalement démesurée. Les allées ne sont pas complètement blindées comme dans certains salons, les conférences offrent pas mal de places assises (sur deux scènes) et le festival en lui-même est assez segmenté, puisqu’il propose tout de même pas mal de catégories : littérature, sciences, cinéma, BD, exposition, pôle asiatique, jeux vidéo, pôle ludique, jeux de rôle, etc., et le bar de Mme Spock, qui permet de se poser tranquillement.

Pourquoi NintenDomaine s’y est rendu ? Eh bien pas seulement pour le tout petit pôle jeux vidéo (j’y reviendrais tout à l’heure), mais plutôt pour ce couple qui dure depuis des dizaines d’années : la science-fiction et le jeu vidéo. Il n’y a qu’à regarder les premiers titres arcade, ou les meilleures ventes actuelles, pour se rendre compte que ces deux genres ont toujours su avancer ensemble et rassembler un public éclectique.

Intelligence(s), le thème de l’édition 2014

Cette année, du jeudi 28 octobre au dimanche 2 novembre, les Utopiales ont proposé du lourd au niveau du thème, qui par contre, n’est pas forcément ce qui se fait de mieux dans le jeu vidéo : Intelligence(s). Avec un « (s) » à la fin, puisque celle-ci a été déclinée comme suit : intelligences terriennes, intelligences artificielles, intelligences extraterrestres et cerveau humain. Autant dire que certaines conférences étaient d’un niveau plutôt « haut perché », mais toujours passionnantes à souhait.

Et le public a été servi, avec près de 200 invités, écrivains, scientifiques, chercheurs, dessinateurs, scénaristes, illustrateurs et autres réalisateurs, de neuf nationalités différentes ! Pas moins de 110 conférences, débats, rencontres, sans compter les 9 expositions, 6 cours du soir, 49 séances de cinéma, 3 soirées à la Cité et 1 soirée au Lieu Unique, 1 exposition au Lieu Unique, 1 programme dédié aux classes (le 1er novembre) et 1 programme jeunesse. De mémoire, il y a très peu de festivals proposant autant de conférences…

Chris Foss, l’invité d’honneur

Pour ceux qui ne connaissent pas le monsieur, il faut savoir que Chris Foss est un artiste et illustrateur de science-fiction britannique (son site), et on pourrait dire qu’il est un peu le Myiamoto de la science-fiction. Si notre Shigi a créé Mario, Zelda, Donkey Kong et compagnie, Chris Foss a quant à lui bossé avec Stanley Kubrick (A.I. Intelligence Artificielle), Ridley Scott (Alien), Alejandro Jodorowsky (Dune), James Gunn (Guardians of the Galaxy, récemment sorti en salles), sur la conception de tout ce qui est images de la technologie du futur, vaisseaux et autres véhicules, mais il a aussi fait les illustrations des couvertures du Cycle de Fondation d’Isaac Asimov, qui est encore aujourd’hui considéré par certains comme la meilleure série de science-fiction / fantasy de tous les temps.

Du coup, illustrateur oblige, une exposition lui était consacrée, exposant quelques unes de ses œuvres. On a pu y admirer des vaisseaux spatiaux, des vestiges architecturaux, mais aussi des trucs un peu spéciaux avec des femmes nues dans l’espace. Ah bah oui, on fait pas non plus un manuel de sexe, The Joy of Sex, sans être un peu porté sur la question.

Alexandre Astier, l’Exoconférence et son talent

Qui ne connait pas Alexandre Astier, monsieur « je fais tout tout seul et en plus je le fais avec talent » ?

Non mais sérieusement : acteur, compositeur, réalisateur, monteur, scénariste, humoriste et écrivain, le tout avec classe. Peu de personnes arrivent à son niveau, et après la meilleure série TV française de l’histoire, Kaamelott, puis tout un tas de choses dont « Que ma joie demeure ! » (que je conseille à tous les amoureux de musique classique), Alexandre Astier est venu en beauté pour présenter l’Exoconférence (mise en scène par Jean-Christophe Hembert) dans le Grand Auditorium de la Cité, le Centre des Congrès de Nantes.

Présente pour deux représentations sur scène les mercredi 27 et jeudi 28 octobre, et donc pour donner le coup d’envoi de cette 15ème édition des Utopiales, cette pièce met en scène un astrophysicien donnant une conférence dans le but de régler la question de la vie extraterrestre. Un spectacle à ne rater sous aucun prétexte, tellement c’est drôle, intelligent et très bien écrit. Et je peux vous dire que ça vaut largement plus le coup que de faire 3h de queue pour tester une démo de Far Cry 4.


Et le jeu vidéo dans tout ça ?

Oui, et le jeu vidéo ? Non parce que bon, c’est bien mignon la science-fiction, mais si en plus on peut tâter du gamepad, c’est encore mieux. Eh bien je me dois d’être direct : c’était franchement moyen, voire à côté de la plaque.

Dans un premier temps, une Game Jam (par ici) a été organisée. Mais la chose ne s’étant pas déroulée au même lieu que le festival, l’impact n’a pas été très… percutant justement. Pourtant, la conception d’un jeu vidéo en 48h est passionnante et démontre que ce secteur peut-être tout aussi créatif qu’un autre. Malheureusement, la faible mise en avant de ce défi durant le festival n’a certainement pas marqué le public.

A côté de cela, une table ronde sur la production de jeux vidéo indépendants (ici) est revenue sur le côté un peu à la mode de la scène indépendante depuis quelques années, qui se pose comme une très bonne alternative aux blockbusters sur-marketés. Mais voilà, comment produit-on ses jeux ? Avec quels moyens ? Quels sont les avantages et les difficultés qu’implique la production indépendante dans l’industrie du jeu vidéo ? Tout un tas de questions, en compagnie des studios des studios Alkemi, Amplitude et Mzone (c’est des trucs du coin) ont été posées. Manque de bol, sur la scène opposée, le jeudi à 15h, se tenait une autre conférence, à savoir « Rencontre avec Alexandre Astier », avec en modérateur, Roland Lehoucq, le président des Utopiales. Autant le dire tout de suite : nous y étions tous.

Quant au pôle jeux vidéo, il criait presque famine. Même si le studio Nantais Alkemi Games y présentait la version bêta de Drifting Lands, un shoot’em up qui a de la gueule et qui montre sa petite tête sur Steam. Et ce ne sont pas les deux TV cathodique avec des GameCube faisant tourner Super Smash Bros. Melee pour des matchs à trois joueurs qui ont attiré la foule. Du rétro, ok, mais non, pas de cette façon. Il faut que ça soit bien présent et, manque de bol, la présentation était absente. Dommage.

Une situation un peu énervante, surtout lorsque l’on sait tout le potentiel de la science-fiction dans le jeu vidéo. Cette partie était donc totalement à la ramasse aux Utopiales, mais qui sait, l’année prochaine, peut-être que ce pôle aura vraiment de la gueule et qu’une association présentera de bonnes idées !

Le reste du festival

Forcément, avec tout un tas de catégories comme la littérature, les sciences, le cinéma, les BD, la culture asiatique, les jeux vidéo, les jeux de rôle, et j’en passe, il y a autre chose que des conférences. Du coup, le festival se compose de plusieurs petits pôles. On trouve évidemment facilement les deux grandes scènes, ainsi que les expositions en arrivant sur les lieux. Le bar de Mme Spock se trouvait à l’étage, avec une vue plutôt cool sur la grande scène. Mais les Utopiales cachent aussi quelques trésors de guerre comme des salles de cinéma avec des compétitions et divers prix (voici ici), mais aussi la projection de films vraiment cool comme Alien, Wall-e ou encore l’excellentissime documentaire Marvel Renaissance en compagnie de Philippe Guedj et Philippe Roure.

Longeant les deux scènes, les Librairies Complices de Nantes présentent le Salon du Livre et de la BD avec plus de 25 000 ouvrages représentant toutes les maisons d’éditions, ce qui en fait, le temps de 5 jours, la plus grande librairie de SF du monde. Eh oui, rien que ça ! Et je peux vous dire qu’on a juste envie de tout acheter. Du coup, j’ai craqué. Forcément.

Sans oublier le pôle ludique, qui se résume plutôt à un énorme pôle de jeux de plateau. Bonne ambiance, beaucoup de jeux, pas mal de monde, bref, de quoi passer une très bonne journée juste en jouant. Enfin, un petit mot pour le pôle asiatique, qui se résume à, comme d’habitude dans les festivals, du cosplay. Mouais…

Enfin, je terminerais sur Roméo, de la société Aldebaran Robotics. Ça ne vous parle pas ? Pourtant, je suis quasiment certain que vous connaissez le robot tout meugnon, Nao. Ou peut-être Pepper, un robo qui accueille les visiteurs dans leurs points de vente SoftBank Mobile au Japon. Et bien là, l’un des représentant de la société a présenté Roméo, pour la troisième fois en France. Très humble, il a prévenu tout le monde qu’il ne fallait pas s’attendre à un robot comme dans Terminator, mais comme un début de ce que pourrait être les robots domestiques de demain. En effet, Roméo est un robot humanoïde de 140 cm est destiné à approfondir les recherches sur l’assistance aux personnes âgées ou en perte d’autonomie. Un très beau projet qui date déjà de 2009, et un robot très impressionnant.

Tout simplement un festival comme j’aimerais en voir plus souvent. Ras le bol des conventions qui nous donnent envie de venir, mais qui au final, n’apporte que rarement la qualité que l’on recherche tout en nous offrant des lumières, du bruit et du déjà-vu. Les Utopiales font partie des festivals avec lesquels on se sent un peu plus intelligent une fois rentré à la maison. Certaines conférences m’ont donné envie de me documenter, d’autres d’acheter certains livres, et l’Exoconférence d’Alexandre Astier m’a tout simplement donné envie de m’offrir un télescope. Un véritable bonheur et un vrai bol d’air dans cette masse de festivals qui jouent un peu à qui a la plus grande…